«Il faut protéger les locataires retraités»

- Le député Ronald Zacharias part en guerre contre les résiliations de bail abusives pour les plus de 65 ans.
- Son but? Empêcher que les régies à Genève puissent expulser les aînés pour des motifs économiques.
- Réactions contrastées des milieux de défense des propriétaires et ceux des locataires. Notre dossier.

  • Le candidat au Conseil d’Etat Ronald Zacharias veut faire de la défense des locataires âgés  une des priorités de sa campagne électorale. DR

    Le candidat au Conseil d’Etat Ronald Zacharias veut faire de la défense des locataires âgés une des priorités de sa campagne électorale. DR

«Les aînés ont besoin d’être protégés de manière immédiate et sur la durée»

Ronald Zacharias, député et candidat au Conseil d’Etat sur la liste Genève en Marche

«J’ai été choqué d’apprendre qu’une régie avait résilié le bail d’une personne de plus de 80 ans alors qu’elle payait normalement son loyer», dénonce, indigné, Ronald Zacharias, député et candidat au Conseil d’Etat sur la liste Genève en Marche. «C’est tout simplement ignoble. Personne ne devrait avoir la possibilité de faire une chose pareille! Pensez-y… avoir le bail de son logement résilié est déjà une tragédie en soi à n’importe quelle période de sa vie. Mais recevoir son congé lorsqu’on est un retraité âgé, c’est encore plus cruel. D’un seul coup, vous perdez votre toit, vos repères, votre intimité et vos habitudes. C’est la pire des choses qui puisse arriver à une personne vulnérable et la plupart du temps esseulée. Pour elle, une telle mesure peut avoir un avant-goût de condamnation à mort», appuie-t-il.

Ni de gauche ni de droite

«Il faut une protection pour tous les locataires de plus de 65 ans», préconise Ronald Zacharias. «Ce n’est pas à eux d’être les boucs émissaires de propriétaires qui souhaitent résilier un bail pour motifs économiques», tranche-t-il.

Reste à savoir comment l’élu compte faire bouger les lignes à l’échelle cantonale alors que le droit du bail est fédéral? «C’est vrai. La solution cantonale ne peut pas être législative. Ce n’est pas une raison pour ne pas agir.» Concrètement? «Les aînés ont besoin d’être protégés de manière immédiate et sur la durée. Je propose donc d’inscrire le principe dans les conditions générales du bail au moment de sa signature. Il suffit de passer des accords paritaires entre milieux de défense des locataires et ceux de défense des propriétaires. De mon côté, j’ai déjà intégré, dans les contrats de baux des immeubles locatifs que je gère, ces principes qui ne sont au fond ni de gauche ni de droite mais purement humanistes. Je compte les généraliser, dès le 15 avril, soit après les élections du Grand Conseil et le premier tour du Conseil d’Etat.»

Manœuvre électoraliste

Voyons ce qu’en pensent les milieux sollicités par Ronald Zacharias. Et d’abord l’Asloca, l’association de protection des locataires. «Je ne peux m’empêcher de voir dans ce projet une manœuvre électoraliste», ironise Christian Dandrès, avocat de l’Asloca et député socialiste. «Je rappelle que Ronald Zacharias a combattu, comme élu et propriétaire immobilier, à peu près tout ce qui existe au niveau du droit des locataires. Cela dit, s’il arrive à convaincre les milieux immobiliers et à obtenir leur accord, je serais le premier à approuver la mesure», reconnaît Christian Dandrès. Avant de conclure: «D’autant qu’au niveau cantonal, il n’y a quasiment pas de marge de manœuvre, hormis ce que l’Asloca a pu obtenir comme sursis humanitaire à l’évacuation.»

Incompréhensible et inutile

«Il s’agit d’une tentative de modification du droit fédéral. Je comprends mal son utilité, les locataires étant très protégés par le droit et les juridictions», se borne à rappeler Christophe Aumeunier, secrétaire général de la Chambre genevoise immobilière. Il n’en dira pas plus. Preuve que trouver des accords paritaires à Genève, sans même parler du droit fédéral, ne sera pas si simple que cela. Et pas seulement en période électorale.

Antonio Hodgers: "Je soutiendrai la démarche très certainement"

GiM • «Pour réformer le droit suisse du bail, je suis également sur le point de déposer une résolution aux Chambres fédérales», révèle le député de Genève en marche Ronald Zacharias. But de la manœuvre? «Le doter d’une loi empêchant les propriétaires de résilier le bail des locataires de plus de 65 ans pour des motifs économiques. C’est un processus juridique beaucoup plus complexe et long que celui à l’échelle du canton. Mais le combat doit être mené sur tous les fronts donc également à Berne», plaide-t-il. «C’est de la pure comm’ électorale, mais le principe est bon!», analyse de son côté le conseiller d’Etat Antonio Hodgers, chef du Département de l’aménagement, du logement et de l’énergie (DALE). Qui conclut: «Mais dès lors qu’il y aurait une démarche au niveau du Grand Conseil pour demander aux Chambres fédérales d’introduire ce principe dans le droit du bail, je la soutiendrai très certainement.»