«5000 entreprises sont concernées à Genève»
Michel Fontana, formateur de vente
«Je m’y suis pris à la dernière minute pour remettre mon restaurant à Champel et je n’ai trouvé personne. J’ai dû licencier mes employés, ce fut un véritable déchirement! Je conseille à tous les patrons d’anticiper cette échéance!» Le cas de Marc*, restaurateur genevois à la retraite n’est pas isolé. Loin de là. Pour Michel Fontana, formateur de vente depuis plus de 30 ans, la remise d’une petite entreprise est une menace sérieuse pour l’économie du canton: «Pour le Grand Genève, cela concerne cinq mille artisans et indépendants et PME qui chercheront un successeur. Ce sont des dizaines de milliers d’employés qui sont concernés.»
Menace sérieuse
Pour s’en convaincre, la récente étude réalisée par Credit Suisse et l’Université de Saint-Gall, baptisée «La succession d’entreprise dans la pratique – le défi du changement de génération», conclut que d’ici 2021, une entreprise sur cinq changera de propriétaire. Et ce changement n’est pas sans risque. L’un des obstacles majeurs est que seulement 60% de ces entreprises trouvent un repreneur provenant du cercle familial ou de la société.
Emplois détruits
Pour les 40% restants, il est difficile de dénicher un successeur. Frank Guemara, associé chez Triportail, société genevoise spécialisée dans la transmission entrepreneuriale, relève un changement de paradigme: «La transmission familiale n’est plus forcément privilégiée, les enfants de l’entrepreneur faisant, souvent à l’instigation de leurs parents, d’autres choix professionnels. En revanche, les reprises par les collaborateurs devraient s’intensifier.» Michel Fontana fait preuve de moins d’optimisme: «Un nombre très important de microentreprises disparaissent. On peut estimer que des centaines d’emplois seront détruits!»
Tabou romand
L’étude affirme aussi que plus de trois quarts des patrons de PME réfléchissent à leur propre succession. Problème, cette réflexion se fait souvent en catimini comme le déplore Frank Guemara: «La Suisse romande se caractérise par le tabou de la confidentialité. Les patrons ne veulent pas que l’on sache que leur entreprise est à vendre et encore moins que l’on contacte des repreneurs potentiels!» Et d’ajouter: «C’est irrationnel. Que l’entrepreneur entame une démarche de transmission ou non, ses collaborateurs, clients et fournisseurs, sont déjà conscients qu’il existe une problématique de succession!»
*nom d’emprunt connu de la rédaction