Élection au Conseil d'État - Ce que gagnent les candidats

- Les candidats au Conseil d’Etat préfèrent rester discrets sur leur situation financière.
- Certains jouent pourtant le jeu de la transparence et ouvrent leurs comptes.
- Actif dans le secteur public ou privé, parler d’argent en Suisse reste tabou.

  • Lorsqu'il s'agit d'argent, la discrétion est de mise.

    Lorsqu'il s'agit d'argent, la discrétion est de mise.

  • Lorsqu'il s'agit d'argent, la discrétion est de mise. THINKSTOCKPHOTO

    Lorsqu'il s'agit d'argent, la discrétion est de mise. THINKSTOCKPHOTO

Pour être élus au Conseil d’Etat, les candidats doivent montrer patte blanche. Ainsi, ils sont appelés à répondre à des questions concernant leurs liens d’intérêts, le montant de leurs dettes, leur situation vis-à-vis des impôts ou encore leurs éventuels démêlés judiciaires. Les explications des candidats sont consultables dans un classeur fédéral disponible à la Chancellerie.

Pour en savoir un peu plus, nous leur avons posé des questions sur le montant de leurs revenus en 2012, leurs biens immobiliers, le type de logement qu’ils occupent, leur fortune et le montant de leurs éventuels crédits.

Dettes

Sans trop de surprises, tous les candidats disent être à jour avec le paiement de leurs impôts, n’ont pas de dettes et de procédures judiciaires. Seuls les deux candidats MCG admettent avoir quelques soucis avec la justice. Mauro Poggia conteste en effet ses primes d’assurance maladie et reconnait avoir engagé une procédure administrative. Eric Stauffer note avoir des procédures liées à ses actions politiques. Le député et maire d’Onex ajoute avoir 30 actes de défauts de biens prononcés à son encontre pour un montant de quelque 114’000 francs.

Revenus

Faisant preuve d’une louable transparence, le socialiste Thierry Apothéloz n’hésite pas à ouvrir ses comptes. «Mes revenus sont publics. Ils proviennent de la Mairie de Vernier à hauteur de 90’000 francs par an. Somme à laquelle, il faut ajouter 22’000 francs pour des mandats auprès de différentes entités publiques soumises à la loi. Les chiffres sont bruts», précise le conseiller administratif de Vernier. Qui conclut: «Je suis locataire depuis 1999 d’un appartement au Lignon, loyer mensuel 1500 francs, gggggarage compris. Côté fortune, je suis co-propriétaire d’un appartement de 38m2 à Lisbonne, financé par mes revenus et un prêt bancaire.»

Transparence

Parmi les plus transparents on retrouve également la socialiste Anne Emery-Torracinta, le MCG Eric Stauffer et le PDC Luc Barhassat. La députée déclare un revenu brut de 71’275 francs en 2012, auquel il faut ajouter 28’395 francs de jetons de présence au Grand Conseil. «J’habite dans une maison contigüe achetée avec mon mari en 1988, à une époque où c’était encore possible pour un couple d’enseignants, sur laquelle nous avons une dette hypothécaire de 500’000 francs, ajoute-t-elle. Les coûts (intérêts et amortissements) sont de 2400 francs par mois, auxquels il faut ajouter les charges». Anne Emery-Torracinta n’a pas de fortune personnelle et, avec son mari, environ 30’000 francs sur un compte bancaire.

Impôts

Tout aussi ouvert, Eric Stauffer reconnaît avoir déclaré aux impôts en 2012 324’000 francs. Une somme qui implique son salaire de magistrat communal, celui de son épouse, de divers revenus dus à ses activités professionnelles, ses jetons de présence du Grand Conseil et des conseils d’administration de l’aéroport et de l’hôpital. «Je n’ai pas de biens immobiliers, ni de fortune personnelle, précise le député. J’habite dans une HLM,ed un 4 pièces et demi que je loue 2400 francs par mois».

Pas en reste sur son patrimoine, Luc Barthassat déclare avoir gagné 220’000 francs l’an dernier. Des revenus qui proviennent de son mandat de conseiller national et de son entreprise. Le Bardonnésien est propriétaire de son appartement, un 4 pièces d’une valeur de 600’000 francs, ainsi que de vignes et d’un hangar. Il ne possède pas de fortune mais a une hypothèque pour un montant de 300’000 francs.

Membres du gouvernement

Du côté des conseillers d’Etat sortants, les PLR Isabel Rochat et François Longchamp, ont simplement indiqué que leurs revenus étaient ceux de membres du gouvernement genevois, en l’occurrence 250’110 francs bruts annuels. Le secrétaire adjoint de François Longchamp, Bernard Favre, ajoute que le magistrat ne réside ni dans un logement subventionné, ni dans un logement grevé par les restrictions de loyer de la LDTR».

Plus disert, le PLR Pierre Maudet, également conseiller d’Etat sortant, précise: «Mon revenu est uniquement celui d’un conseiller d’Etat. Il était au 1er semestre celui d’un conseiller administratif de la Ville de Genève. Il est donc public et transmissible par la Chancellerie ou l’administration municipale. S’agissant de mon loyer, comme je l’ai déjà rendu public, je loue un cinq pièces au centre-ville dont le loyer mensuel est de 3107 francs.» Pierre Maudet estime que «pour le reste, tout est connu de l’administration fiscale cantonale dans le cadre de la déclaration fiscale 2012 et n’a pas vocation publique, au-delà des éléments transmis à la Chancellerie dans le cadre du dépôt de ma candidature».

Voyeurisme

Discrétion polie du côté de l’UDC Céline Amaudruz, du PDC Serge Dal Busco et du MCG Mauro Poggia. Tous trois ont indiqué que nos demandes «n’étaient pas une bonne idée». Mauro Poggia ajoutant que «le voyeurisme n’a jamais été sa tasse de thé. La Chancellerie a validé l’absence de dette, cela devrait suffire aux citoyens». Propos que Serge Dal Busco n’hésite pas à faire siens.

Discret aussi, le Vert Antonio Hodgers. Le conseiller national revoit à son site internet où l’on apprend que ses revenus de parlementaire fédéral se montent à 78’500 francs. «Ma fortune, par contre, relève de la sphère privée, estime-t-il. Elle n’a pas de pertinence pour le choix politique que doit faire l’électeur».

Liens d’intérêts des candidats

DTT • Dans leur déclaration déposée à la Chancellerie, les candidats au Conseil d’Etat doivent également annoncer leurs liens d’intérêts et lister les conseils d’administration ou conseils de fondation dans lesquels ils siègent. La palme revient ainsi au socialiste Thierry Apothéloz. Outre son poste de magistrat communal à Vernier, l’élu participe à… 11 conseils, tous dans le domaine public. Autre originalité, il est à noter que François Longchamp, conseiller d’Etat en charge du Département de l’urbanisme, est vice-président de la Fondation des immeubles pour les organisations internationales (FIPOI). Son collègue Pierre Maudet est aussi membre de cette fondation. Ces candidats et élus, auxquels on ajoutera Isabel Rochat, sont des politiciens professionnels. Tous les autres ont une occupation, voire plusieurs, dans la société civile. Luc Barthassat est agriculteur, paysagiste et viticulteur, Céline Amaudruz est gestionnaire de fortune, Serge Dal Busco est ingénieur civil, Eric Stauffer est directeur d’une société de téléphonie, Mauro Poggia est avocat, Antonio Hodgers est directeur et conseiller en mobilité et Anne Emery-Torracinta est enseignante.