L’apprentissage genevois va (un peu) mieux

FORMATION Voici deux ans, Genève était le plus mauvais élève de la formation professionnelle en Suisse. Aujourd’hui, la situation s’est améliorée grâce à un plan ad hoc. Le point à mi-parcours.

  • Cette année, l’Etat a donné l’exemple en se fixant un quota de 4% d’apprentis (il était de 1,3% en 2015). 123RF/GOODLUZ

    Cette année, l’Etat a donné l’exemple en se fixant un quota de 4% d’apprentis (il était de 1,3% en 2015). 123RF/GOODLUZ

«Sans politique volontariste, nous n’arriverions à rien sur cette problématique difficile»

Anne Emery-Torracinta, conseillère d’Etat en charge du Département de l’instruction publique, de la culture et du sport

Mardi 26 septembre, lors de la fête de l’apprentissage à l’Arena, 3000 apprentis recevront leur diplôme des mains de la conseillère d’Etat Anne Emery-Torracinta. Belle occasion de faire le point sur le plan d’action pour la promotion de l’apprentissage, lancé par le département de l’instruction publique voici deux ans et qui ambitionnait sur 4 ans d’augmenter le taux de certification.

Genève, bonnet d’âne

A l’époque, Genève remportait le bonnet d’âne de l’apprentissage en Suisse, un système dont le sérieux est pourtant largement reconnu à l’étranger. Le canton affichait piteusement 1 apprentis pour 50 emplois contre 1 pour 20 en moyenne suisse. Il enregistrait le plus faible taux d’entreprise formatrice (9%) et la plus faible proportion de jeunes passant directement du CO à la formation professionnelle (3%). Cerise sur l’amer gâteau : 10 à 15% des jeunes sortaient sans certification de leur scolarité obligatoire multipliant ainsi par 4 leurs chances de pointer au chômage.

Aujourd’hui, le plan d’action, lancé pour redresser la barre porte quelques fruits. L’Etat a donné l’exemple en se fixant un quota de 4% d’apprenti qui a été légèrement dépassé, l’Etat offrant ainsi 67 place de plus qu’en 2013. Le nombre de contrat d’apprentissage est à ce jour de 2222 d’après l’Office pour l'orientation, la formation professionnelle et continue. Soit bien parti donc pour pouvoir faire un peu mieux qu’en 2015 (2202) et 2016 (2285). 

Un travail de fourmi

 « Sans politique volontariste, nous n’arriverions à rien sur cette problématique difficile, on ne change pas les mentalités par décret, assène Anne Emery-Torracinta. C’est un travail de fourmi. Même si nous n’étions que stable, ce serait un succès vu la mauvaise conjoncture couplée à notre tissu économique demandant de la main d’œuvre à forte valeur ajoutée et donc plutôt moins d’apprentis qu’ailleurs. »

Divers signes poussent à l’optimisme selon l’élue. Quatre des 19 CO genevois ayant bénéficié du projet pilote « Go apprentissage » ont vu le nombre de contrat de leur élève passer de 4 à 6% en 2016. Le dispositif CLEF, qui permet de « coacher » des apprentis, a bénéficié à 75 entreprises en 2016. Les formations mixtes permettant graduellement de passer d’un plein temps à l’école à un plein temps en entreprise sont en cours de développementnotamment dans la construction ou le médical. Et les contacts entre jeunes et employeurs ont été boostés. Résultat: 264 entreprises ont été pour la première fois formatrice en 2016, soit 50 de plus que deux ans auparavant. 

Pourquoi Genève est dernier de la liste

Dans notre pays, les personnes suivant une formation professionnelle initiale de type dual (entreprise-école) représentent 5% des emplois d’après l’Office fédéral de la statistique. Avec seulement 1,7% Genève est bon dernier du classement derrière Neuchâtel et Vaud (tous deux 4,5%), Jura (4,7%), Valais (5,8%) et Fribourg (6,2%). Pourquoi? Car notre canton compte peu d’industries et reste très axé sur le secteur tertiaire. Or, ces professions à forte valeur ajoutée ont moins besoin d’apprentis que d’autres. De plus, à Genève, la formation professionnelle est en très grande partie réalisée à plein-temps dans un milieu académique et assez peu en entreprise. Le plan d’action pour la promotion de l’apprentissage, lancé par l’Etat voici deux ans, est d’autant plus bienvenu qu’avec le franc fort et le développement du tourisme d’achat en France voisine, le secteur de la vente, jusque-là bon fournisseur de places d’apprentissage, a besoin de moins d’apprentis qu’auparavant.