Coups de fil officiels pas si faciles

  • Des saisies de natels et de pièces effectuées l'an dernier à Champ-Dollon.

RÉACTIONS • A Champ-Dollon, les natels, les pièces détachées ou encore les cartes sim, sont très recherchés. Ils font l'objet de trafic quand ce n'est pas du racket. «Le système de brouillage aura le grand avantage de réduire les risques de collusion», relève le procureur général Olivier Jornot. «Le principe d'une incarcération dans une prison préventive est aussi d'éviter ce risque pendant l'enquête. Il paraît paradoxal que l'on incarcère une personne pour qu'elle ne puisse pas communiquer avec ses complices et qu'elle ait finalement accès à un téléphone portable.»Au passage, le procureur général rappelle que la prison ne prive pas pour autant les détenus de téléphone: «Sur demande, ils ont accès à une cabine. Le Ministère public peut toutefois refuser l'autorisation s'il y a un risque d'abus. Il peut aussi faire enregistrer la conversation».

Appels limités

De l'avis de Me Robert Assaël, président de la Commission de droit pénal de l'Ordre des avocats, il est indéniable que le brouillage des natels s'impose dans tous les cas: «Il y a des détenus qui s'en procurent pour influencer l'enquête en leur faveur, par exemple en prenant contact avec un témoin ou en donnant des instructions pour cacher le butin». En revanche, Me Assaël pense que l'accès au téléphone normal de la prison est plutôt restreint. «Il y a des détenus qui cherchent à obtenir un téléphone portable simplement pour rester en contact avec leurs familles et amis. Des contacts avec l'extérieur qui sont souvent importants pour qu'ils ne se sentent pas coupés du monde. Or, la possibilité qu'ils ont de téléphoner par le biais de la prison est très limitée et n'est plus adaptée au nombre de détenus, qui aujourd'hui plafonne à 649 pour 377 places! Il faut absolument améliorer ce point, surtout pour les détenus qui n'ont pas de visites.»