Dix-sept Suisses réfugiés dans le monde

- C'est le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) qui communique le chiffre.
- Une statistique délicate qui met Berne dans l'embarras.
- Eclairage sur cette face cachée de l'asile helvétique.

  • Les informations manquent sur le profil de ces concitoyens qui ont choisi de trouver refuge ailleurs.

    Les informations manquent sur le profil de ces concitoyens qui ont choisi de trouver refuge ailleurs.

Incroyable mais vrai! La Suisse persécuterait-elle certains de ses citoyens? Peut-être, à en croire les statistiques du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés (HCR), basé à Genève. Tous les ans, chaque Etat de la planète transmet à cette agence onusienne un décompte des personnes à qui il a accordé l'asile. Ainsi, la Suisse hébergeait l'année dernière plus de 50'000 personnes dotées de ce statut, réservé, selon la convention de 1951, à toute personne qui justifie «d'être persécuté du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques».Surprise... A en croire la carte interactive, publiée le 20 juin dernier sur son site internet par le HCR, dix-sept Suisses dans le monde, répondraient à cette définition. Ils étaient une vingtaine en 2011.

Profil peu clair

Ainsi, la Suisse, pays démocratique et respectueux des droits de l'homme par excellence, aurait une vingtaine de ses ressortissants considérés comme des réfugiés. A Berne, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) n'est pas en mesure de se prononcer sur le sujet. «Le DFAE n'est pas informé lorsqu'une Suissesse ou un Suisse reçoit le statut de réfugié d'un Etat tiers», se borne à constater Stefan von Below, porte-parole du département.Mais qui sont donc ces ressortissants helvétiques décomptés officiellement par les Nations Unies comme des réfugiés? «Le profil de ces personnes n'est pas clair pour nous, observe Susin Park, cheffe du Bureau pour la Suisse, au HCR. Nous recevons les statistiques de la part des Etats, mais pas d'informations sur les cas individuels». Et d'ajouter: «Ce sont en général des cas complexes, comme par exemple ceux d'enfants qui ont reçu la nationalité suisse, et qui, rentrés dans leur pays d'origine avec leurs parents, ont malheureusement dû fuir une seconde fois».

Au Sénégal

Dans son édition du 12 juillet, notre confrère Le Matin rapporte en outre l'exemple d'un Vaudois de 73 ans, empêtré dans une inextricable histoire de divorce et reconnu comme réfugié humanitaire au... Sénégal pour «non-fonctionnement des institutions suisses».Difficile enfin de savoir également où ces compatriotes d'infortune ont reçu asile, même s'il semble que le Canada ou la Bosnie-Herzégovine soient régulièrement cités comme pays d'accueil.

http://data.unhcr.org/dataviz/index.html

Démocraties à requérants

CA • Petite consolation: la Suisse n'est pas le seul pays dit «démocratique» à voir certains de ses citoyens reconnus comme réfugiés. Nos voisins français en comptaient l'année dernière 100, les Allemands 182, les Italiens 66, et les Autrichiens 12. Sans surprise, les Américains en dénombrainent près de 4500, pas tous d'anciens agents de la CIA du reste, et le Canada 123. Même les pays scandinaves, réputés de tradition humanitaire et humaniste ont vu certains de leurs citoyens accueillis par d'autres états: 20 pour les Suédois, 8 pour les Norvégiens et 9 pour les Danois.