«Je veux redonner confiance aux Genevois»

- La magistrate Esther Alder se plie avec aisance au jeu de l’interview des «100 jours» de mairie. 
- Une fonction de proximité et de partage qu’elle met aussi à profit pour reverdir son image médiatique. 
- Le tout en invitant tous les Genevois à devenir acteurs de leur vie.

  • Esther Alder, magistrate en charge du Département de la cohésion sociale et de la solidarité.  STEPHANE CHOLLET

    Esther Alder, magistrate en charge du Département de la cohésion sociale et de la solidarité. STEPHANE CHOLLET

  • Esther Alder, magistrate en charge du Département de la cohésion sociale et de la solidarité.  DAVID ROSEMBAUM-KATZMAN

    Esther Alder, magistrate en charge du Département de la cohésion sociale et de la solidarité. DAVID ROSEMBAUM-KATZMAN

GHI – Panique à bord. Le jour de la rentrée, lundi 24 août, des parents se sont vu refuser l’inscription de leur enfant aux cuisines scolaires (lire en page 5). On leur a reproché d’être hors délais. Que comptez-vous faire pour les rassurer?

– Esther Alder. Depuis deux ans, les inscriptions se prennent en mai et en juin. On va examiner attentivement toutes les situations, des dérogations sont possibles en cas de force majeure. Il n’est pas question de prétériter les enfants ou les familles en situation d’urgence. Reste que les parents ont été informés à l’avance. On parle de la prise en charge de près de 5000 enfants par jour en Ville de Genève. J’invite donc les parents à respecter les règles du jeu et prendre leurs responsabilités.

– Mais tout semblait bien fonctionner auparavant. Ces mesures ne visent-elles pas à municipaliser les cuisines scolaires?

– Non. Mon rôle est d’aider les associations en allégeant leur charge administrative tout en veillant au bon usage des deniers publics. Reste que le système actuel est appelé à évoluer.

– C’est-à-dire?

– Je préfère la notion de restaurant scolaire à celle de cuisine scolaire. L’enfant doit être considéré comme un client. Cela signifie améliorer la qualité de l’accueil et le confort des locaux. Il faut éviter les réfectoires en sous-sol et privilégier ceux de plain-pied, insonorisés, gais et offrant aux enfants la possibilité de choisir leur menu. Il faut aussi renforcer l’approvisionnement à 100% sur le marché local.

– Une manière de garder l’écologie au cœur de votre mandat?

– Espaces verts, façades d’immeubles végétalisées, tri des déchets, lutte contre le gaspillage, la Ville a de nombreuses choses à améliorer en matière de développement durable. La parole de la maire est entendue, c’est donc pour moi une opportunité de faire passer mes messages.

– Pour être entendue, il faut aussi du temps, ce qu’un mandat d’un an ne vous offre pas. Faudrait-il élire un maire pour 5 ans?

– Non. La formule actuelle me convient bien. Je suis pour l’alternance. On ne doit pas s’accaparer le pouvoir. Je préfère le partager.

– Quelle que soit sa durée, la mairie reste une formidable occasion de donner une identité, une force à la Cité. Quel visage aimeriez-vous incarner?

- Le visage d’une ville qui bouge. Je veux donner aux habitants les moyens d’agir sur leur vie quotidienne. Je souhaite que cette année de mairie soit aussi une occasion conviviale et chaleureuse de créer des ponts entre des mondes qui n’ont pas l’habitude de se côtoyer. Dans cet esprit, je vais organiser des «Rencontres improbables».

– Improbable... comme votre participation à Gliss’en Ville où vous avez dévalé un toboggan tête la première sur une bouée. Une sortie à la fois raillée et remarquée. Vous assumez?

– J’assume complètement. C’était génial. Il faut valoriser l’image d’une ville qui sait vivre et s’amuser. Permettre aux gens de vivre de nouvelles expériences. Malgré les problèmes, il ne faut pas tomber dans la morosité.

– N’avez-vous pas peur que cela renforce votre image un peu lisse et ingénue d’élue proche des pauvres mais éloignée de la stature d’une femme d’Etat?

- C’est aux électeurs d’en juger. Mais il ne faut pas tout confondre. Je suis certes la maire de la deuxième ville de Suisse mais je n’ai pas la prétention de passer pour la présidente du Conseil d’Etat. Chacun son rôle, chacun sa place.

– La ville l’a-t-elle gardée dans le dossier controversé des requérants d’asile de la salle du Faubourg. L’Etat vous a accusé d’héberger des délinquants?

– Dans cette affaire, la Ville de Genève a surtout montré sa capacité à gérer une situation de crise de manière efficace, responsable et dans le strict respect de la dignité humaine.

– Une manière de répondre aux détracteurs qui vous reprochent de ne pas être à l’aise dans les dossiers polémiques?

– Cela ne m’intéresse pas de créer de la polémique. La population a besoin de solutions et de personnes responsables capables de travailler au service du bien commun. N’oublions pas que sur l’accueil, un autre dossier sensible nous attend.

– Lequel?

– Le dispositif hivernal que nous mettons en place pour les personnes sans toit. On accueille chaque hiver près de 1200 personnes en situation de précarité et nous n’aurons pas forcément les infrastructures pour faire face aux besoins.

– Quelles mesures urgentes avez-vous prises pour résoudre cette crise annoncée?

– Au mois de juillet, j’ai convoqué églises, associations et partenaires publics dans le but de trouver des solutions alternatives.

– Pour maintenir et financer le filet social, vous aviez évoqué une hausse d’impôts juste après votre brillante réélection, le 10 mai. Est-ce encore à l’ordre du jour?

- S’il s’agit de défendre les prestations sociales, j’en ferai un combat personnel. Il est vital de ne pas péjorer la situation des personnes les plus démunies. Pour moi, il n’y a pas de tabou. On peut parler de tout pour trouver des solutions. Reste qu’en l’état, notre situation d’endettement à la Ville ne nécessite pas d’activer ce levier de la hausse d’impôts.

– Dans vos discours d’intronisation, parmi les défis prioritaires à relever, il y avait celui de rendre la confiance aux Genevois. Comment?

– C’est ensemble qu’on va trouver des solutions. Nous sommes tous acteurs de notre ville. Nous détenons les clés de notre succès. Les solutions existent. C’est ensemble qu’il faut les appliquer. Je veux le dire sur tous les supports. C’est pour cela que je donne également rendez-vous aux Genevois sur Facebook, le 2 septembre. Ce jour-là, de 17h à 18h30, ils pourront, pour la première fois, questionner en direct la mairie sur les réseaux sociaux.

www.facebook.com/villegeneve.ch

La maire verte utilise beaucoup la voiture de fonction. Est-ce vraiment écolo?

A l’heure où chaque élu est appelé à donner le bon exemple, Esther Alder, la maire verte de la Ville de Genève, utilise beaucoup la voiture de fonction avec chauffeur pour ses déplacements. Est-ce vraiment un comportement écolo? «Beaucoup, non. Mais c’est vrai que je l’utilise régulièrement», reconnaît l’intéressée. Qui poursuit: «Je le regrette mais c’est nécessaire pour honorer toutes les demandes de ma fonction de maire. Je précise tout de même que le véhicule est hybride et que je me déplace aussi beaucoup à pied et en transports en commun.»