Le numérique à la rescousse des aînés

  • Favoriser le maintien à domicile des seniors en les équipant d’outils technologiques qui leur facilitent la vie.
  • Telle est l’idée d’un député qui demande à l’Etat de leur octroyer une aide financière de 5000 francs.
  • Autre avantage, la mesure retarde le placement en EMS et désengorge les hôpitaux. Notre dossier.

  • La domotique améliore la qualité de vie des personnes âgées à domicile. 123RF/JOVAN MANDIC

    La domotique améliore la qualité de vie des personnes âgées à domicile. 123RF/JOVAN MANDIC

  • Le député Thomas Wenger. DR

    Le député Thomas Wenger. DR

«Une majorité de personnes âgées souhaite vieillir chez elle»

Thomas Wenger, député socialiste au Grand Conseil

L’avenir des personnes âgées qui souhaitent rester chez elles le plus longtemps possible promet d’être technologique à Genève. C’est en tout cas le vœu du député socialiste Thomas Wenger qui vient de déposer au Grand Conseil une motion intitulée: Aînés connectés pour plus d’autonomie et une meilleure qualité de vie à domicile.

But du texte signé par une dizaine de députés? «Privilégier le maintien à domicile des seniors en les aidant financièrement à équiper leurs logements d’outils numériques qui leur facilitent les tâches quotidiennes», résume le candidat au Conseil national. Bonne nouvelle, la panoplie de ces technologies nouvelles, qui prennent en charge la gestion automatique d’une partie du domicile, est vaste. «La domotique, puisque c’est de cela qu’il s’agit, va des détecteurs sonores en tous genres aux systèmes de fermeture des volets ou stores, du réglage automatique de la climatisation ou du chauffage, en passant par l’installation de chemin lumineux reliant le lit aux toilettes et à la salle de bains ou de plans de travail montés sur vérins motorisés qui peuvent être commandés à distance», énumère, pêle-mêle, Thomas Wenger. Avant de préciser: «C’est à l’Etat de déterminer quels sont les dispositifs pertinents.»

Cela coûte cher

Problème? L’installation de ces systèmes intelligents coûte cher et n’est pas prise en charge par l’assurance maladie. «Beaucoup de seniors ne touchent que des rentes modestes et ne peuvent donc pas supporter les coûts de tels équipements. C’est pour corriger cette lacune que la motion propose une aide financière d’un montant maximal de 5000 francs, précise Thomas Wenger. Au final, c’est un investissement relativement modeste pour l’Etat mais décisif et profitable en termes de sécurité, soins, communications et confort pour des personnes vulnérables et souvent seules. Je précise qu’il ne s’agit pas de se décharger totalement sur la technologie mais bien de la concevoir comme un appui précieux. N’oublions pas qu’une majorité de personnes âgées souhaite vieillir chez elle.»

Vieillissement de la population

Autre avantage important mis en avant par l’élu socialiste: «Maintenir la qualité de vie des aînés à domicile retarde le placement en EMS et désengorge les hôpitaux, note Thomas Wenger. En 2040, près d’un ménage sur quatre aura plus de 65 ans à Genève et près de 5% de la population sera âgée de 80 ans ou plus. Les ressources en termes d’infrastructures d’accueil et de personnel soignant compétent seront insuffisantes. Il faut donc, de toute urgence, se donner les moyens d’anticiper ce phénomène de vieillissement de la population. Dans ce contexte, le maintien des seniors à domicile peut aussi avoir un réel impact sur la réduction des coûts de la santé! Pour s’en assurer, nous demanderons qu’un rapport complet détaillant les actions entreprises et leur efficacité soit présenté par l’Etat dans un délai de trois ans. A terme, l’idéal serait qu’une incitation financière systématique soit proposée lors de l’installation de technologies qui améliorent le quotidien des personnes âgées.»

Alors, futur branché ou non pour les aînés du canton? Au parlement de trancher.

«Aucun robot ne remplacera l'humain mais...»

«Le vieillissement de la population est un enjeu majeur pour notre canton, rappelle d’emblée le conseiller d’Etat Thierry Apothéloz. Tous les domaines de l’action publique vont être touchés par ce phénomène. Il faut, dès maintenant, anticiper au mieux les besoins de demain. Un demain qui va arriver très vite…» Mais que pense concrètement le ministre de la Cohésion sociale de la motion? «Elle présente l’idée judicieuse de faire coïncider les défis du vieillissement, avec l’évolution technologique, qui devient ici intelligemment un outil au service d’une population par essence vulnérable. La technologie au service du mieux vivre relève du bon sens. Mais aucun robot ne remplacera l’humain dans l’accompagnement social et l’aide quotidienne aux seniors. Ce ne sont pas les machines qui créent du lien», plaide Thierry Apothéloz. Avant de conclure: «Le vieillissement de la population doit être l’affaire de tous. Pour des réponses efficaces, mon expérience me montre que les collectivités locales, à Genève les communes, sont les mieux placées pour informer, aider et maintenir actifs les seniors. Elles allient savoir-faire et connaissance du terrain.»