Dardelles: propriétaires menacés d’expropriation

  • Des propriétaires de terrains jouxtant la future prison lancent une pétition contre la construction du complexe pénitencier des Dardelles. 
  • Le projet est jugé démesuré, onéreux et dévastateur pour l’environnement. 
  • Puplinge ne veut pas devenir une cité carcérale.

  • A côté de Champ-Dollon, des arbres, des jardins et des chalets voués à la disparition. F. HALLER

    A côté de Champ-Dollon, des arbres, des jardins et des chalets voués à la disparition. F. HALLER

  • A côté de Champ-Dollon, des arbres, des jardins et des chalets voués à la disparition. F. HALLER

    A côté de Champ-Dollon, des arbres, des jardins et des chalets voués à la disparition. F. HALLER

  • A côté de Champ-Dollon, des arbres, des jardins et des chalets voués à la disparition. F. HALLER

    A côté de Champ-Dollon, des arbres, des jardins et des chalets voués à la disparition. F. HALLER

  • A côté de Champ-Dollon, des arbres, des jardins et des chalets voués à la disparition. F. HALLER

    A côté de Champ-Dollon, des arbres, des jardins et des chalets voués à la disparition. F. HALLER

  • A côté de Champ-Dollon, des arbres, des jardins et des chalets voués à la disparition. F. HALLER

    A côté de Champ-Dollon, des arbres, des jardins et des chalets voués à la disparition. F. HALLER

«Tout va être rasé! Nos maisons, les arbres, les fleurs, la faune, c’est épouvantable!»

Jocelyne A, propriétaire d’un terrain au chemin de Champ-Dollon depuis 40 ans

«Je crains que l’Etat m’exproprie de mon terrain de 5000 m2 alors que je l’ai depuis quarante ans!», s’étrangle Jocelyne Augsburger. Voisine directe de la prison de Champ-Dollon, cette Genevoise de 81 ans fait partie de la cinquantaine de propriétaires à Puplinge qui devront céder leurs terrains, maisons et chalets si le projet de construction du complexe carcéral des Dardelles voit le jour. «Tout va être rasé! Nos maisons, la forêt servant de rempart avec les détenus, mais aussi la faune, les fleurs, les arbres, c’est épouvantable!», s’offusque l’octogénaire.

Séance publique d’information

Jocelyne a été informée du projet de modification des limites de zones en vue de la construction de la nouvelle prison (lire encadré ci-dessous) lors d’une séance publique d’information. Celle-ci a été organisée le 30 juin dernier à Puplinge par l’Office de l’urbanisme (ndlr: Département de l’aménagement, du logement et de l’énergie, DALE). Fâchés, inquiets mais aussi paniqués à l’idée de voir transformer le village en une vaste cité de détention pénitentiaire, les résidents et propriétaires de la rue de Champ-Dollon ont lancé, mi-août, une pétition – qui a déjà récolté plus de 500 signatures. Ils l’adresseront au Grand Conseil pour faire connaître leur opposition à cette construction jugée dévastatrice et «pharaonique» tant en superficie qu’en millions dépensés. La réalisation du plus grand établissement pénitentiaire de Suisse, prévue pour 2021, impliquerait en effet la destruction de 17 hectares de zone agricole verdoyante et entraînerait des expropriations. Si le projet de déclassement est avalisé par le Grand Conseil, les députés seront appelés à voter, cet automne, un crédit 70 millions de francs.

Prison inutile

Lors de la présentation du projet aux Puplingeois en juin dernier, Pierre Maudet, le conseiller d’Etat en charge du Département de la sécurité et de l’économie (DSE), a rappelé l’importance de cette construction pour désengorger Champ-Dollon. Avec un taux d’occupation actuel de 150% (près de 600 détenus pour 398 places), il était, selon lui, urgent de réagir.

Mais pour Me Robert Assaël (photo), défenseur de Jocelyne Augsburger, le projet des Dardelles est mégalomaniaque: «Tournées vers la réinsertion, les personnes en exécution de peine ne devraient pas être à Champ-Dollon. Cela étant, il existe aujourd’hui d’autres solutions, moins coûteuses, comme les maisons d’arrêt qui ne sont pas pleines et La Brenaz qui offre déjà 168 places d’exécution de peine. Alors, oui, je maintiens que les 300 places (ndlr: sur les 450 places au total) prévues aux Dardelles pour les courtes peines seraient inutiles. Et il y a aussi des alternatives, comme le bracelet électronique et le travail d’intérêt général.»

Folie des grandeurs

Chiffres à l’appui, Me Robert Assaël dénonce aussi la folie des grandeurs du projet: «Avec les Dardelles, Genève disposerait de plus de 265 places de détention pour 100’000 habitants, soit trois fois la moyenne nationale de 89!» Un argument qui fait monter les tours aux Puplingeois. Avec les Dardelles, ils estiment que quelque 2000 détenus vivraient dans les cinq établissements pénitentiaires proches de Puplinge. C’est-à-dire autant que les habitants de la commune…

Du côté des autorités, le DALE ne se prononce pas sur un dossier qui dépend de la planification pénitentiaire. Le DSE, quant à lui, ne souhaite pas s’exprimer à propos d’une pétition qui n’a pas encore été déposée au Grand Conseil. Pétition disponible à l’adresse de Mme Jocelyne Augsburger, 35 rue de Peillonnex, 1225 Chêne-Bourg