«Il n’est pas question de mettre un policier derrière chaque citoyen»
Mauro Poggia, conseiller d’Etat
«Restez chez vous!» avait clairement martelé, lundi 16 mars en fin de matinée, le président du gouvernement Antonio Hodgers, appelant au civisme, à la responsabilité et à la solidarité des habitants du canton. «Le Conseil d’Etat a pris des mesures fortes contre la propagation du virus Covid-19. Genève se retrouve en semi-confinement», déclarait-il avant que la Confédération ne prenne seule les commandes de la crise à la fin d’une journée qu’il faut qualifier d’historique.
Fermetures d’établissements publics
Lundi 16 mars en effet l’état d’urgence a été déclaré dans le pays jusqu’au 19 avril. Une première pour nos générations, en temps de paix. Concrètement, cela signifie que les rassemblements et manifestations à l’intérieur ou en extérieur de plus de cinq personnes sont interdits. Les réunions professionnelles restent admises. «Il n’est pas question de mettre un policier derrière chaque citoyen», a précisé le conseiller d’Etat Mauro Poggia, en charge du Département de la sécurité, de l’emploi et de la santé (DSES).
Identique dans tous les cantons, le plan d’urgence prévoit également que tous les établissements dont les prestations impliquent un contact rapproché avec les clients doivent être fermés. Cela concerne notamment les magasins, restaurants, bars, établissements de divertissements et de loisirs. Mais aussi les coiffeurs, barbiers et esthéticiennes, cinémas, théâtres, centres sportifs et fitness. Il en va de même pour toutes les activités liées à la prostitution.
Etablissements de première nécessité ouverts
Restent ouverts les établissements de première nécessité. Autrement dit, les commerces d’alimentation et de produits d’hygiène, les cantines d’entreprise, les services de petite restauration à l’emporter et de livraisons de repas. Ainsi que les pharmacies, drogueries, stations-service et kiosques. De même que les gares, banques, offices de poste, hôtels et certaines administrations publiques. Les listes exhaustives peuvent être consultées sur les sites officiels.
Formellement, les autorités genevoises ont aussi appelé tous les employeurs du canton à réduire leurs activités au strict minimum. Elles ont elles-mêmes demandé à 80% du personnel du petit-Etat de rester à la maison pour pratiquer, dans la mesure du possible, du télétravail. Seuls les fonctionnaires fournissant des prestations prioritaires restent sur leur lieu de travail. «Les rémunérations sont inchangées», a assuré de son côté la cheffe du Département des finances, Nathalie Fontanet.
Un plan d’urgence économique cantonal visant à compléter l’aide promise aux entreprises par la Confédération a également été annoncé lors de la séance extraordinaire du Conseil d’Etat. Il sera détaillé et mis en œuvre dans les jours à venir. Autre décision d’importance, la justice tournera au ralenti en laissant le personnel non indispensable à domicile, en télétravail. En conséquence et jusqu’à nouvel ordre, l’activité sera limitée aux prestations urgentes ou particulièrement importantes identifiées dans chacune des filières civile, pénale et administrative.
Contrôles aux frontières
Le Conseil fédéral a par ailleurs décidé d’établir également des contrôles aux frontières françaises, allemandes et autrichiennes. Cela a causé passablement de gabegie à certaines douanes, mardi 16 mars. L’entrée sur sol helvétique n’étant désormais autorisée que pour les Suisses, les personnes disposant d’un permis de séjour et celles voyageant pour le travail. Le transit et le transport de marchandises restent autorisés. Dans cette optique, les douanes secondaires resteront fermées de manière à canaliser le trafic sur les douanes principales. «Toutes ces mesures visent à protéger la population et à préserver les capacités du système suisse de santé», ont expliqué d’une même voix les autorités. Rappelant au passage que la Suisse est pour l’heure le deuxième pays le plus touché d’Europe, après l’Italie, par la pandémie.