Genève tente de légiférer

  • Les baux à loyer sont entre les mains de personnes qui exploitent leurs «locataires».

    Les baux à loyer sont entre les mains de personnes qui exploitent leurs «locataires».

PROSTITUTION • En Suisse, il n'y a pas de loi fédérale sur la prostitution. A Genève, l'enregistrement de personnes qui se prostituent remonte à 1948. En 1994, l'exercice de la prostitution est soumis à un bref règlement entériné par le Conseil d'Etat. Suite à des motions de députés invitant à lutter contre la prostitution forcée, un projet de loi genevois a été élaboré en 2008 par le Département de l'intérieur pour «réglementer de manière plus stricte l'activité des salons de massage». Une loi acceptée par le Grand Conseil en 2009 qui est entrée en vigueur le 1er mai 2010.

Charges

Comme toutes les personnes exerçant une activité lucrative indépendante, les travailleurs du sexe s'acquittent de leurs impôts et cotisent aux assurances sociales (AVS). Elles ont l'obligation de s'annoncer auprès de la police (Brigade des mœurs). Depuis septembre dernier, elles peuvent devenir membres du Syndicat des travailleurs et des travailleuses du sexe (STTS), ce qui leur donne des moyens de lutter contre la concurrence déloyale, l'insécurité... et les loyers usuriers.

Loyer abusif

Pour revenir aux loyers abusifs que la plupart d'entre elles subissent, la loi oblige également les femmes travaillant aux Pâquis à ne plus partager, à deux ou trois, un appartement pour y vivre et y travailler. Cette solution de colocation était jusque-là très largement utilisée par les prostituées car cela leur permettait de diviser leur loyer et de travailler en sécurité. «Depuis, les baux à loyer ont changé de mains, déclare Michel Félix, chargé de communication d'Aspasie, l'association de défense des travailleurs du sexe. Ce sont désormais quelques personnes qui les ont récupérés et exploitent leurs «locataires.» Elles n'ont d'autres choix que de travailler dans des salons de prostitution ou de payer et subir. Jusqu'à quand ?