Consommateurs dans le collimateur de Pierre Maudet

  • Pierre maudet

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SÉCURITÉ • Depuis son arrivée cet été à la tête du Département de la sécurité, le conseiller d'Etat Pierre Maudet a les toxicomanes dans sa ligne de mire. Son plan d'attaque? Une répression accrue des usagers de drogues, qui, selon lui, contribuent à entretenir le marché: «Il s'agit de compliquer la vie des consommateurs. La plupart d'entre eux viennent se fournir en voiture auprès des dealers de rue, détaille le chef des forces de l'ordre. Après l'intervention des policiers, l'Office cantonal des automobiles et de la navigation pourra prendre des mesures administratives, tel le retrait de permis, voire le séquestre du véhicule. Pour le reste, je n'entends pas entrer dans les détails des actions prévues, pour des raisons tactiques.»
Mesures contre-productives
Ce discours fait grogner les spécialistes des questions d'addiction. «Une politique unilatéralement sécuritaire de chasse aux consommateurs serait clairement contradictoire à la politique de réduction des risques voulue par le Conseil d'Etat genevois, assure Pierre-Yves Aubert, président de Première Ligne, association en charge du Quai 9. Nous savons par expérience que nous pouvons déplacer les marchés de quelques centaines de mètres, mais jamais les éradiquer.» Et de préciser: «La vente de rue n'existe pas uniquement en réponse à une demande des consommateurs, mais également parce que la situation empêche tout scénario de réglementation qui permettrait de limiter l'accès aux drogues, d'atténuer la pression sur la sécurité et de renforcer la protection des mineurs.»
Marché plus violent
Même son de cloche chez Jean-Félix Savary, secrétaire général du Groupement romand d'études des addictions (GREA): «Cette approche de la toxicomanie est naïve et dangereuse, s'indigne-t-il. La répression va augmenter la diffusion du problème. Comme les usagers auront peur, ils vont se cacher de plus en plus dans les allées, les parcs ou les coins de rue. Ils prendront de plus gros risques pour leur santé et seront tentés de laisser leur matériel d'injection sur place, de peur d'être découverts. La population aura ainsi un contact beaucoup plus direct avec le problème. Le marché deviendra plus violent.»