«Rien que dans ma rue, on est huit à cultiver de l'herbe. A Onex, au Lignon, à Meyrin et même en ville, on voit souvent des plants de cannabis sur les balcons. Il y a même des malins qui vont planter leur beuh dans des petits champs…» Un internaute genevois, consommateur de cannabis, donne ces précieux renseignements à un correspondant de France voisine, interloqué de constater que les feuilles de cannabis ornent les balcons de Genève en toute impunité.
Loi changée
Dans notre canton, le cannabis pousse comme des champignons à domicile, et plus particulièrement depuis l'année dernière. Les raisons? Depuis 2012, la loi permet d'avoir quatre plants pour autant que le THC – la substance active du cannabis – ne dépasse pas le seuil rendant euphorique (lire ci-contre). Mais voilà, rares sont ces personnes qui se procurent du cannabis uniquement parce qu'elles le trouvent joli.
Vols de plantes
Ainsi, depuis lors, on voit se multiplier des cultures sur des balcons mais surtout dans des placards d'appartements, dans des chambres aménagées, des caves ou des greniers. A un point, que les adeptes de la fumette se volent parmi! «L'été dernier on m'a fauché mes plantes sur mon balcon… je me voyais mal aller déposer plainte!», lance un «jardinier-consommateur». Tout comme la majorité des cultivateurs de chanvre à domicile, il tient à souligner qu'il ne fait pas pousser de l'herbe pour se faire de l'argent, mais bien pour sa consommation personnelle et celle de ses amis. «Ça coûte moins cher et cela nous évite de côtoyer les dealers de rue un peu craignos!»
Paradoxe de la loi
La législation, il est vrai, renferme un curieux paradoxe. D'un côté, elle tolère, dans les cantons romands d'avoir chez soi du cannabis, et, de l'autre, la loi sur les stupéfiants punit toujours la consommation.Ainsi, à cadence régulière, les bulletins journaliers de la police diffusent des faits divers annonçant des découvertes de cultures, voire de laboratoires à domicile, dans les caves ou les greniers. Pas plus tard que le 3 janvier dernier, la police a annoncé avoir mis à jour une culture dans un appartement à Lancy et a saisi 685 grammes de marijuana et du matériel servant à faire pousser le chanvre à l'intérieur. Plus précisément, une lampe à sodium, des filtres, un système de ventilation, un transformateur, des engrais ainsi qu'un bouquin donnant tous les renseignements pour réussir sa culture indoor. Comment la police a-t-elle mis à jour cette plantation? Tout simplement sur dénonciation du voisin, incommodé par l'odeur…
Piégé par l'odeur
Autre fait divers survenu fin décembre dernier. Cette fois, les narines des gendarmes se rendant à une réquisition dans un appartement à Onex, ont été titillées par une odeur pas nette dans l'ascenseur. L'homme, présent avec les pandores, portait un sac bourré de chanvre…«Lorsque nous découvrons des indices d'une culture, nous intervenons et dénonçons les cas, relève Silvain Guillaume-Gentil, porte-parole de la police. Les flagrants délits ou les dénonciations reste la majorité des cas que nous traitons.» La police est intervenue 44 fois en 2012 pour des cultures de chanvre à domicile, contre 39 fois en 2011. Des chiffres qui ne sont cependant pas représentatifs des cultures existantes. Il y en a sans doute plus…