L’art de «tromper» les Genevois

- Un graphiste relooke les cabines électriques en œuvres d’art.
- Objectif: en décorer un millier en quatre ans...
- ... et transformer le mobilier urbain en rempart contre les déprédations.

  • Armoire électrique décorée d’images d’archives près de la gare Cornavin. JFT

    Armoire électrique décorée d’images d’archives près de la gare Cornavin. JFT

  • Armoire électrique décorée d’images d’archives près de la gare Cornavin. JFT

    Armoire électrique décorée d’images d’archives près de la gare Cornavin. JFT

  • Armoire électrique décorée d’images d’archives près de la gare Cornavin. JFT

    Armoire électrique décorée d’images d’archives près de la gare Cornavin. JFT

  • Armoire électrique décorée d’images d’archives près de la gare Cornavin. JFT

    Armoire électrique décorée d’images d’archives près de la gare Cornavin. JFT

« J’aime peindre des thèmes en rapport avec le lieu» Michel Favre, graphiste genevois

En flânant en ville, impossible de passer à côté sans les remarquer! Aujourd’hui, les armoires électriques décorées fleurissent à tous les coins de rues. Par la grâce de Michel Favre, graphiste genevois qui a commencé à les embellir en l’an 2000. «Un jour, j’ai vu des employés gratter de la pub sauvage collée sur un caisson, pour tenter d’accéder à la serrure. Je me suis dit: si ces cabines étaient enjolivées, il y aurait moins de déprédations.»

Travail d’artiste

Depuis, Michel Favre a relooké 128 cabines pour les Transports publics genevois (TPG), la Direction générale de la mobilité (DGM) ou encore les Services industriels de Genève (SIG), qui ont lancé une campagne pour les habiller de pied en cap. «L’objectif, c’est d’en décorer un millier en quatre ans», précise l’artiste, qui a été mandaté pour coller des photos de Genève, anciennes ou pas. A l’évidence, c’est la tendance en vogue, à voir le nombre de clichés d’autrefois qui sont apposés sur ce mobilier urbain.

Hommage au passé ou non, les créations de ce graphiste sont variées à souhait. Affiches de cinéma des années 30 face au Rialto, vieux poste radio en bordure du marché aux puces, tulipes sur la place de Hollande, le Genevois déborde d’imagination. Simples camouflages? Du tout! Car il s’agit d’art. Plus précisément de street art. «Le but, ce n’est pas de poser des couleurs, c’est de trouver quelque chose qui soit plaisant, qui interpelle les passants», souligne ce peintre en lettres de formation. La plupart de ses décos urbaines sont peintes à la main, en atelier, puis posées sur du vinyle adhésif, qu’il appose sur les édicules. Pour la plus grande joie des badauds, qui apprécient ces trompe-l’œil ludiques – comme cette bibliothèque trônant place des Eaux-Vives! – ces portraits de personnages illustres ou encore ces images rétro de Genève. A l’instar de cette fresque du faubourg de Saint-Gervais d’avant-guerre placée, pile poil, face à l’hôtel Mandarin Oriental. Bien vu!

Mettre en scène l’histoire

«J’aime ancrer mes motifs dans l’histoire d’un lieu, d’un quartier, pour évoquer des souvenirs», poursuit ce Genevois de 57 ans, qui s’inspire souvent de photos d’archives. Comme celle de cet inconnu servant de l’essence au garage de Montbrillant. «Une femme m’a appelé pour me dire qu’elle avait reconnu son père sur cette armoire. C’était le pompiste! C’est très valorisant.»

Partenariat

A ce point valorisant qu’en Ville de Genève, on commence à en voir partout! Et pourquoi pas, en somme. Car ces images de mémoire rendent notre ville plus accueillante. Même si une bouffée de nostalgie vous saisit parfois, en contemplant l’envers du décor. Le Grand Genève est en chantier. Et nos armoires suivent le mouvement. Mais, paradoxalement, pour témoigner d’un passé révolu.

Rempart anti-tags

JFT • De couleur grise, pour s’intégrer au décor urbain, les armoires électriques sont souvent la cible de déprédations. D’où l’idée de les égayer pour tenter d’enrayer ce phénomène. Et ça marche! «Depuis qu’on les décore, il y a beaucoup moins d’incivilités. Elles sont rarement taguées ou recouvertes d’affichettes», constate Olivier Sauge, secrétaire à la Direction générale de la Mobilité. Une évolution positive que confirme Michel Favre, graphiste genevois qui embellit les armoires électriques. «Je fais la tournée de mes cabines une fois par an pour voir s’il n’y a pas eu de dégradations. Et dans le 95% des cas, les gens les respectent.»