Genève s'attaque à la cyberviolence

- Le Département de l'instruction publique, de la culture et du sport va déployer un plan de lutte contre le (cyber-) harcèlement entre les élèves.
- A la rentrée scolaire 2013-2014, neuf établissements du primaire, Cycle d'orientation et postobligatoire entreront dans une phase pilote.
- Les mesures de prévention sont soutenues par la Confédération.

  • La cyberviolence et le harcèlement sont pris très au sérieux par le Département de l'instruction publique.

    La cyberviolence et le harcèlement sont pris très au sérieux par le Département de l'instruction publique.

  • La cyberviolence et le harcèlement sont pris très au sérieux par le Département de l'instruction publique.

    La cyberviolence et le harcèlement sont pris très au sérieux par le Département de l'instruction publique.

La cyberviolence et le harcèlement minent le climat scolaire… A tous les niveaux. Usurpations d'identité sur les réseaux sociaux, diffusions d'images sur les natels, insultes sur le net 24 heures sur 24: le cyberharcèlement est une forme de violence qui peut prendre des proportions inquiétantes pour les élèves. C'est la première fois que Genève mesure ce phénomène. Des violences qui se caractérisent aussi par des coups, des insultes graves, du bizutage, des humiliations, voire des déprédations..

3000 élèves sondés

Face à ce phénomène, le Département de l'instruction publique (DIP) a mené, en 2012, une enquête auprès de 3000 élèves pris au hasard dans les Cycles d'orientation et au postobligatoire. Intitulée Harcèlement et cyberharcèlement: mesurer et agir au sein des écoles genevoises, cette étude démontre que sur les 1200 élèves de 13-15 ans et les 1800 âgés de 17-20 ans sondés, près de 180 reconnaissent subir des actes répétés, réels et virtuels, de microviolence. Tous affirment que ces actes sont perpétrés une à deux fois par semaine. Par peur ou par honte, ces jeunes n'osent pas en parler à la maison, ni même aux enseignants…

Comment?

Dès la rentrée scolaire 2013-2014, le DIP va s'attaquer de front à ces violences. Comment? En lançant un programme de prévention pilote dans neuf établissements, trois au primaire, trois au Cycle d'orientation et trois au postobligatoire.

Adultes formés

«Nous n'allons pas former des élèves, mais des adultes», explique May Piaget, secrétaire adjointe au DIP. Il faut donner les clés aux adultes qui travaillent dans les établissements scolaires. Ainsi, que ce soit le concierge, le bibliothécaire, le responsable d'économat, l'infirmière ou encore la secrétaire, tous seront sensibilisés sur la façon d'agir pour aider un élève victime de harcèlement. Les enseignants et les parents viendront ensuite. Le DIP travaille de manière transversale avec l'ensemble de ses services (le Service de recherche en éducation (SRED), l'Office de l'enfance et de la jeunesse, etc.) et Action Innocence (association de protection de l'enfance sur internet).

Peur et honte

«Notre sondage a démontré que les enfants harcelés se plaignent rarement auprès des profs ou de la famille, détaille May Piaget. Dans la majorité des cas, ils se confient à un copain. Mais nous avons aussi constaté que d'autres se réfugient à la bibliothèque, aux toilettes, et autres endroits discrets des écoles. Ils sont vus par le personnel administratif qui doit savoir à qui s'adresser pour les aider.»

 

«T'ar ta gueule à la récré!»

ChZ • A l'école primaire, depuis une dizaine d'années, les garçons trouvent des excuses pour ne plus aller en classe le jour de leur anniversaire. Pourquoi? «C'est une tradition, confie Nicolas, 8 ans. A la récré, les autres garçons nous courent après et nous bousculent. Parfois des coups partent…» Les gosses font la fête à leurs camarades de manière peu cavalière. «Depuis la primaire, mon fils tait son anniversaire, confie une maman. J'ai appris que si les autres camarades ne participent pas à ces bizutages, ils se font cogner à leur tour!» En réalité, selon de nombreux enfants harcelés le jour de leur anniversaire, les actes ne sont pas violents, et se cantonnent, la plupart du temps, à des jets de farine, d'œufs, voire au passage de l'élève sous la douche. Pour éviter cela, nombreux sont les gamins qui se font porter pâles le jour de leur anniversaire: «Mon fils, depuis lors, renonce à mettre sa date d'anniversaire sur Facebook», témoigne Sandrine, mère de Raphaël, 15 ans.Le Département de l'instruction publique (DIP) est-il au courant de ces drôles de pratiques? «Oui, confirme May Piaget, porte-parole du DIP. Nous ne minimisons pas ce phénomène qui existe depuis plusieurs années. Ces agressions ressurgissent régulièrement avec plus ou moins d'acuité. Elle sont considérées par le DIP comme une forme de bizutage. Elles feront partie des mesures de prévention que nous mettons en place à la rentrée 2013-2014.»