«Notre métier évolue à la hausse.» Wolfram Manner, directeur de l'Association des entreprises suisses des services de sécurité (VSSU), est catégorique. Avec une progression économique annuelle d'environ 5%, le domaine de la sécurité privée a gagné quelque 1000 collaborateurs supplémentaires à l'échelle nationale en trois ans (lire chiffres ci-contre). Et les mandats confiés aux agents privés n'épargnent aucun secteur d'activité: transport de détenus, patrouilles de surveillance de parkings, d'hôtels, de bijouteries ou encore de stations-service (lire GHI du 21.08.12), chasse aux fraudeurs à l'assurance sociale et, depuis moins d'un an, assistance aux gardes-douane. Dans les fonctions publiques comme dans les entreprises, les agents privés de sécurité se multiplient et étoffent chaque jour leur cahier des charges.
Année rentable
«Nous avons créé plus de 200 emplois en Suisse en 2011», corrobore Urs Stadler, porte-parole de Securitas. Il n'est d'ailleurs pas le seul à se réjouir de la bonne santé de son entreprise: «En une année, le nombre de nos mandats a quasiment doublé!», soulignent sans donner de chiffres Jean-Charles De Giorgi, fondateur de GPA et Christian Python, directeur de Python Sécurité, deux autres sociétés spécialisées dans la sécurité privée. Comme la centaine d'agences dans la cité de Calvin, ces entreprises ont connu un gros boum économique.
Patrouille dans les communes
Le travail dans les communes, notamment, rapporte également gros: «Ces deux dernières années, les cambriolages ont augmenté de près de 40% aux abords de nos frontières, explique Pierre-Yves Vallon, conseiller administratif à Cologny. De ce fait, nous avons notamment, multiplié les patrouilles nocturnes des agents privés. Sans oublier la plupart des particuliers, qui disposent de leurs propres contrats avec les entreprises de sécurité.» Quant aux coûts engendrés par de tels services, ils sont colossaux: «Nous payons entre 200'000 et 250'000 francs par année les services d'agents privés, confie Pierre-Yves Vallon. Ce budget n'est pas représentatif de l'ensemble des communes», tient-il à préciser.Frédéric Hohl, député et organisateur d'événements, est également familier avec le phénomène: «Nous engageons de plus en plus d'agents pour nos manifestations, concède-t-il. Le dispositif sécuritaire varie bien sûr en fonction du type d'événement. Par exemple, un concert de rap nécessite plus de sécurité qu'un concert de musique classique.»
Assistance aux policiers
Reste à savoir si ces vigiles en uniforme remplacent les policiers pour autant? «Les agents privés n'ont pas les mêmes prérogatives que les membres de la police cantonale, seule habilitée à exercer les tâches régaliennes en la matière, insiste Laurent Forestier, secrétaire général adjoint au Département de la sécurité. On ne peut donc pas mettre en regard les agents privés et les policiers.»Un avis partagé par les policiers travaillant sur le terrain: «Ces dernières années, ils avaient effectivement pris en main la garde des missions diplomatiques, explique Patrick Pulh, porte-parole de la police. Mais leur présence tend à diminuer avec l'embauche d'assistants de sécurité de la police.»