Dans la peau d’une contractuelle

  • Le service du stationnement de la Fondation des parkings fête ses 15 ans d’existence.
  • L’occasion de suivre une équipe d’agents de contrôle dont le métier a évolué avec les nouvelles technologies.
  • Le contact avec les automobilistes s’avère parfois compliqué. Certains font preuve d’agressivité. Reportage.

  • L'agent de contrôle ne sort jamais sans son smartphone ni sa mini-imprimante. STÉPHANE CHOLLET

«Il faut à peine deux minutes pour sortir une amende. Les technologies actuelles sont très rapides»

Pierre Susini, chef de poste des Tulipiers

Il est encore tôt au poste des Tulipiers, l’un des trois sites du service du stationnement de la Fondation des parkings. Pourtant, tout le monde est au taquet. Munis de leurs uniformes bordeaux, rappelant leur sobriquet d’«aubergine», les agents sont prêts à partir sur le terrain. La réunion de coordination, menée par le chef de poste Pierre Susini, permet de faire le point et de se répartir les zones à contrôler. Seul ou en binôme.

Les consignes passées, il est temps de s’équiper. Surtout, ne pas oublier son smartphone et la ceinture de charge comprenant une mini-imprimante. Tels sont les outils de travail des contractuels des temps modernes.

Papillon orange et blanc

A Rive, lieu de notre mission, c’est jour de marché. Les places sont rares et les cas de figure variés. L’œil aiguisé de Nathalie Gerber, agent du stationnement depuis dix ans, scrute le tableau de bord à la recherche d’un éventuel macaron professionnel ou pour handicapé. Elle entre ensuite le numéro de plaque dans l’application de son smartphone afin de consulter la base de données. La réponse tombe. «La personne n’a pas payé son stationnement, je vais être obligée de l’amender», commente sobrement la contractuelle. A peine ses paroles prononcées, la mini-imprimante bourdonne et délivre le papillon orange et blanc portant l’indication: 40 francs.

Pas de quota d’amendes

«Il faut à peine deux minutes pour sortir une amende. Les technologies actuelles sont très rapides», souligne Pierre Susini, tandis que Nathalie Gerber glisse la bûche sous l’essuie-glace. «Il n’y a pas de quota d’amendes, insiste le chef de poste. Uniquement un objectif de nombre de véhicules à contrôler.»

Entre-temps, la Scan-car car débarque dans la zone pour leur prêter main-forte. Au volant: Stéphanie*. Agent de stationnement depuis quinze ans, soit depuis la création du service du stationnement, elle a vu le métier évoluer. «Surtout avec l’utilisation des nouvelles technologies», dont le véhicule qu’elle conduit. Équipée de caméras sur le toit, la Scan-car car sillonne Genève depuis mars 2018, une première en Suisse.

Dans l’habitacle, à portée de main, un bouton permet à Stéphanie d’actionner le scanner. Sur l’écran situé côté passager, les photos des plaques défilent. Les véhicules suspects (hors deux-roues) sont instantanément signalés à l’agent piéton via une deuxième application sur son smartphone. Il ne lui reste plus qu’à aller vérifier, notamment la présence ou non d’un macaron. A l’avenir, la dématérialisation pourrait franchir une étape supplémentaire. «Mais, pour le moment, la réglementation fédérale impose l’intervention d’un agent pour déposer l’amende», explique Gaëtan Mascali, directeur du service du stationnement.

Agressivité et insultes

Retour sur le terrain où Nathalie Gerber poursuit sa tournée: «C’est un travail que j’adore. On est toute la journée dehors.» Elle apprécie aussi le contact avec les gens. Renseigner un touriste, aider une personne âgée à traverser font partie du quotidien des agents. «Ce n’est pas uniquement un corps de répression, stipule Gaëtan Mascali. L’aide à la personne fait partie de leur mission.» Parfois, la situation est plus compliquée. L’agressivité, voire les insultes, sont monnaie courante.

Sur les 85 agents, un tiers sont des femmes. Sont-elles moins ou plus prises à partie? Difficile à dire. «J’ai parfois eu droit à la remarque: «Tu peux pas rester à la maison t’occuper de tes enfants et de ton mari plutôt que de me faire suer», souligne Nathalie Gerber. «On attend du respect des automobilistes. On ne distribue pas des amendes à la légère ou pour le plaisir», conclut Pierre Susini.

* Nom connu de la rédaction

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400’000 amendes par an en Ville

Trois sites: un pour la rive droite et Vernier, un pour la rive gauche et la Vieille-Ville et un site pour la direction et le contrôle de Plan-les-Ouates, Carouge et Lancy.

1,3 million de véhicules contrôlés (hors Scan-cars) par an et 400’000 amendes infligés pour la seule Ville de Genève.

85 agents de stationnement, dont un tiers de femmes.

Depuis mars 2018, deux Scan-cars effectuent chacune 5000 à 6000 relevés par jour.