La Pelotière: entre violence et lueurs d'espoir

  • La Pelotière: 5 bâtiments construits en marge de Versoix, à la frontière de Genthod.

    La Pelotière: 5 bâtiments construits en marge de Versoix, à la frontière de Genthod.

VERSOIX • Cinq bâtiments en béton. Abrupts. Construits en «marge» de Versoix, à la route des Fayards. Juste à la frontière de Genthod. Depuis 1996, près de mille habitants y (sur)vivent. Environ une vingtaine de nationalités s'y côtoient. La plupart avec des problèmes socio-économiques et psychosociaux. «Alors, et c'est un crime? s'insurge une habitante des lieux. De toute manière, on se sent mis de côté, rejetés.» En effet, les voisins, qu'ils soient versoisiens ou gentousiens, n'osent pas s'aventurer dans ce coin «malfamé», comme le qualifie ce couple de Versoisiens qui habite plus loin. «La police y vient de manière très régulière.» Les gendarmes interviennent dans ce périmètre «essentiellement pour des conflits familiaux ou de voisinage», dixit le service de presse de la police.

Bientôt «la Migros»

Cependant, nombre de résidents de La Polo se sont approprié leur lieu de vie bétonné. «Même si c'est la zone, ici, c'est chez nous», revendique un jeune. Lui et ses copains veillent sur leur territoire. Ici, pas de kiosque ou de petit marché. «Mais la Migros va s'installer tout près de chez nous, ajoute un habitant. On sera moins paumés!» Plus loin, des cris joyeux retentissent. Comme une lueur d'espoir dans la grisaille. La villa Yo-Yo accueille les enfants après l'école et durant les vacances. «Mes enfants viennent jouer et faire devoirs, car moi pas français», avoue une dame. La Fase (Fondation genevoise pour l'animation socioculturelle) et la Mairie de Versoix travaillent à multiplier les liens sociaux. Notamment avec l'Agorespace, le terrain multisports pour les enfants de La Polo mais aussi tous ceux du quartier Crève-Cœur. Un café-rencontre avec une permanence sociale et du soutien scolaire sont aussi proposés. Soudain, un Monsieur tient à nous montrer un jardin potager. Radieux, il lance: «Regardez ça, c'est beau, non?» Les jeunes, souriants, ne baisseront pourtant pas la garde. Jusqu'à notre départ.