Dis-moi où tu vis, je te dirai quel air tu respires

• Où respire-t-on mieux à Genève? Face à la qualité de l'air, les quartiers genevois ne sont pas tous égaux.
• Six points de mesure évaluent quotidiennement les taux de pollution à travers le canton.
• Lors des pics de pollution, les services d'urgences voient leurs consultations grimper.

  • Carte des immissions de dioxyde d'azote (NO2) pour 2011 sur le territoire genevois.

    Carte des immissions de dioxyde d'azote (NO2) pour 2011 sur le territoire genevois.

Faudra-t-il bientôt porter un masque à gaz dans certains quartiers genevois? Alors que le canton de Genève sort d'une alerte à la pollution aux particules fines particulièrement longue – 10 jours au total entre fin février et début mars – la qualité de l'air ne s'améliore que lentement dans les zones sensibles. Parmi les six stations de mesure qui évaluent quotidiennement les taux de particules fines, de dioxyde d'azote et d'ozone, quatre frôlent régulièrement les valeurs limites fédérales. Qui sont ces mauvais élèves? Principalement, les quartiers situés dans les alentours de Meyrin et de Thônex, ainsi que la Ville de Genève. Côté bol d'air pur, les territoires à proximité d'Avully et d'Anières font preuve de plus de propreté.

Agglomération et routes

Ces contrastes intercommunaux ne sont pas dus au hasard. «La densité en axes routiers et en habitants-emplois dans l'agglomération sont les deux facteurs les plus déterminants pour la qualité de l'air, analyse Pierre Kunz, adjoint de direction au Service de l'air. Plus il y a de d'habitants et d'automobilistes dans un lieu, plus la consommation en carburants et en combustibles y est élevée. L'air se charge en polluants.» Une réalité démographique qui se vérifie sur le terrain: en effet, les communes de Meyrin et de Thônex, particulièrement polluées en particules fines et en oxydes d'azote, comptent respectivement 22'221 et 13'722 résidants pour 9,94 km2 et 3,82 km2. La Ville de Genève, championne en matière de micropolluants, compte 193'150 habitants sur 15,82 km2. Sans parler de l'activité économique qui s'y déroule la journée. Les «propres», Anières et Avully, ne possèdent que 2544 et 1771 habitants pour 3,86 km2 et 4,62 km2. Pour mieux respirer, il faut s'écarter de l'agglomération.

Risques de thrombose

Face aux inhalations quotidiennes de micropolluants, la santé humaine en prend pour son grade. «Les particules fines sont les substances les plus nocives pour la santé. Elles atterrissent dans le sang après avoir transité par les poumons, explique Pierre Kunz. A court terme, les personnes à la santé fragile ou asthmatiques voient leurs détresses respiratoires augmenter. A long terme, ces substances peuvent s'agglomérer dans le sang, former des caillots et engendrer des thromboses!»

Communes passives

Mais, que font les élus pour lutter contre le danger de l'air vicié? Les mesures varient.À Thônex, on tente tant bien que mal de privilégier le gaz à la consommation de mazout, producteur de particules fines: «Je me bats depuis 2010 sans véritable succès pour généraliser la fourniture de gaz dans les foyers thônésiens, raconte Pascal Uehlinger, conseiller administratif de la commune. Dernièrement, les conseillers municipaux ont eu tendance à privilégier les copeaux de bois, désastreux pour le nombre de particules fines contenu dans l'air.»Meyrin, quant à elle, se dit tout aussi vigilante: «Nous suivons la problématique de près, assure Denis Wicht, porte-parole de la mairie. Nous distribuons des circulaires d'information aux habitants et à tous les services de la commune chaque fois que le seuil est dépassé. Les services concernés font suivre en cas de nécessité, sur consigne du canton, qui déclenche les plans idoines. Nous faisons particulièrement attention aux personnes à risque.»Genève, quant à elle, se repose sur le canton: «Nous nous sentons bien évidemment concernés, mais cela reste une compétence exclusivement cantonale que de combattre les micropolluants», explique Cédric Waelti, du Département de l'environnement urbain et de la sécurité.En attendant une politique cantonale plus efficace, tous recommandent néanmoins aux personnes âgées, aux enfants et aux individus à la santé fragile d'éviter les efforts pendant les pics de pollution.

 

L'air pur du Petit-Lancy…

JFt • Quel est le meilleur air du canton? Celui du Petit-Lancy! Mais il y a bien longtemps. Au début du XXe siècle, l'oxygène du coin valait, paraît-il, la peine d'être respiré à pleines narines. Assis sur une colline, le village offrait un bol d'air vivifiant à ses visiteurs. Les médecins le recommandaient même à leurs patients, pour la plus grande joie des hôteliers des alentours. La commune comptera ainsi jusqu'à treize auberges, dont l'une des plus célèbres s'appelait A la Montagne! Rapport à petite la brise rapicolante soufflant sur la Vendée, mais aussi à son panorama à couper le souffle sur la plaine et le Salève, l'Everest des Genevois..A l'époque, l'air lancéen était aussi loué par le pensionnat Haccius, qui accueillait les élèves des plus riches familles d'Europe dans le château de Lancy. Dans ses dépliants publicitaires, on pouvait lire ceci: «Lancy est bien connu pour son air pur et fortifiant, dû à sa position élevée et au voisinage des montagnes.» Aujourd'hui, le bon air du Petit-Lancy prête à sourire. Qui songerait à le humer à pleins poumons? Personne. Ou bien si, mais au Bois de la Bâtie. Et encore…

Anecdotes tirée de l'ouvrage : « Histoire de Lancy », publié en 2001 par la Mairie.