Examens à distance: l’Uni revoit sa copie

CONTROVERSE • L’Université de Genève calme les craintes de centaines d’étudiants en modifiant l’utilisation d’un logiciel très décrié prévu pour les sessions de mai-juin. Explications.

  • Des centaines d'étudiants ont exprimé leur inquiétude face à l'utilisation du logiciel Testwe. 123RF/CATHY YEULET

C’est une demi-victoire pour les étudiants de la Geneva School of Economics and Management (GSEM). L’Université de Genève a décidé, ce vendredi 1er mai, de modifier les modalités d'utilisation de la plateforme Testwe.
Lundi 27 avril, nous vous révélions les détails de cette affaire qui touche à la protection des données. Pour rappel, la GSEM, soit la faculté d’économie et de management, a décidé de passer de Moodle à Testwe pour les examens écrits à distance de la session de mai-juin. De quoi faire bondir les étudiants qui ont dénoncé «l’apparition d’un programme de surveillance sur les ordinateurs personnels, avec prise de photo à intervalle régulier», selon les mots de Benjamin Aebi.

Avis défavorable du préposé à la transparence

Suite à cette levée de boucliers, les préposés cantonaux à la protection des données et à la transparence, dont Stéphane Werly, ont rendu un premier avis daté du 30 avril. On peut y lire que «la prise de photo chaque 3 secondes s’apparente à de la vidéosurveillance». Et de prononcer un avis défavorable car «ils considèrent que certains principes de protection des données ne sont pas respectés: en effet, la base légale n'apparaît pas suffisante et, même si une certaine forme de surveillance lors de la passation d'un examen est légitime, celle choisie, et selon les modalités décrites, apparaît comme disproportionnée au regard de l'atteinte portée à la sphère privée.»

Moins de photos 

En s’appuyant sur cet avis, l’Uni a planché vendredi après-midi sur le sujet. «Afin de répondre aux préoccupations exprimées, il a été décidé de modifier en profondeur les modalités d’utilisation de Testwe», nous précise le porte-parole Marco Cattaneo. Tout d’abord, la fonction de blocage (des raccourcis clavier, de l’accès au disque dur et du navigateur Internet) ne sera pas activée. Elle concernait deux examens, impliquant plusieurs centaines d’étudiants. «Ce qui posait problème, poursuit Marco Cattaneo, c’est la prise de photos à une fréquence élevée. On réduit drastiquement le nombre de clichés pris de manière aléatoire. On passe de plusieurs milliers à quelques dizaines.»
Enfin, l’Uni assure que les données sont certes stockées à l’étranger, en l’occurrence en France mais selon un système conforme au règlement général sur la protection des données, et donc aussi à la législation suisse. «Les données sont protégées par des clés de chiffrement et donc impossibles à lire hormis pour trois personnes de la GSEM, dont le doyen», indique Marco Cattaneo.
Averti de la décision de l’Uni, le préposé à la transparence, Stéphane Werly se veut prudent: «Notre autorité reste en attente des documents attestant de ces modifications. Et se réserve la possibilité de rédiger une recommandation si ces modifications ne satisfont pas aux règles de protection des données.»
Du côté des étudiants, Benjamin Aebi, auteur d’une pétition contre le logiciel, réagit à la décision de l’Uni: «Cela rassure une partie des étudiants. Même s'il demeure surprenant que seule la GSEM utilise ce logiciel.»