Futur dépôt TPG: doutes sur la date d’ouverture

  • Le chantier d’En Chardon tourne au ralenti en attendant le nouvel électricien.
  • Révélation: le mandataire principal, qui travaille depuis cinq ans sur le chantier, a été débarqué fin août.
  • Les TPG se veulent rassurants: les reports ne pénaliseront ni les usagers ni la mise en service du Léman Express

  • Le chantier d’En Chardon attend l’arrivée d’au moins 60 électriciens .DR/TPG

    Le chantier d’En Chardon attend l’arrivée d’au moins 60 électriciens .DR/TPG

«Les délais sont relativement courts mais nous les estimons raisonnables»

Denis Berdoz, directeur général des TPG

Dans quelques mois, le dépôt des Transports publics genevois (TPG) d’En Chardon est censé accueillir 70 trams et 130 bus, sur un espace de 80’000 m2 d’emprise au sol. Après le scandale de l’entreprise d’électricité italienne, qui a éclaté cet été, les TPG ont annoncé un report de l’ouverture au 20 avril 2020 (au lieu du 15 décembre 2019 initialement prévu). Mais, cette date est-elle tenable?

Plusieurs connaisseurs du dossier émettent de sérieux doutes. A l’image du député Serge Hiltpold: «C’est un beau pataquès! Le délai pour finir les travaux d’électricité paraît très court et je reste dubitatif sur la date du 20 avril pour une mise en service du dépôt», lance ce PLR, issu des milieux patronaux.

Trois entreprises sur les rangs

Sur place, certaines entreprises ne cachent pas leur impatience. Pour cause, les installations sont fortement dépendantes de l’électricité. «On nous a promis l’arrivée de 80 électriciens pour mi-septembre», assure l’un des prestataires. Impossible puisque l’appel d’offres, lancé le 29 juillet pour remplacer l’entreprise italienne, n’est pas encore finalisé.

La bonne nouvelle tout de même pour les TPG, c’est que des candidats ont répondu à l’appel. Ce qui n’était pas forcément gagné. Pas facile de dégoter au minimum 60 électriciens en un délai si court. Selon nos informations, trois candidats sont sur les rangs: une entreprise vaudoise, une genevoise et un consortium genevois.

Que reste-il à faire au juste? «L’ordre de grandeur est de 15% en termes de volume de travail lié aux installations électriques», indique le directeur général des TPG Denis Berdoz. Soit treize semaines de travaux. «Pour le moment, le chantier d’En Chardon tourne au ralenti, précise-t-il. Les électriciens devraient arriver début octobre. Le planning prévoit une fin de chantier pour la fin de cette année, en l’absence de tout obstacle juridique ou technique. Puis suivront les trois mois de tests.» D’où la date du 20 avril pour ouvrir En Chardon.

Denis Berdoz se veut confiant: «Les délais sont relativement courts mais nous les estimons raisonnables. Le 20 avril est la date officielle mais ce n’est pas un engagement gravé dans le marbre.»

Surcoût d’une dizaine de millions

Première étape clé: choisir le nouvel électricien. Or, l’un des problèmes majeurs que pose l’appel d’offres, c’est que l’entreprise va devoir se porter garant pour l’avenir de travaux qu’elle n’a pas elle-même réalisés. Ce qui a d’ailleurs un prix. Les trois offres pour relever le défi oscillent entre 6,5 et 7,6 millions de francs.

De quoi imaginer un surcoût dans la facture finale. Denis Berdoz confirme l’ordre de grandeur: «Nous l’estimons à une dizaine de millions de francs au total» sur un budget global de 310 millions (hors taxe et hors renchérissement). Difficile cependant d’être plus précis tant que la justice n’a pas tranché le litige qui oppose désormais l’entreprise italienne et les TPG.

Mandataire principal mis dehors

L’autre souci, c’est que ce n’est pas la seule procédure à laquelle les TPG sont confrontés sur ce chantier. Comme nous l’avons appris, le mandataire principal, incluant un architecte et différents ingénieurs spécialisés, et qui assurait tout le suivi du chantier depuis cinq ans, a été poussé vers la sortie à la fin de l’été. «Le 23 août, nous avons résilié le volet du mandat concernant la surveillance du chantier. Nous avions de grosses insatisfactions quant à leurs prestations à plusieurs niveaux», souligne Denis Berdoz, sans donner plus de détails. Résultat une procédure de médiation est en cours qui pourrait potentiellement avoir, elle aussi, des conséquences financières.

«La direction des travaux s’appuie désormais sur notre équipe de projets et sur des mandataires externes.» Autant dire que «l’été aura été compliqué», conclut le directeur général des TPG.

Quant au Département des infrastructures, il précise «rester en contact très étroit avec le maître d’ouvrage, les TPG, pour superviser la bonne réalisation de ce chantier», essentiel pour le développement des transports en communs.

«Aucun impact sur le Léman express»

Le 15 décembre entreront en service le Léman Express et la ligne de tram transfrontalière 17 qui reliera Genève à Annemasse. Initialement, le dépôt d’En Chardon devait lui aussi ouvrir à l’occasion de cette étape clé. Ce ne sera pas le cas. Mais, le directeur général des TPG, Denis Berdoz, l’assure: ce report n’aura pas d’impact pour les clients. Un point sur lequel le Département des infrastructures s’est montré particulièrement vigilant: «Des assurances ont pu être obtenues.» Denis Berdoz persiste et signe: «Cela ne change rien pour les usagers que le véhicule sorte d’En Chardon ou du Bachet-de-Pesay. A nous de construire les plannings horaires de nos 1300 conducteurs et de nos 400 véhicules avec la configuration actuelle. Ce qu’on fait tous les jours.» Il poursuit: «Il est certain qu’on sera dans une configuration optimale une fois qu’En Chardon sera ouvert mais, le décalage n’aura aucun impact sur le service à la clientèle.» Pourquoi? Tout simplement parce que le rôle du futur dépôt n’est pas intrinsèquement lié au Léman Express. «En Chardon va nous permettre de désengorger les installations actuelles que sont le Bachet-de-Pesay et la Jonction. Deuxième objectif: libérer l’extrême pointe de la Jonction où devrait naître un parc. Troisième objectif: préparer l’avenir au vu de la hausse de l’offre des transports publics. Ce qui nécessite plus de personnel et plus de véhicules.» En termes de fonctionnement, le report au 20 avril va donc simplement prolonger la situation actuelle. Ainsi, les trams qui dorment actuellement dehors, surveillés par des agents de sécurité, vont le rester quatre mois de plus. «L’incidence financière sur l’exploitation est tout à fait modeste», conclut Denis Berdoz.