«La lutte anti-OGM: une culture à Genève!»

"La lutte anti-OGM me fait penser à la lutte anti-nucléaire, c'est un peu culturel chez nous."

  • Gottlieb Dändliker, inspecteur de la faune à la Direction générale de la biodiversité.

    Gottlieb Dändliker, inspecteur de la faune à la Direction générale de la biodiversité.

INTERVIEW • Gottlieb Dändliker, inspecteur de la faune à la Direction générale de la nature et du paysage (DGNP), extrapole sur les implications d'une invasion de plantes transgéniques dans la cité de Calvin.

- Êtes-vous pour ou contre les organismes génétiquement modifiés (OGM)?

- Personnellement, je n'ai pas encore un avis tranché sur la question, mais la prudence s'impose. En tant qu'inspecteur de la faune, je privilégie un patrimoine naturel et diversifié. Ce qu'on reproche aux OGM, c'est surtout les risques qu'on ne maitrise pas. Par exemple, si leur résistance aux pesticides était transmise à des mauvaises herbes, cela obligerait les paysans à utiliser encore davantage de pesticides. A terme, c'est toute une faune et une flore qui sont détruites.

- Quel plan d'action politique faut-il envisager si des plantes transgéniques sauvages sont découvertes à Genève?

-Il faudra collaborer avec les responsables des surfaces concernées. Par exemple, si le champ d'un paysan est contaminé, nous l'encouragerions vivement à le détruire en échange d'une compensation financière. Nous continuerions ensuite nos contrôles sur deux à trois ans afin de nous assurer que la contamination est maîtrisée.

- Pourquoi Genève est-il l'un des cinq cantons à s'être engagé dans le prolongement du moratoire fédéral sur les OGM, qui prendra fin en 2013?

- Parce que les Genevois sont attachés à une agriculture de proximité. La lutte anti-OGM me fait penser à la lutte anti-nucléaire, c'est un peu culturel chez nous.

- Les OGM sont-ils un problème à court terme?

Non, pas encore à Genève, à ma connaissance. Le grand problème actuellement, c'est l'arrivée des espèces étrangères envahissantes. Notamment l'ambroisie, une plante dont le pollen menace la santé publique. Mais aussi d'autres, comme la Jussie, cette fleur qui peut pulluler dans les marais et étouffer la faune.