La guerre des salons horlogers fait rage

  • Avec la mort de Baselworld, Genève aurait pu devenir la vitrine mondiale de l’horlogerie. Il n’en sera rien.
  • En effet, si Watches and Wonders se tiendra à Palexpo en avril 2021, le salon des marques indépendantes Imagination s’est tourné vers Lausanne.
  • La faute à une querelle d’egos sur fond de contrats d’exclusivité. Notre dossier.

  • Les obstacles restent encore nombreux pour réunir le secteur horloger autour d’un seul salon à Genève. DR

    Les obstacles restent encore nombreux pour réunir le secteur horloger autour d’un seul salon à Genève. DR

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«Pour un Genevaworld, il faudrait l’adhésion de tout le monde»

Carlo Naldi, cofondateur du salon Imagination

Un Genevaworld regroupant l’ensemble du secteur horloger à Palexpo, vous en rêviez? Bonne nouvelle, vous pouvez continuer de rêver. Pourtant, lors de la mort annoncée de la foire Baselworld, beaucoup y ont vu une formidable opportunité de (re)faire de Genève la capitale mondiale de l’horlogerie. Ils ont vite déchanté. L’année prochaine, si le contexte sanitaire le permet, il y aura non pas un, mais trois salons: Watches and Wonders à Palexpo, Imagination dans l’enceinte lausannoise de Beaulieu et Houruniverse à Bâle.

Un éparpillement qui attriste Carlo Naldi, cofondateur du salon Imagination dédié aux marques horlogères indépendantes: «Pour un Genevaworld, il faudrait l’adhésion de tout le monde, mais, depuis mars, même en envoyant des réservations fixes pour des milliers et des milliers de mètres carrés à Palexpo, nous n’avons reçu que des réponses négatives ou, pire, aucune réponse.»

Lausanne séduit

Pour se faire entendre, l’entrepreneur a décidé de saisir la Commission de la concurrence (Comco). Mais peu importe l’avancée de cette démarche judiciaire, il ne changera plus d’endroit et son salon se tiendra bel et bien dans la «capitale» vaudoise en avril 2021: «Lausanne est un lieu neutre, au centre de l’arc jurassien et de l’arc lémanique, une solution politiquement correcte qui offre d’excellentes infrastructures hôtelières. Nous y avons été très bien accueillis et c’était une option depuis le début.»

Un avis partagé par Olivier Muller, fondateur de LuxeConsult, très impliqué dans ce nouveau salon: «Dès le début, nous avons travaillé sur une deuxième option qui est celle de Beaulieu où nous avons été reçus les bras ouverts. La dispersion est malheureusement la conséquence d’une exclusivité absolue que la Fondation de la haute horlogerie (FHH) détient sur le secteur horloger à Palexpo depuis 1991.»

Rester optimiste

Contactée pour répondre à nos questions, la FHH n’a cependant pas donné suite. Quant à Claude Membrez, directeur de Palexpo, sa réponse est des plus brèves: «Palexpo pratique une gestion largement répandue en Europe qui vise à sécuriser les thématiques de ses clients fidèles.»

Pour Pierre Maudet, conseiller d’Etat évincé provisoirement du Département du développement économique, il convient de rester optimiste: «J’ai toujours affiché ma préférence pour que Genève accueille un nouveau salon horloger, avec l’ensemble des acteurs de la branche. Je pense que nous entrons dans un processus de reconstruction, dans un premier temps caractérisé par des efforts en ordre dispersé. A terme, je suis convaincu que nous assisterons à une consolidation du paysage événementiel qui commence à se dessiner.»

Résistance bâloise

Un avis qui ne semble pas être partagé du côté de Bâle. Après la déconfiture subie par Baselworld, on se souvient encore du départ des principales locomotives du secteur horloger, les équipes du groupe MCH tentent de remettre l’ouvrage sur le métier. Leur nouveau projet Houruniverse se profile comme un «un point de rencontre B2B2C qui inverse l’ordre du passé: au centre le client». Pour être plus clair, cette nouvelle proposition combinera une plateforme digitale accessible tous les jours de l’année et un show annuel prévu en avril (encore). Malgré les bonnes intentions de l’industrie horlogère, l’union autour d’un seul événement national semble donc encore bien lointaine.