Brouillage des natels: couac à Champ-Dollon

- Un détenu sur quatre utiliserait un téléphone portable à la prison préventive, alors qu'ils sont strictement interdits.

- Le brouillage des natels prévu pour le début de l'année n'entrera en vigueur que cet été en raison de grosses difficultés techniques.

- Le Procureur général estime que l'usage des portables augmente le risque de collusion. Les avocats pensent eux que trop peu de détenus peuvent avoir accès à un simple téléphone.

  • Trop de téléphones portables rentrent dans la prison de Champ-Dollon…

Alors que les portables sont strictement interdits, un détenu sur quatre en utiliserait un à la prison préventive de Champ-Dollon! Afin de remédier à cette problématique, un brouilleur – appelé perturbateur – devait entrer en fonction au début de l'année dans l'aile Est de Champ-Dollon, permettant de mettre hors d'utilisation les natels rentrés illicitement. Début mai, l'installation n'est toujours pas opérationnelle…

Couac

«Nous avons en effet rencontré des problèmes techniques», reconnaît Jean-Pierre Bissat, adjoint de direction à l'Office pénitentiaire. Pour des questions sécuritaires, il ne souhaite pas détailler le problème. «Tout ce que je peux vous dire, c'est que les prestataires de services concernés par ces installations planchent actuellement pour remédier à ce couac.» De son côté, la direction de Champ-Dollon se veut rassurante. Elle espère que d'ici quelques semaines, voire un mois ou plus, les détenus ne pourront définitivement plus téléphoner depuis leurs cellules.

Pas d'aujourd'hui

L'idée d'installer un système de brouillage ne date pas d'aujourd'hui. Il y a cinq ans, sous l'ère du socialiste Laurent Moutinot, le projet n'avait pas passé la rampe. Pourquoi? Parce qu'à l'époque le système proposé aurait brouillé aussi les portables des habitants de Puplinge, riverains de la prison. Le Département de la sécurité a en fait profité de l'inauguration, en septembre dernier de Cento Rapido, les cent nouvelles places de détention de la prison préventive, pour installer ce système de brouillage. «Cette opération coûte 370'000 francs», relève Nicole Bovard Briki, porte-parole du Département des constructions (DCTI). Dans un premier temps, en septembre dernier, on articulait pourtant la somme de 200'000 francs…

Comment ça marche?

Le système prévu à Champ-Dollon a été étudié pour museler les communications. Plus précisément pour empêcher les détenus d'établir toutes communications téléphoniques. La nouvelle génération de brouilleurs réfléchis pour les milieux carcéraux prévoit qu'ils se mettent en alerte dès qu'une onde de téléphonie sans fil est détectée. Le système consiste à brouiller le signal de téléphonie mobile (GSM/UMTS) par un autre signal diffusé par des émetteurs rendant ainsi toutes communications impossibles.

Quinze saisies en 2011

A Champ-Dollon rappelons-le, les portables rentrent hélas comme des petits pains. «L'année dernière, nous avons saisi quinze portables», reconnaît le directeur Constantin Franziskakis. «Avec les nouvelles technologies, les portables entrent chez nous en pièces détachées, poursuit-il. Malheureusement, la plupart de ces matériaux ne sont pas détectables. Nous avons aussi des natels qui sont lancés par-dessus le grillage.» Le directeur relève que des fouilles sont organisées ponctuellement. En octobre dernier, une dizaine d'appareils dont un smartphone de dernière génération a encore été retrouvée après une opération de fouille. «Il existe également un trafic de pièces de natels à l'intérieur de la prison», confie un avocat. Il n'y a plus qu'à espérer maintenant que le système de brouillage perturbe rapidement les habitudes des détenus. Certains les utilisent même pour gérer des trafics de drogue depuis l'intérieur de Champ-Dollon (lire encadré)!