Budget radars: l’Etat perd 5 millions

- La cagnotte des radars est en diminution de 5 millions par rapport à 2013.
- Des politiques s’inquiètent d’un manque à gagner qui plombe les caisses de l’Etat.
- D’autres plaident pour des radars préventifs et pas répressifs.

  • En 2013, Genève avait empoché 25 millions de francs uniquement avec les radars fixes et mobiles.  DAVID ROSEMBAUM-KATZMAN

    En 2013, Genève avait empoché 25 millions de francs uniquement avec les radars fixes et mobiles. DAVID ROSEMBAUM-KATZMAN

«En sachant que la dette de l’Etat est abyssale, les débrayages policiers sont déplacés»

Frédéric Hohl, député PLR commission des finances au Grand Conseil

Les radars, voilà un objet bien détesté des usagers de la route. Surtout depuis que Via Sicura, le plan de mesures fédérales visant à réduire les accidents, a serré la vis. Combien d’automobilistes, motards et conducteurs ont reçu cette année des amendes de 40 francs pour un tout petit kilomètre/heure de dépassement de vitesse? Combien ont pesté de devoir payer des contraventions en espèces sonnantes et trébuchantes? Combien ont perdu provisoirement leur permis de conduire? Avec ce goût amer d’être traité comme une vache à lait…

Une manne pour l’Etat

Si les radars fâchent, c’est principalement parce qu’ils rapportent gros à l’Etat. Cette année, la cagnotte s’élève à 20 millions de francs. Un montant important certes, mais qui est toutefois en chute libre de moins 5 millions de francs en comparaison à 2013. Les raisons? Les grèves successives de la police entre juin et novembre. La preuve? Dans son bilan des six premiers mois de l’année 2014, l’Etat avait déjà des entrées de 15 millions de francs uniquement avec les radars. Avec les 5 millions manquants à fin 2014, l’Etat n’encaissera pas cette année les 25 millions entrés dans la cagnotte en 2013 (contre 22 millions en 2012)…

Dette abyssale

«Il est inadmissible que la grève de la police ait des conséquences sur les rentrées d’argent», s’indigne le député PLR Frédéric Hohl à la commission des finances du Grand Conseil. Avant d’enchaîner: «En sachant que la dette de l’Etat est abyssale, les débrayages policiers sont déplacés. Ces grèves ont un coût.» Il tient a souligner que le PLR n’est pas contre les grèves: «Il va immanquablement y avoir des répercussions importantes dans le budget, et là c’est intolérable.»

Patrick Lussi, député UDC à la commission des finances, déplore également que la colère des policiers se répercute dans le budget de l’Etat. «Nous avons effectivement appris en commission cette dramatique situation et nous déplorons ces grèves en cette période où l’argent manque, où Genève croule sous les dettes et doit faire des économies drastiques dans divers domaines.»

«Non aux radars tirelire!»

Mais pour le député MCG Eric Stauffer, cette baisse de rentrée d’argent ne serait pas due aux débrayages policiers mais plutôt à la cacophonie qui règne sur les routes genevoises: «C’est tout simplement le chaos, il est difficile de rouler à Genève. C’est la catastrophe. Sans compter que je trouve intolérable de budgétiser à l’avance sur des incivilités routières. Les radars devraient être préventifs et non pas répressifs.»

Reste à savoir si le Canton pourra continuer à budgétiser sur les amendes radars.

Les radars coûtent cher

Genève, contrairement aux autres cantons, n’a pas acheté de radars dernière génération. Les moyens manquent et les radars coûtent cher. Sans compter que les demandes de financement de nouveaux achats de modernisation d’appareil ont été refusées par le Grand Conseil en 2011. «Les achats pour les nouvelles générations sont en cours d’évaluation», confirme Christophe Fortis, porte-parole de la police genevoise. Si le canton a déjà 20 millions dans le tiroir-caisse en 2014 à la rubrique amendes et contraventions pour les radars, cela est dû à l’augmentation des contrôles routiers. Près des écoles, mais aussi des contrôles inopinés le soir, les week-ends. Les chauffards visés sont les parents qui emmènent leurs enfants à l’école, les fêtards du soir mais aussi les chauffeurs poids lourds. Pour mémoire, rappelons que Genève compte 158 sites de boîtiers fixes, mais seulement seize sont munis d’appareils de photo. La police a également trois radars mobiles et deux pistolets laser. Elle manque en revanche de mâts et de boîtiers pour de nouvelles installations, voire de matériel de remplacement. Il faut savoir qu’un radar coûte entre 80’000 et 150’000 francs, un appareil photo près de 66 ‘000 francs, un mât 4000 francs et un boîtier 9000 francs.

PRÉCISION - Budget radars : l’Etat ne perd pas 5 millions.

L’information transmise au sujet de de la perte qui aurait été occasionnée par la grève de certains policiers est fausse, tient à préciser le Département de la sécurité:
"D’une part, les radars ne font pas grève et d’autre part, l’année n’étant pas terminée, il est erroné d’extrapoler un chiffre pour 2014 alors même qu’il devrait être comparable aux années précédentes."