Les automobilistes pètent les plombs

- Les nerfs à vif, les automobilistes ne prennent plus leur mal en patience et dénoncent le chaos.
- Nouveauté: les déviations des chantiers provoquent désormais de nouveaux embouteillages même en dehors des heures de pointe.
- Pour Michèle Künzler, ministre des transports, la patience est de rigueur pour satisfaire tout le monde.

  • Les automobilistes pètent les plombs

    Les automobilistes pètent les plombs

  • Route de Saint-Julien.

    Route de Saint-Julien.

  • En direction de Lancy, depuis le Bachet-de- Pesay.

    En direction de Lancy, depuis le Bachet-de- Pesay.

  • Le pont de la Coulouvrenière. JE

    Le pont de la Coulouvrenière. JE

«Michèèèèle! Ça commence à bien faire! On n'en peut plus, le Gouvernement ne nous prend plus en considération! Ras-le-bol d'être pris en otage dans vos plans de circulation!» Marc, 50 ans, chauffeur en ventilation, dénonce, depuis la route de Saint-Julien, la gabegie des artères genevoises: «Je connaissais les traditionnels embouteillages, et voilà qu'aujourd'hui on se retrouve aussi à l'arrêt en dehors des heures de pointe!»

La nuit aussi
Un avis partagé par Pierre, fonctionnaire quadragénaire: «C'est carrément la démence! J'ai mis 65 minutes pour relier Bardonnex à la Jonction!» Et Christian, étudiant, d'enfoncer le clou: «Je fais du foot. Le mois dernier, après un match à Compesières, il y avait un bouchon dingue vers 22 heures à la route de Saint-Julien. Ça coinçait jusqu'au pont Butin! Je croyais avoir tout vu en matière de bouchons à Genève, mais là, c'est le pompon!»

Déviations
«Il faut désormais 20 minutes supplémentaires pour aller d'un point A à un point B, s'insurge de son côté Pauline, mère au foyer d'une trentaine d'années. On nous fait croire qu'il y a une grande augmentation de véhicules... En fait, il y a surtout une petite augmentation de voitures et une grande quantité de routes en moins!» Et d'appuyer: «Depuis les travaux du CEVA et ses innombrables déviations, je mets aujourd'hui 25 minutes pour amener ma fille à l'école! J'habite Saconnex d'Arve, je l'amène à Perly et pour revenir chez moi, je perds régulièrement ma matinée dans les bouchons!»Adrien, 32 ans, est instructeur d'auto-école: «Il est devenu difficile aujourd'hui de donner des cours correctement. Il y a partout des ralentissements sur la route et à toute heure, surtout du côté de Carouge. Du coup, mes élèves se plaignent de ne pas conduire assez et de rester souvent bloqués dans la circulation…»

A Carouge, rien ne bouge
«Pour me rendre à mon boulot, je perds 20 minutes dans chaque sens de trajet!, s'énerve Philippe, un mécanicien travaillant à la route de Saint-Julien. Dans la zone de la Chapelle, du côté de Plan-les-Ouates, rien ne bouge pendant les heures de pointe.» Même son de cloche chez Karim, chauffeur de camion pour Emmaüs: «Je viens travailler depuis les Pâquis et il est vrai que la circulation a considérablement ralenti depuis quelques semaines, raconte-t-il. Cela dit, comparé à Madrid, où j'ai vécu par le passé, les voitures roulent bien.»Rehalia, s'indigne des travaux pour le CEVA, qui selon elle se répercutent jusqu'à Bellevue: «Il y a des files de voitures arrêtées depuis le Vengeron jusqu'à Pregny à cause des travaux sur une dizaine de mètres. A mon avis, ces bouchons seraient facilement évitables si les feux étaient réglés en tenant compte des heures de pointe!»A Bernex, tout rouleDu côté de la route de Chancy, les conducteurs sont plus détendus: «Je me rends à mon travail à Plainpalais en près de 20 minutes depuis le centre de Bernex», se répand Romain, employé de commerce. Jean-Michel, chauffeur aux Transports publics genevois (TPG) depuis 30 ans, concède que si ça circule bien du côté de Bernex ce n'est pas le cas au centre-ville: «C'est devenu un enfer pour les chauffeurs!» C'est dire si les Genevois doivent continuer à ronger leur frein! «C'est dément! J'ai mis 65 minutes pour relier Bardonnex à la Jonction!»Pierre, fonctionnaire

«La Coulou, c'est l'enfer!»

Jft • Pour absorber le trafic en ville, nos ponts tiennent-ils encore la route? Voici l'avis des taximen. «Sur le pont du Mont-Blanc, ça roule mieux qu'avant. Nous gagnons un temps précieux, en empruntant la nouvelle voie des TPG», certifient Luis (33 ans) et José (60 ans), entre deux courses. De là à parler de fluidité, il n'y a qu'un pas. Que refuse de franchir Mario (67 ans). «Ce n'est pas le pont qui pose problème, c'est comment y arriver», confie-t-il, en abaissant sa vitre.«Sur la rive gauche, il y a des travaux partout. Tout est bouché le matin, qu'on vienne de Vésenaz, Florissant ou Frontenex. Belle cacade!» Un avis que partage Julio (58 ans), qui déteste lambiner. «Les quais, faut oublier. » Et la rue des Eaux-Vives? «Aussi! On n'a plus l'autorisation d'emprunter la voie du bus», fulmine-t-il, en réglant son compteur. «La Coulou, c'est l'enfer!», s'exclame Mario. «Toute la circulation de Plainpalais et de Carouge passe par là. Aux heures de pointe, ça bouchonne comme jamais.»Pour enjamber le Rhône, les taxis préfèrent ainsi emprunter le pont Sous-Terre ou le pont de l'Ile, via la Corraterie. C'est l'itinéraire le plus futé », concède Mario «mais il est réservé aux bus et aux taxis officiels. Pour les autres, c'est le pont d'à côté… » La conclusion appartient à Antonio (57 ans). «A quoi bon s'énerver au volant? On est dans une ville, pas dans le désert. Alors, restons zen.» A méditer dans les embouteillages…