Cancer du foie: opération exceptionnelle aux HUG

- L’opération a duré quinze heures et quatre chirurgiens hautement spécialisés y ont participé.
- Une maman de 30 ans, atteinte d’une tumeur rarissime appelée sarcome embryonnaire, a été sauvée.
- Cet exploit intervient alors que les HUG ont inauguré le Centre des affections hépato-biliaires et pancréatiques.

  • De gauche à droite: le docteur Marek Bednarkiewicz et les professeurs Christian Toso, Pietro Majno et Gilles Mentha. DAVID ROSEMBAUM KATZMAN

    De gauche à droite: le docteur Marek Bednarkiewicz et les professeurs Christian Toso, Pietro Majno et Gilles Mentha. DAVID ROSEMBAUM KATZMAN

«Une tumeur de 10,355 kilos, c’est extrêmement rare»

Professeur Gilles Mentha

Une tumeur de 10,355 kilos. Une opération de quinze heures. Quatre chirurgiens seniors qui se relaient. Le professeur Gilles Mentha et son équipe des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) ont réalisé un véritable exploit. Mi-octobre 2013, ils ont opéré Odile*, 30 ans, atteinte d’un cancer du foie rarissime, appelé le sarcome embryonnaire. Dix cas seulement chez l’adulte ont été référencés dans le monde. Complexe, l’opération réclamait l’intervention de spécialistes hautement qualifiés utilisant une technologie avancée. En Suisse romande, seuls les HUG pouvaient accomplir une telle prouesse. A l’échelle mondiale, c’est une première.

A la pointe de la médecine

Le combat de cette jeune maman était mal engagé. Suite à son accouchement, le 12 juillet 2013, elle découvre qu’elle est atteinte d’un cancer rare (lire ci-contre). Son ventre n’a pas désenflé et les douleurs sont persistantes. C’est le choc. Au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), on ne peut pas l’opérer, faute de compétences. Seul un radiologue qui planche sur son cas, lui propose une opération censée la soulager provisoirement. L’intervention est un succès mais sa condition physique reste précaire. La tumeur évolue rapidement et atteint bientôt une taille spectaculaire. Ses jours sont comptés. On la dit condamnée. En effet, au CHUV, il n’existe pas de programme de transplantation de foie, contrairement aux HUG où Odile retrouve espoir. Ce service est dirigé par le professeur Gilles Mentha, également chef du Centre des affections hépato-biliaires et pancréatiques. Autrement dit, ce qui touche, entre autre, aux affections du foie. Son expérience, sa renommée et sa motivation rassurent Odile.

Des objectifs exigeants

Après une analyse détaillée de son cas, le spécialiste, prend le risque de l’opérer. Pour cela, il s’entoure d’une équipe de choc. Les professeurs Christian Toso, Pietro Majno, les docteurs Eduardo Schiffer, anesthésiste et Marek Bednarkiewicz, chirurgien vasculaire du service de transplantation. Ensemble, ils forment une équipe soudée. Pour le professeur Mentha, il s’agit de sa millième hépatectomie. «Ce qui m’a notamment décidé à opérer cette patiente, c’est le fait qu’elle soit jeune et qu’elle n’ait pas d’antécédent médical», explique-t-il. Même si les dispositions sont bonnes, l’opération n’en constitue pas moins un véritable défi. Deux objectifs doivent impérativement être atteints. D’abord, il faut retirer la totalité de la tumeur, sans qu’il ne reste de cellules cancéreuses à l’échelle microscopique. Ensuite, il faut lui laisser suffisamment de foie pour qu’elle puisse survivre.

Une opération millimétrée

«La perfection est tout juste suffisante en chirurgie», précise le professeur. Une organisation millimétrée est donc mise en place en amont. La stratégie opératoire est préparée intensivement. Rien n’est laissé au hasard. Quinze heures durant, les chirurgiens se relayent dans la salle de bloc opératoire. Armés d’une grande expérience, les gestes sont précis. Rodés. «Tout s’est déroulé comme nous l’avions initialement prévu. Nous avons pu atteindre nos objectifs avec succès», décrypte le professeur. Ouf! * Prénom fictif