Trop de cauchemars? Des troubles du langage? Un comportement jugé violent?... Autant de facteurs à risque qui peuvent conduire votre enfant de moins de 5 ans à suivre un traitement psychothérapeutique. A Genève, près de 2,4% des quelque 28'792 enfants dans cette tranche d'âge finissent par consulter, selon les chiffres de l'Unité de guidance infantile aux Hôpitaux universitaires genevois (HUG). Plus inquiétant: la gravité des problèmes diagnostiqués empire et requiert davantage de suivi médical.
Prévenir le mal
Mais comment un bambin se retrouve-t-il dans les bureaux du psy? «Les raisons sont multiples, explique Nathalie Nanzer, responsable de l'Unité de guidance infantile. Il peut s'agir d'enfants dont le développement moteur, langagier ou relationnel est perturbé, d'enfants déprimés ou anxieux, ou encore d'enfants qui ont subi un traumatisme.» Quant à l'âge du diagnostic, la précocité est privilégiée: «Le gros problème, ce sont les enfants que nous ne voyons pas suffisamment tôt, affirme la pédopsychiatre. Les études montrent qu'une thérapie est beaucoup plus efficace chez les jeunes enfants. De nombreux adolescents qui consultent auraient dû le faire plus tôt.»
Tout le monde touché
Loin de concerner uniquement les foyers en difficulté socio-économique, les problèmes psychologiques affectent les familles de tous horizons. «Elles ayant une situation confortable sont autant touchées que les foyers monoparentaux ou instables», assurent Christine Steimer et Raphael Steffen, co-directeurs de l'Espace de vie enfantine des Libellules, à Vernier. Ces experts savent de quoi ils parlent: avec 20% d'enfants nécessitant un encadrement spécifique – dont environ la moitié en milieu psychiatrique – leur crèche fait partie des plus socialement précaires du canton. «Un grand nombre des enfants ayant besoin d'un appui supplémentaire ont des parents psychologiquement fragiles, notamment bipolaires ou schizophrènes.» D'autres facteurs, comme les écrans TV et informatiques sont également pointés du doigt: «De plus en plus d'études font le lien entre le temps passé devant les écrans et les troubles du comportement chez les jeunes enfants», souligne Nathalie Nanzer.
Diagnostic à la crèche
Avant de consulter le psy, les enfants peuvent compter sur l'encadrement du personnel en crèche: «Nous faisons un premier dépistage afin d'intervenir avant que le problème n'existe», insistent Christine Steimer et Raphael Steffen, faisant écho aux propos de la Guidance infantile. Et Nathalie Nanzer de préciser: «Environ 70% des enfants que nous recevons sont envoyés par les professionnels de la petite enfance.» Pour le pourcentage restant, le milieu associatif, par exemple lafamily.ch, donne des conseils sur l'éducation infantile: «Pour les cas graves, notamment de violence domestique, nous recommandons un suivi psychiatrique, explique Isabelle Henzi, gestionnaire du site. Mais pour les problèmes de nature éducative, comme les caprices ou les troubles du sommeil, nous guidons les familles vers l'Ecole des parents, qui offre un soutien non médicalisé.»Nathalie Nanzer, quant à elle, conclut en relevant les progrès de la société: «Avant, nous banalisions les problèmes de nos enfants, sans tenir compte des répercussions à long terme. La société actuelle prend plus de temps pour nos petits et accorde plus d'importance à leurs difficultés. C'est une bonne chose! Nous devons maintenant être attentifs à ne pas revenir en arrière.»