La révolution du foot junior est en marche

  • Baptisé Genève Education Football, un projet ambitieux vise à doter le monde du foot junior genevois d'un plan de formation de pointe.
  • Réalisée par Michel Pont, entraîneur adjoint de la Nati, une étude s'inspire notamment du modèle bâlois.
  • Canton et Ville de Genève sont appelés à jouer un rôle essentiel dans le financement.

  • Senderos- Servette - Aarau SFC

    Senderos- Servette - Aarau SFC - Eric Lafargue

  • Michel Pont était l'homme idéal pour jouer les locomotives.

Nom de code: «Genève Education Football» (GEF). But du projet commandé à Michel Pont par l'Etat et la Ville de Genève? Doter le monde du football junior d'un concept cantonal de formation pour assurer la relève et transmettre des valeurs sociales d'intégration, de travail et de respect aux jeunes. «Les clubs formateurs élite de Servette FC, Etoile Carouge FC, Meyrin FC et l'Association cantonale genevoise de football représentant l'ensemble des autres clubs ont tous collaboré activement à la réalisation de ce projet qui doit profiter à l'ensemble du football genevois. Cette dynamique inédite inverse les traditionnels rapports de rivalités entre clubs locaux», se réjouit l'entraîneur adjoint de l'équipe nationale.

Jouer les locomotives
«Avec son énergie débordante, son charisme fédérateur et sa passion pour les jeunes, il était l'homme idéal pour jouer les locomotives», souligne le conseiller d'Etat Charles Beer. «Ce rêve de rassembler toute la famille du foot genevois en mettant au centre les enfants, je le porte en moi depuis près de 20 ans. Mais je ne me serais pas lancé sans le soutien inconditionnel des autorités ni leur envie de considérer le sport autrement», confie Michel Pont. Qui précise: «Pour garder une totale indépendance, j'ai travaillé bénévolement et d'arrache-pied pendant près d'un an».Bénéficiant d'une confiance absolue de l'ensemble des partenaires, le Carougeois a passé au peigne fin tous les aspects structurels, organisationnels, juridiques ainsi que les infrastructures du sport préféré des Genevois. Un travail de fourmi résumé dans un rapport d'une centaine de pages récemment remis aux autorités (lire ci-dessous).

Pas d'équivalence
«Pendant la saison, plus de 9100 juniors âgés entre 8 et 19 ans arpentent chaque semaine les pelouses. Des juniors F aux A, Genève compte près de 400 équipes réparties dans 65 clubs. Entre parents, dirigeants, arbitres, entraîneurs, responsables des buvettes, agents municipaux, concierges et autres supporters, près de 100'000 personnes se retrouvent chaque week-end autour des terrains de foot. Il n'y a pas d'équivalence!», martèle Michel Pont. Une manière de rappeler qu'il n'est plus acceptable qu'un tel engouement ne dispose toujours pas d'infrastructures adéquates.

Modèle bâlois
«La mission de GEF, c'est d'établir un pôle d'excellence en unissant les forces et les compétences des clubs tout en maintenant leur identité et leur autonomie», détaille le Genvevois. En clair, les clubs formateurs continueront à faire leur travail mais avec pour objectif de conduire les meilleurs jeunes talents à intégrer la 1re équipe du Servette FC. «C'est le club phare du canton. Il a toujours formé des joueurs de haut niveau. Il reste une référence et un rêve pour tous les jeunes footballeurs genevois», explique Michel Pont. Qui avoue s'inspirer notamment du modèle de formation bâlois. «C'est l'un des meilleurs de Suisse. L'avènement de Shaqiri, Shaka ou Frei au plus haut niveau démontre le bien-fondé d'une démarche ambitieuse et bien structurée. Elle évite aussi que l'énorme potentiel local ne se perde en route par manque d'encadrement et de perspectives. Le projet permet aussi à ceux qui n'arriveront pas à percer au plus haut niveau de continuer à briller dans l'ensemble des clubs partenaires.

Budget de 3 millions
Reste qu'il ne sera pas facile de s'assurer du soutien financier des collectivités publiques en période de restrictions budgétaires. D'autant que créer une nouvelle structure associative fixant une hiérarchie entre les clubs de la région, engager les meilleurs entraîneurs-éducateurs techniques, médicaux et pédagogiques et bâtir des infrastructures de pointe a un coût relativement élevé. «Pour l'heure, le budget global de GEF est estimé à environ 3 millions de francs par an. Servette, Carouge et Meyrin en assurent déjà un bon tiers. Le financement demandé aux collectivités publiques serait d'environ 1,65 million. Le reste proviendrait de ressources privées», détaille-t-il. Avant de conclure: «La balle est désormais dans le camp des autorités. A elles de jouer en gardant à l'esprit que ce concept pilote peut également servir de modèle à tous les autres sports».

Terrain synthétique de Balexert fermé

GiM • Un constat inquiétant: Genève manque de places de jeu pour ses jeunes footballeurs. Le Servette FC, club phare de la région et vitrine du football genevois ne dispose même pas d'installations dignes de ce nom, pointe notamment le rapport réalisé par Michel Pont. «Le terrain synthétique de Balexert est médicalement fermé pour cause de dangerosité pour les joueurs», révèle Philippe Salvi, le nouveau directeur général administratif du club grenat (lire en page...). «Il faudrait également refaire la pelouse et drainer les deux terrains en herbe. Or aucun concept de formation ne pourra se réaliser sans des infrastructures à la hauteur».De leur côté, le Meyrin FC (un terrain synthétique et six terrains en herbe au stade des Arbères) et Etoile Carouge FC (deux terrains en herbe, un mini-terrain stabilisé et deux terrains synthétiques à La Fontenette) sont relativement mieux lotis. Reste encore à vérifier pour ce dernier les nuisances occasionnées par la construction du CEVA.