Genève-Lausanne: l’enfer sur l’autoroute

  • Queues de poisson, voitures ventouses sur la voie de gauche, motos qui zigzaguent, l’axe autoroutier est le théâtre de toutes les infractions.
  • Pour les pendulaires qui l’empruntent chaque jour, la situation est devenue infernale.
  • Reportage un matin comme les autres à l’heure de pointe au départ de Genève.

  • Les voitures squattent la voie de dépassement. Les infractions se multiplient sur l’autoroute, inaugurée en 1964, qui n’est plus adaptée à l’augmentation du trafic. CHRISTIAN BONZON

    Les voitures squattent la voie de dépassement. Les infractions se multiplient sur l’autoroute, inaugurée en 1964, qui n’est plus adaptée à l’augmentation du trafic. CHRISTIAN BONZON

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Une vitesse moyenne de 48 km/h et 35 infractions constatées à la loi sur la circulation routière

Mardi 19 novembre, entrée d’autoroute Genève-Lac, les voitures qui s’élancent sont nombreuses. Il n’est que 7h20. Déjà, les premières infractions. Un automobiliste change de voie sans clignotant. Puis, un deuxième. Et un troisième. Une moto déboule en zigzaguant entre les files. La concentration est de rigueur. Pourtant, les conducteurs, avec leur téléphone portable à portée de main, sont nombreux. Un coup d’œil sur la route, un autre, rapide, sur Whatsapp ou Facebook. Même si un tel comportement est punissable d’une amende de 100 francs et, surtout, peut provoquer un grave accident, la tentation est la plus forte.

A la hauteur de Versoix, un premier ralentissement. Sur la voie de gauche, les voitures se suivent, à peine éloignées de quelques mètres les unes des autres. La règle consiste pourtant à maintenir avec le véhicule qui nous précède une distance correspondant à la moitié de la vitesse. A 100 km/h, il faut donc rester à 50 mètres. Voilà pour la théorie. Dans la pratique, quasi-personne ne respecte cette marge de sécurité.

Freinage périlleux

Très rapidement, la situation se tend. Une grosse berline s’aventure dans un périlleux dépassement par la droite, passible d’un retrait de permis, puis se ravise. Dans le même temps, une jeep squatte la voie de gauche. Oubliant au passage que cette dernière ne doit être empruntée qu’en cas de dépassement. Les kilomètres défilent, mais le véhicule ne bouge pas. Il continue sa petite balade à 110 km/h. Enfin, son conducteur se décide à se rabattre. Mais sans clignotant, obligeant des motos et des scooters qui nous dépassent par la droite à effectuer un freinage périlleux. L’accident est évité de justesse.

Il est 8h, le premier bouchon s’est formé à la hauteur de Coppet. Presque tous les automobilistes en profitent pour consulter leur portable. A l’approche de l’aire de repos de Crans-près-Céligny, certains braquent brusquement et transforment l’accès à cet emplacement en voie d’échappatoire, accélèrent et réintègrent le trafic après avoir traversé une ligne continue. Une manœuvre interdite et dangereuse qui leur permet de gagner au mieux une vingtaine de secondes.

Nous roulons au pas jusqu’à Rolle. Le trafic reprend son rythme de croisière. Sur la voie de droite, quelques camions; à gauche, tous les autres véhicules. Cette circulation en accordéon use les freins. Il est 8h35, nous apercevons enfin le panneau Lausanne-Sud.

Pour avaler les 60 kilomètres de cet axe autoroutier totalement saturé, il aura fallu une heure et quinze minutes. Nous avons donc roulé à une moyenne de 48 km/h. Une lenteur qui s’ajoute aux 35 infractions constatées à la loi sur la circulation routière. De quoi mettre les nerfs des pendulaires à rude épreuve… Mais certains jours, beaucoup de conducteurs vous le confirmeront, c’est infiniment pire!

Les polices cantonales à l’action

Lancée il y a peu, une campagne de sensibilisation est menée conjointement par les polices cantonales de Genève et Vaud. «Il s’agit de rappeler certaines règles. La faute principale constatée étant l’usage abusif de la voie de dépassement, précise Silvain Guillaume-Gentil, porte-parole de la police cantonale genevoise. En restant inutilement sur cette voie, le conducteur fautif contraint les autres usagers à se mettre eux-mêmes en irrégularité par des manœuvres pouvant être dangereuses.» Et d’ajouter: «Le bilan est positif dans la mesure où, sur le petit tronçon genevois, nous n’avons pas constaté beaucoup d’«usage abusif de la voie de dépassement». Cependant, plusieurs infractions ont été relevées et poursuivies, la principale étant l’absence de la vignette autoroutière, suivie par le dépassement sur une surface interdite au trafic et tout de même quelques usages abusifs de la voie de dépassement. Nous allons répéter l’opération durant le mois de novembre afin d’affiner ou pas ce constat.»