«On essaie de déloger les propriétaires de villas comme s’ils étaient des malpropres!»
Christina Meissner, membre du comité de l’association Pic-Vert
«Je suis révoltée, on essaie de tuer la zone villas de 1000 blessures!» Christina Meissner, membre du comité de l’association Pic-Vert, ne décolère pas. Elle avoue volontiers que l’opération lancée à l’occasion du 30e anniversaire de l’association est un peu celle de la dernière chance. Durant le mois à venir, l’objectif est de démontrer à la population du canton que les zones villas constituent des poumons verts au cœur de la ville (lire ci-dessous).
Préjugés
Derrière cette campagne de sensibilisation se cache d’abord une volonté de tordre le cou à certains préjugés. «Les propriétaires de maisons individuelles ne sont pas des nantis, précise Christina Meissner, ils font plutôt partie de la classe moyenne. Après avoir travaillé pour Genève et investi toutes leurs économies dans ce projet de vie, on essaie de les déloger comme s’ils étaient des malpropres!»
Des adversaires égoïstes?
Dans le dernier numéro de son journal, l’association Pic-Vert a fait appel à des personnalités de la vie publique genevoise pour tenter de rappeler que les zones villas sont une chance pour Genève. Le Vert Yvan Rochat, conseiller administratif de la ville de Vernier, y confirme la nécessaire transformation de certains quartiers. Cependant, il rappelle surtout qu’une «mutation réussie ne peut l’être que si elle repose sur des processus réellement participatifs où les propriétaires sont parties prenantes du changement, peuvent faire des choix et surtout ne pas être considérés comme des adversaires égoïstes des politiques cantonales.»
Quartiers urbains
Le combat mené par Pic-Vert ne concerne cependant pas les cossues demeures de Cologny ou Vandœuvres. Il cible d’abord des quartiers urbains où la propriété individuelle s’est réalisée moyennant de nombreux sacrifices. On peut citer Vernier, mais aussi Genève, Grand-Saconnex, Meyrin, Lancy et Chêne-Bougeries. Faute de zones à bâtir, ces ensembles de villas deviennent, depuis quelques années, la cible des grands projets de logement. Récemment, le Conseil d’Etat, en accord avec la Ville de Genève, a adopté un plan de déclassement d’une surface de 35’900 mètres carrés entre les Charmilles et Vieusseux. L’actuelle zone villas devrait laisser la place à 450 logements.
Pas de panique!
Pour Antonio Hodgers, conseiller d’Etat en charge du Département de l’aménagement, du logement et de l’énergie, il n’y a cependant aucune raison de s’affoler: «Les propriétaires de la zone villas n’ont aucune raison d’avoir peur de se faire chasser. Par contre, nous allons effectivement devoir densifier là où cela a du sens, notamment le long des axes majeurs de transport, en continuité de l’urbanisation existante. Cela est d’ailleurs prévu par le Plan directeur cantonal 2030 qui identifie 11% de la zone villas à densifier.» Dans ce contexte, Christina Meissner est consciente de livrer une bataille perdue d’avance: «On sent très bien que les petits propriétaires ne sont plus les bienvenus, on essaie de densifier à tout prix, c’est déplorable!»