«Je vais me battre pour l’Economie»

  • Remaniement gouvernemental: le conseiller d’Etat écarte la perspective d’un recours auprès de la justice. 
  • L’élu PLR veut se consacrer totalement à son nouveau mandat de ministre du Développement économique.
  • Un département qu’il ne considère «ni mineur» ni «croupion», bien au contraire. Interview exclusive.

  • Pierre Maudet: «C’est un signal positif et fort qu’un magistrat puisse se consacrer entièrement à la promotion des entreprises, la recherche et l’innovation.» CHRISTIAN BONZON

    Pierre Maudet: «C’est un signal positif et fort qu’un magistrat puisse se consacrer entièrement à la promotion des entreprises, la recherche et l’innovation.» CHRISTIAN BONZON

«Je me réjouis de soutenir tous les entrepreneurs qui attendent qu’on leur simplifie la vie»

Pierre Maudet, conseiller d’Etat en charge du Développement économique

Fini les polémiques, place au travail. «J’ai pris la décision de ne pas faire recours contre la restructuration décidée par le Conseil d’Etat le 23 janvier, le Ministère public ayant déjà suffisamment pesé sur les choix du gouvernement genevois. Aujourd’hui, j’ai envie de me concentrer pleinement sur le contenu de mon nouveau mandat de ministre du Développement économique», révèle Pierre Maudet. Pour mémoire, ses départements de la Sécurité et de la présidence ont été définitivement répartis entre ses différents collègues (GHI 24.01.19). La nouvelle organisation gouvernementale entrera en vigueur le 1er février.

Choix incompréhensible

Surtout n’allez pas croire que, après mûre réflexion, Pierre Maudet adhère finalement aux mesures prises par l’Exécutif la semaine dernière. «Certainement pas. Je n’adhère ni aux décisions ni à la manière dont elles ont été prises lors de cette réunion secrète de certains conseillers d’Etat. Il y a là un véritable problème de respect des partis et de répartition des tâches en fonction des équilibres politiques votés par le peuple. Je rappelle que le PLR est le premier parti du canton. Au-delà de ça, cette réorganisation n’apparaît ni cohérente ni compréhensible pour les Genevois. Soit elle vise à me faire démissionner soit elle n’est pas viable. Dans les deux cas, les institutions sortent perdantes.»

Ingérable

Et le conseiller d’Etat PLR, qui n’entend pas démissionner, d’en faire la démonstration. «Le Département de la sécurité, que je connais très bien, demande énormément de temps. Rien que sur le volet de la détention, il y a huit établissements pénitentiaires à Genève. Cela représente la gestion d’un millier de fonctionnaires soumis à de très fortes pressions notamment au niveau de la surpopulation carcérale. Après le drame de La Pâquerette en 2013, nous avons repensé tout le système carcéral. L’évaluation de la dangerosité des détenus et leur réinsertion sont des enjeux stratégiques essentiels et chronophages. Assurer ces fondamentaux ne s’improvise pas. De même, la police sans contrôle étroit, c’est la planche à billets des heures supplémentaires qui redémarre. Je reconnais à mon collègue Mauro Poggia d’excellentes compétences, mais s’occuper à la fois de la Sécurité, de l’Emploi et de la Santé me paraît pour le moins très problématique.»

Signal positif

S’il admet vivre mal le retrait de son dicastère fétiche de la Sécurité, Pierre Maudet assure qu’il fera, comme a son habitude, le maximum dans son nouvel office. Celui-ci conserve un regard sur Palexpo, les Ports francs et la Fondation Genève Tourisme. «Je ne considère pas l’Economie comme un domaine mineur ou un département croupion. Bien au contraire. Le secteur de l’emploi privé représente quelque 250’000 postes de travail à Genève. C’est donc un signal positif et fort qu’un magistrat puisse se consacrer entièrement à la promotion des entreprises, la recherche et l’innovation. Je me réjouis de soutenir tous les entrepreneurs qui attendent qu’on leur simplifie la vie. Autrement dit, qu’on trouve des solutions concrètes pour qu’ils puissent consacrer plus de temps à leurs clients qu’à résoudre des problèmes administratifs.» Lire également en page 11.