Bistrots et restaurants: votre hygiène fout le camp

  • Plus de 25% des aliments analysés par l’Etat en 2017 dans un millier de restaurants sont dégradés.
  • Boulangers, bouchers et épiciers ont aussi été épinglés, mais pour des problèmes d’hygiène.
  • Les fauteurs sont amendés ou sommés de suivre des cours de formation. Dossier.

  • L’huile de friture dégradée, voire parfois impropre à la consommation, dans beaucoup  de bistrots et restaurants du canton. PHOTOS C.BATTAGLIERO /DR

    L’huile de friture dégradée, voire parfois impropre à la consommation, dans beaucoup de bistrots et restaurants du canton. PHOTOS C.BATTAGLIERO /DR

«Nous voyons des problèmes liés à la manipulation de denrées et une hygiène des mains insuffisantes»

Patrick Edder, chimiste cantonal

Le verdict est tombé. Un échantillon d’aliments sur quatre prélevés dans 1070 restaurants à Genève est douteux! Ces produits, comme notamment le riz réutilisé plusieurs fois, sont jugés dégradés par le Service de la consommation et des affaires vétérinaires (SCAV), voire pire, impropres à la consommation parce qu’ils sont bourrés de bactéries!

Inspections tous azimuts

Cette constatation émane d’un travail de fourmis réalisé en 2017 par l’inspectorat des denrées alimentaires du SCAV. But? vérifier que tous les établissements du canton proposant de la nourriture respectent les critères de la Loi fédérale sur les denrées alimentaires (LDAl) dont la nouvelle mouture est entrée en vigueur le 1er mai 2017.

Ainsi, les cuisines, frigos et armoires d’un tiers des établissements publics du canton (bistrots, boulangeries, boucheries, traiteurs, take away, épiceries, grandes surfaces, mais aussi des cantines scolaires, EMS, crèches, cafétérias d’hôpitaux) ont été auscultés de très près par le service du chimiste cantonal.

Qu’est-ce qui cloche?

«Sur 2800 contrôles, tous établissements confondus, il s’avère que 741 établissements publics ne respectent pas les critères de propreté et salubrité des cuisines et des laboratoires de production, déplore Patrick Edder, chimiste cantonal. Nous constatons trop de méconnaissances dans le domaine de l’hygiène mais aussi du laxisme dans les autocontrôles de ces établissements. Par exemple, nous voyons des problèmes liés à la manipulation de denrées et une hygiène des mains insuffisantes, ainsi que des mauvaises gestions de la chaîne du froid et du chaud.»

Sanctions

«Parmi les établissements publics contrôlés, 309 ont été sanctionnés par des amendes et 432 rappelés à l’ordre, principalement pour différents types de manquements liés à l’hygiène et aux autocontrôles, répertorie Patrick Edder. Dans tous les cas des mesures ont été exigées de manière à rétablir la situation et 19 fermetures provisoires de cuisines ont été ordonnées.» Enfin, le chimiste cantonal annonce aussi que 46 responsables, dont certains récidivistes, ont été sommés de suivre des cours de formation pour améliorer l’hygiène et l’autocontrôle de leur établissement.

Le SCAV poursuivra bien évidemment ses contrôles en 2018, car la nouvelle législation lui impose désormais de visiter chaque établissement au minimum tous les deux ans. «Hélas, force est de constater que ces inspections minutieuses montrent que l’hygiène laisse à désirer dans un tiers des établissements publics inspectés», regrette le chimiste cantonal qui précise: «Néanmoins, selon les critères du SCAV, près de 90% des établissements contrôlés présentaient un risque faible pour les consommateurs.» Ouf!

Des contrôles réguliers

Le Service de la consommation et des affaires vétérinaires (SCAV) multiplie ses inspections pour vérifier que les établissements publics du canton montrent patte blanche dans divers domaines: contrôles réguliers devant être mis en place par l’entreprise elle-même (autocontrôle); propreté des locaux et des équipements; manipulation et stockage des marchandises; et conformité des produits proposés. «Nous vérifions si les aliments ne sont pas contaminés par des bactéries susceptibles de rendre les gens malades au moyen d’analyses en laboratoire ou encore s’il n’y a pas tromperie sur le produit ou de fausses allégations, détaille le chimiste cantonal Patrick Edder. Nous inspectons aussi la provenance des marchandises, les espèces animales, les appellations d’origines contrôlées, comme le parmesan ou le jambon de Parme, les dates de péremption.»