Des lutteurs romands sur la Plaine. Culotté!

- Genève accueillera la Fête romande de lutte suisse, les 11 et 12 juillet.
- Ces combats alpestres se dérouleront, fait insolite, en plein cœur de la ville.
- Cette manifestation d’envergure permettra de renforcer le lien confédéral.

  • Les rois de la lutte romande se donnent rendez-vous sur la plaine. PASCAL BITZ

    Les rois de la lutte romande se donnent rendez-vous sur la plaine. PASCAL BITZ

«La lutte à la culotte véhicule des valeurs fortes, ciment de notre identité»

Jean-Marc Guinchard, président du comité d’organisation

Une odeur de sciure et de sueur va flotter sur notre ville. Les 11 et 12 juillet, Genève organisera la 131e Fête romande de lutte suisse, qui se déroulera, insolite, sur la plaine de Plainpalais. Pittoresque pour des jeux alpestres !

Site symbolique historique

Si ce choix peut surprendre, il répond toutefois à une certaine logique. Du moins historiquement. Par le passé, la Plaine avait, en effet accueilli de grandes manifestations patriotiques, comme l’Expo nationale en 1896. De plus, à l’époque, elle verdoyait. Comme les alpages de l’Oberland en somme…

«La Ville tenait à organiser ces joutes sur ce site symbolique, propice jadis à l’agriculture et, notamment, à la culture du célèbre cardon genevois», souligne Jean-Marc Guinchard, président du comité d’organisation, qui se réjouit de recevoir cette fête bucolique, qui puise ses racines au cœur des régions rurales de Suisse allemande.

«Pour les Alémaniques, notre canton est essentiellement citadins, à tort, précise-t-il. Nous comptons la plus grande commune viticole du pays et de nombreuses cultures maraîchères de qualité.» Vu sous cet angle, la lutte a donc sa place au bout du lac – il existe d’ailleurs un club à Carouge. Même si le cadre choisi pour les festivités dérogera un peu à la tradition, faute d’edelweiss.

Tradition

Reflet de coutumes champêtres, la lutte à la culotte n’a pourtant rien d’anachronique. Aujourd’hui encore, elle est le gardien des traditions dans une Suisse en pleine mutation. Le secret bancaire a beau vaciller, le vaillant lutteur, lui, ne plie pas!

Valeur

«Cette discipline véhicule des valeurs tout helvétiques, empreintes d’authenticité, de traditions et de respect, ciment de notre identité», confirme M. Guinchard, vice-président du Grand Conseil, qui compte sur ces passes musclées pour resserrer les liens confédéraux, avec le soutien des services du conseiller administratif Sami Kanaan. «En cette année du bicentenaire, Genève se devait de mettre en lumière notre sport national, pour marquer notre attachement à la Confédération.» Un geste fort qu’avait déjà consenti Rémy Pagani en 2012, en proposant des combats de reines sur cette même Plaine, lors de 1er août. Après les vaches en ville, place donc aux lutteurs. Culotté !

Fête romande de lutte: samedi 11 et dimanche 12 juillet sur la Plaine. Entrée libre.

Des armaillis aux sportifs d’élite

INTERWIEW • Eric Haldi, président de l’Association genevoise de lutte, développe l’évolution de cette discipline en Suisse.

– L’entraînement des lutteurs est-il le même que du temps des armaillis?

– Non, bien sûr. La préparation a énormément évolué depuis dix ans. Les meilleurs lutteurs alémaniques sont désormais des semi-pros. Ils sont encadrés par des coaches, des diététiciens.

– Et pourtant, ils ne touchent pas d’argent. En compétition, du moins…

– Le roi d’une fête et ses dauphins reçoivent une couronne et des prix en nature. A Genève, le lauréat repartira avec un jeune taureau, les autres avec des cloches et des produits du terroir.

– Ces joutes sont pourtant soutenues par des sponsors, non?

– Certes, mais de manière discrète. Dans notre sport, les sponsors ne peuvent pas afficher leurs pubs dans l’arène ni sur les habits des lutteurs. C’est la règle, pas question d’y déroger.

– A propos, comment se porte ce sport en Romandie?

– Au niveau de l’élite, on est un peu au creux de la vague. Par contre, nous possédons des jeunes prometteurs, qui pourraient s’illustrer cet été lors de la Fête fédérale des jeunes talents.

– Même constat au Club des lutteurs de Carouge?

– Nos effectifs sont stables, mais il y a moins d’actifs. Sur la Plaine, nous alignerons huit lutteurs, qui seront emmenés par Yannick Rossi, couronné cette année à Aigle, et Dieylani Pouye, notre champion de lutte sénégalaise. JFt