Jardins familiaux vandalisés au quotidien

- Forte recrudescence de vols, déprédations et squats dans des centaines de chalets.
- Dépités, des propriétaires organisent leurs propres milices de surveillance.
- Sur le pied de guerre, les polices cantonale et municipale sécurisent les sites.

  • Un spectacle quotidien désolant pour les propriétaires de petits chalets dans les jardins familaux. DR

    Un spectacle quotidien désolant pour les propriétaires de petits chalets dans les jardins familaux. DR

«Près de 1400 effractions ont été commises en moins de trois mois!»

Saskia Duarte, vice-présidente de la Fédération des jardins familiaux

«Nous sommes au bord de la crise de nerfs! Tous les jours nous découvrons des individus qui dorment dans nos chalets! Tous les jours, on nous vole des outils, des légumes, des duvets, des matelas, de la nourriture. Tous les jours, il y a de la casse. On n’en peut plus!»

Vandalisme généralisé

Des centaines de propriétaires de jardins familiaux, répartis dans vingt-six sites du canton, lancent un cri d’alarme. Depuis trois mois, des parcellaires de ces lopins de terre, notamment de Veyrier, Vernier, Perly et Plan-les-Ouates, sont quotidiennement la proie des vandales, squatters et autres cambrioleurs. «On en a marre! Avant, on nous volait une ou deux patates ou salades. Aujourd’hui, on nous pique carrément des kilos de légumes», dénonce Saskia Duarte, vice-présidente de la Fédération du groupement des jardins familiaux. Et d’enchaîner: «Des inconnus s’incrustent chez nous, dérobent nos denrées, nos objets personnels. Ils font aussi des dégâts! Certains parcellaires ont même été cambriolés six fois en une semaine! Nous avons recensé uniquement dans notre groupement de Montfleury, 83 effractions en six semaines! Et les assurances ne nous remboursent plus!»

Lopin près de la frontière

Du côté de Veyrier, à une encablure de la frontière (lire ci-dessous), la situation est également sous haute tension. «Des sans-abri squattent et salissent nos habitations», s’indigne Jacques, parcellaire d’un petit lopin de terre depuis 30 ans… «Le pire? Ils urinent partout et font des dégâts.»

Autre exemple: au groupement de Plan-les-Ouates, près de 150 effractions ont été commises en seulement un mois… «Ils sont venus chez moi quatre fois en une semaine; ils m’ont volé mon installation solaire», s’étrangle Pierre, qui rappelle que sa pergola est toute sa vie.

Même topo à Perly: «Des gens du voyage se sont servis de nos habits et literie, témoigne Anita. La police a pu les interpeller. Leur campement était situé sous le tunnel de l’autoroute».

A Vernier, dans le groupement de Montfleury, sur 85 parcelles, 101 ont été l’objet d’effractions en seulement un mois.

Plus de mille effractions

De son côté, la direction de la Fédération des jardins familiaux a recensé, de décembre 2013 à janvier 2014, quelque 1400 effractions et une vingtaine de squats dans les groupements du canton (lire ci-dessous).

«Cela devient n’importe quoi. On croit vivre dans le tiers-monde, renchérit une parcellaire de Montfleury à Vernier. Je n’ai plus la force de m’investir pour maintenir nos lopins de terre en bon état. Chaque visite supplémentaire me dégoûte et me décourage. Je jardine ici depuis 23 ans…». Yvonne appuie encore: «Rejoindre le jardin, jour après jour, avec la crainte de constater les mauvaises surprises qui nous attendent, cela anéantit. C’est triste de voir tout notre travail saccagé presque toutes les nuits par des voyous».

Milice privée et rondes policières

La situation dans ces jardins familiaux s’est tellement détériorée, que certains propriétaires ont créé leurs propres milices: «On surveille nos terrains entre voisins à tour de rôle», lance Augustino.

«Le phénomène a été identifié depuis l’été 2013, relève pour sa part Silvain Guillaume-Gentil, du service de presse de la police. Il a été pris au sérieux en organisant des patrouilles conjointes avec les polices municipales. Des opérations nocturnes ont également été mises sur pied afin de tenter d’interpeller les auteurs en flagrant délit. Par ailleurs, la police de proximité du secteur de Blandonnet va prochainement organiser une séance à l’attention des propriétaires de chalets.»

Plaintes et arrestations

«De juin à décembre nous comptabilisons une centaine de plaintes pour des vols, déprédations, squats, etc.», poursuit-il. Il tient à souligner toutefois qu’il ne s’agit que de plaintes enregistrées formellement: «Toutes les victimes ne nous signalent pas forcément les effractions et les vols. Mais nous connaissons la problématique qui est toutefois en diminution depuis octobre 2013.»

La police ajoute qu’une dizaine de personnes ont été arrêtées en flagrant délit de vols ou de squats sur les divers sites depuis la fin de l’année dernière.