Jean-Marie Fleury: «GHI-Blocher: rien n’est fait!»

  • Contrairement à certaines informations publiées notamment par les journaux du groupe Tamedia, le fondateur et éditeur de «GHI» et «Lausanne Cités» tient à rappeler qu’aucun rapprochement avec le groupe Zeitungshaus SA de Christoph Blocher n’a été finalisé.
  • A ce jour, il demeure seul maître à bord pour décider sereinement de l’avenir des deux hebdomadaires populaires.
  • Bien entendu, la neutralité de leur ligne éditoriale reste garantie. Explications.

  • Jean-Marie Fleury tient à rassurer  les lecteurs quant à l’indépendance de la ligne éditoriale de ses deux titres. DR

    Jean-Marie Fleury tient à rassurer les lecteurs quant à l’indépendance de la ligne éditoriale de ses deux titres. DR

  • Jean-Marie Fleury tient à rassurer  les lecteurs quant à l’indépendance de la ligne éditoriale de ses deux titres. DR

    Jean-Marie Fleury tient à rassurer les lecteurs quant à l’indépendance de la ligne éditoriale de ses deux titres. DR

  • Jean-Marie Fleury tient à rassurer  les lecteurs quant à l’indépendance de la ligne éditoriale de ses deux titres. DR

    Jean-Marie Fleury tient à rassurer les lecteurs quant à l’indépendance de la ligne éditoriale de ses deux titres. DR

La nouvelle a retenti comme un coup de tonnerre dans le monde de la presse helvétique. Mercredi 18 avril, l’entrepreneur Christoph Blocher, ancien conseiller fédéral, leader historique de l’UDC et patron du groupe Zeitungshaus SA s’est vu proposer de reprendre les participations détenues par le groupe privé Tamedia (50%) dans les hebdomadaires gratuits GHI et Lausanne Cités (LC). Deux titres créés à Genève et Lausanne, il y a près d’un demi-siècle, par l’éditeur Jean-Marie Fleury. La transaction, dont le montant n’a pas été communiqué, doit encore être validée par la Commission fédérale de la concurrence (Comco). De retour d’un séjour à l’étranger, Jean-Marie Fleury donne, en primeur à ses lecteurs, sa position sur l’avenir des deux journaux qu’il continue à diriger en qualité de président des conseils d’administration.

Giancarlo Mariani: Comment avez-vous appris que Tamedia voulait vendre à Zeitungshaus SA de Christoph Blocher les actions qu’elle détenait à 50% dans les titres «GHI» et «Lausanne Cités»?

Jean-Marie Fleury: J’étais à l’étranger lorsque Serge Reymond, directeur du secteur médias payants chez Tamedia m’a annoncé l’information par téléphone, une heure à peine avant l’envoi de leur communiqué de presse. Ma première réaction a été de regarder la date sur ma montre et de demander s’il s’agissait d’un poisson d’avril. Pas du tout m’a-t-on répondu, c’est très sérieux mais bien sûr nous respecterons nos conventions et le droit de préemption que vous détenez et que vous pouvez faire valoir dans le délai d’un mois.

– Allez-vous exercer ce droit qui vous permet de racheter toutes les actions des deux titres en priorité?

– Il est trop tôt pour répondre à cette question. Je dois évaluer les différents scénarios qui se profilent et leurs conséquences économiques pour le groupe SPN SA, propriétaire des titres à 50%. J’ai effectivement un mois pour le faire.

– Quels sont ces scénarios?

– Je rachète. Je vends. Je valide la transaction en cours. Tout est possible. Dans tous les cas, je vous informe que rien n’est fait!

– Quel est l’agenda des prochains jours?

– Je dois rencontrer Christoph Blocher, puis Rolf Bollmann, l’homme qui dirige son groupe de presse. Je rappelle que Zeitungshaus SA possède déjà plus d’une vingtaine de journaux gratuits en Suisse alémanique.

– Et qu’attendez-vous à l’échelle locale?

– Depuis mon retour samedi 21 avril, j’ai eu le temps de prendre connaissance des très nombreux articles et émissions radio et télévision qui ont été consacrés à cette nouvelle. Un véritable buzz qui montre à quel point l’indépendance éditoriale de GHI et Lausanne Cités est appréciée et compte à Genève et Lausanne. J’ai aussi entendu de nombreux politiciens, tant de gauche que de droite, ainsi que d’importants acteurs de la vie locale craindre que ces titres populaires ne tombent dans les mains d’un parti politique. C’est donc l’occasion pour moi de dire à tous ces décideurs qu’aucune décision n’est encore prise et que toutes leurs propositions seront étudiées. Pour l’heure, l’indépendance de la ligne éditoriale des deux titres est garantie.

– Une nouvelle rassurante pour les nombreux lecteurs…

– Oui. C’est à eux que je m’adresse en priorité.

– Et qu’en est-il de la décision de la Commission fédérale de la concurrence (Comco)?

– Elle a clairement son mot à dire même si, j’ai rarement vu cette institution s’opposer aux appétits voraces des grands groupes de presse. Dans tous les cas, j’aimerais inviter l’ensemble des médias à respecter leurs devoirs et responsabilités. Dans cette affaire, le mieux est que chacun se limite à relater les faits. Et rien que les faits!

D'Edipresse à Tamedia, un long chemin

L’éditeur Jean-Marie Fleury, explique les circonstances qui ont permis au groupe alémanique Tamedia de devenir propriétaire de 50% des hebdomadaires gratuits GHI et Lausanne Cités. «L’affaire remonte à fin 1994, lorsque le groupe de Jean-Claude Nicole, alors patron du regretté journal La Suisse, a disparu. A l’époque, l’éditeur lausannois Edipresse, propriété de la famille Lamunière, m’a informé qu’il reprenait certaines affaires de Jean-Claude Nicole et qu’il désirait entrer dans le capital de mes deux journaux gratuits GHI et Lausanne Cités. Ces titres, alors tant critiqués par les éditeurs de journaux payants, étaient profitables et faisaient des envieux. Mes concurrents m’ont aussi prévenu que si je n’étais pas disposé à leur vendre tout ou partie de mon capital, je subirais une concurrence telle qu’il me serait impossible de résister à leur offensive. C’est ainsi que j’ai vendu le 50% de mes actions à Edipresse, qui les a ensuite cédées à Tamedia en 2011, lors de son rachat par le groupe zurichois.»