Bientôt des voitures sans conducteur

- Volvo, Volkswagen, Audi, Renault, Peugeot, Citroën s'apprêtent à imiter les Google Cars sans chauffeur.
- La voiture sans pilote pourrait diminuer le nombre d'accidents mortels sur la route.
- L'EPFL a développé une interface homme-machine permettant d'anticiper les intentions du conducteur.

  • Lâchez le volant et détendez-vous! Votre voiture s'occupe de tout... ou presque!

    Lâchez le volant et détendez-vous! Votre voiture s'occupe de tout... ou presque!

«A l'origine de la plupart des décès sur la route, il y a une erreur humaine. Mais la voiture sans pilote peut sauver des vies», soutient le chercheur allemand Sébastien Thrun. Ce génie de la robotique a inventé une manière de conduire plus sûre avec la Google Car automatisée. Directeur du Laboratoire d'intelligence artificielle de l'Université de Stanford près de San Francisco, il a doté d'un pilote automatique des Toyota Prius et des Audi qu'il a fait rouler sans chauffeur durant 480'000 kilomètres. Le bilan du test? Un seul accident lorsque l'ordinateur était désactivé.

Le pilote d'embouteillage
Google prévoit donc de commercialiser son invention d'ici à cinq ans. Mais il n'est pas seul sur les rangs. Le pilotage automatique constitue aujourd'hui une tendance lourde du secteur automobile. «Certains passionnés se plaidront sans doute d'une perte de liberté et du plaisir de conduire, confie Alain Bonelli, président de la section genevoise de l'UPSA ( Union professionnelle suisse de l'automobile). Mais c'est le futur pour des raisons de sécurité, d'écologie et d'engorgement des routes.» A noter qu'en Suisse, le pilotage automatique est interdit (lire ci-dessous).

L'industrie met en œuvre une stratégie globale dans laquelle divers fabricants se concentrent chacun sur un aspect particulier de la conduite sans chauffeur. D'ailleurs, dès 2014, le constructeur suédois Volvo entend lancer un dispositif de pilotage automatique qui va gérer la conduite dans les embouteillages. Il suffira d'appuyer sur un bouton et la voiture suivra le véhicule la précédant jusqu'à une vitesse de 50 km/h. L'automobile évitera les obstacles et réduira la consommation de carburant grâce à deux nouveaux systèmes qui combinent des caméras et des capteurs radars. A noter que le conducteur pourra reprendre la main à tout moment. De son côté, Audi a développé un système semblable allant jusqu'à 60 km/h.

Le pilote d'autoroute
Egalement à l'affût de prouesses technologiques, Volkswagen a dévoilé le Temporary Auto Pilot (TAP), un système qui permet au véhicule de rouler de manière autonome jusqu'à 130 km/h. Déjà testé avec succès sur une Passat, ce système d'intelligence artificielle peut maintenir une distance de sécurité avec les autres véhicules, adapter sa vitesse en conséquence et pallier toute erreur de conduite due à l'inattention et à la fatigue.Le pilote de parkingEn France, Renault, qui projette de commercialiser des voitures automatisées dès 2015, développe avec PSA Peugeot Citroën un système de parcage automatisé du véhicule dans les parkings, des lieux où se produisent de nombreux accidents. Grâce à des capteurs à ultrasons, la voiture pourra se garer toute seule. Comme l'explique un expert, le challenge de la «délégation de conduite», c'est d'atteindre un niveau de fiabilité comparable à l'aérien ou au ferroviaire mais au coût de l'automobile, donc très abordable. Même équipée de plusieurs pilotes intelligents se partageant les tâches selon les conditions de conduite, la voiture de demain ne peut pas encore garantir de mettre fin aux accidents. Le pilote automatique a certes des avantages: il ne boit pas, ne se drogue pas, ne connaît ni distraction, ni état d'âme. En plus, il respecte le code de la route et les vitesses autorisées durant des heures sans se fatiguer. Mais l'ordinateur de bord a un point faible: il a des difficultés à gérer l'imprévisible. Pour surmonter cet obstacle, les fabricants pourraient introduire l'automation par étapes. Ce qui permettrait au système intelligent d'accumuler des heures de route et de tirer des enseignements de nombreuses expériences différentes.

Le pilote de rallyes
Très en avance dans ce domaine, Audi travaille sur le freinage automatique d'urgence, un régulateur de vitesse, un assistant de trajectoire et un système stop and start, ainsi que des feux de brouillard laser. L'Allemand a déjà testé une voiture de sport 100% automatisée sur un circuit de rallye, beaucoup moins rectiligne qu'une autoroute. Le robot affiche 27 minutes là où l'homme conclut en 17 minutes. Plus que respectable, ce type de performance annonce une révolution qui touchera aussi les malvoyants, les malades, les enfants et tous ceux qui n'ont jamais obtenu leurs permis conduire.

Le pilotage automatique interdit en Suisse

GM • Aux Etats-Unis, plusieurs Etats admettent la conduite sans chauffeur, à l'image de la Californie qui vient d'autoriser les véhicules autonomes. En fait, chaque Etat américain a son propre code de la route qu'il peut modifier à sa guise. En Europe, ce n'est pas le cas. En Suisse non plus. «Aucun système de pilotage automatique ne peut rouler sur les routes suisses, confie Guido Bielmann, porte-parole de l'Office fédéral des routes, à Berne. Car la loi sur la circulation routière interdit les voitures sans conducteur.» Pour légitimer une voiture sans chauffeur en Suisse, il faut d'abord modifier la Convention de Vienne sur la signalisation routière, signée en 1968 sous l'égide de l'ONU. La Confédération pourrait dès lors adapter la réglementation et déterminer les responsabilités pénales et civiles en cas d'accident. Selon Guido Bielmann, il n'est pas certain que ce processus législatif aboutisse rapidement.