«Michèèèèle! Ça commence à bien faire! On n'en peut plus, le Gouvernement ne nous prend plus en considération! Ras-le-bol d'être pris en otage dans vos plans de circulation!» Marc, 50 ans, chauffeur en ventilation, dénonce, depuis la route de Saint-Julien, la gabegie des artères genevoises: «Je connaissais les traditionnels embouteillages, et voilà qu'aujourd'hui on se retrouve aussi à l'arrêt en dehors des heures de pointe!»
La nuit aussi
Un avis partagé par Pierre, fonctionnaire quadragénaire: «C'est carrément la démence! J'ai mis 65 minutes pour relier Bardonnex à la Jonction!» Et Christian, étudiant, d'enfoncer le clou: «Je fais du foot. Le mois dernier, après un match à Compesières, il y avait un bouchon dingue vers 22 heures à la route de Saint-Julien. Ça coinçait jusqu'au pont Butin! Je croyais avoir tout vu en matière de bouchons à Genève, mais là, c'est le pompon!»
Déviations
«Il faut désormais 20 minutes supplémentaires pour aller d'un point A à un point B, s'insurge de son côté Pauline, mère au foyer d'une trentaine d'années. On nous fait croire qu'il y a une grande augmentation de véhicules... En fait, il y a surtout une petite augmentation de voitures et une grande quantité de routes en moins!» Et d'appuyer: «Depuis les travaux du CEVA et ses innombrables déviations, je mets aujourd'hui 25 minutes pour amener ma fille à l'école! J'habite Saconnex d'Arve, je l'amène à Perly et pour revenir chez moi, je perds régulièrement ma matinée dans les bouchons!»Adrien, 32 ans, est instructeur d'auto-école: «Il est devenu difficile aujourd'hui de donner des cours correctement. Il y a partout des ralentissements sur la route et à toute heure, surtout du côté de Carouge. Du coup, mes élèves se plaignent de ne pas conduire assez et de rester souvent bloqués dans la circulation…»
A Carouge, rien ne bouge
«Pour me rendre à mon boulot, je perds 20 minutes dans chaque sens de trajet!, s'énerve Philippe, un mécanicien travaillant à la route de Saint-Julien. Dans la zone de la Chapelle, du côté de Plan-les-Ouates, rien ne bouge pendant les heures de pointe.» Même son de cloche chez Karim, chauffeur de camion pour Emmaüs: «Je viens travailler depuis les Pâquis et il est vrai que la circulation a considérablement ralenti depuis quelques semaines, raconte-t-il. Cela dit, comparé à Madrid, où j'ai vécu par le passé, les voitures roulent bien.»Rehalia, s'indigne des travaux pour le CEVA, qui selon elle se répercutent jusqu'à Bellevue: «Il y a des files de voitures arrêtées depuis le Vengeron jusqu'à Pregny à cause des travaux sur une dizaine de mètres. A mon avis, ces bouchons seraient facilement évitables si les feux étaient réglés en tenant compte des heures de pointe!»A Bernex, tout rouleDu côté de la route de Chancy, les conducteurs sont plus détendus: «Je me rends à mon travail à Plainpalais en près de 20 minutes depuis le centre de Bernex», se répand Romain, employé de commerce. Jean-Michel, chauffeur aux Transports publics genevois (TPG) depuis 30 ans, concède que si ça circule bien du côté de Bernex ce n'est pas le cas au centre-ville: «C'est devenu un enfer pour les chauffeurs!» C'est dire si les Genevois doivent continuer à ronger leur frein! «C'est dément! J'ai mis 65 minutes pour relier Bardonnex à la Jonction!»Pierre, fonctionnaire