Les boîtes de nuit genevoises sont-elles en guerre? A voir leurs dispositifs de sécurité qui se renforcent partout en ville, on pourrait croire que oui. Repérage de comportements suspects, interventions musclées ou encore collaboration avec les forces de l'ordre: les vigiles ne manquent pas de moyens pour chasser les dealers et les prostituées clandestines de leurs locaux. «Pourtant, il est impossible d'éradiquer la drogue et le sexe du monde de la nuit», relève le gérant d'un club du centre-ville. Un point de vue qui n'empêche pas la police d'en faire une de ses priorités...
Dispositifs de choc
Comment éviter les dérapages, qui concernent l'ensemble des discothèques genevoises? Le Silencio, établissement de renom dans le milieu électro, met l'accent sur le nombre de vigiles: «Nous venons d'augmenter le nombre d'agents de notre service d'ordre, qui est passé à quatre les soirs de week-end», informe Vincent Jacquemet, porte-parole de l'établissement. De son côté, le gérant du centre-ville, fait confiance à l'instinct de son personnel: «Comme nous travaillons depuis plus de 25 ans dans ce business, nous repérons facilement les clients suspects», relève-t-il. Des propos corroborés par Pierre Thomas, propriétaire du Bypass: «Un client sous l'effet de la drogue est facilement décelable par nos services et n'a, par conséquent, pas accès au club, souligne-t-il. La consommation dans les toilettes peut être contrée par la mise en place d'une dame pipi, qui peut contrôler les éventuels résidus à chaque sortie de client et avertir la sécurité.»
Impact limité
Les patrons de clubs relèvent, en revanche, que leurs dispositifs ont des limites: «Nous ne pouvons pas tout contrôler, insiste le gérant du centre-ville. Par exemple, dans les toilettes, nous n'avons pas le droit de regarder à l'intérieur des cabines. A l'entrée, nous n'avons pas non plus le droit de contrôler les parties intimes, lieu où des clients cachent souvent des substances. Ces réalités laissent une marge de manœuvre considérable à la consommation de drogues à l'intérieur du club.»
Gros moyens
Des contrôles surprises sont donc régulièrement organisés: «La vente et la consommation de drogue étant interdites par la loi sur les stupéfiants, la police intervient lorsqu'elle est avisée d'un tel délit ou lorsqu'elle a de forts soupçons, détaille Eric Grandjean, porte-parole de la police. L'important est de pouvoir prouver la vente, la consommation et le trafic de stupéfiants dans un lieu.» Pour ce qui est du marché de la prostitution, il en va de même: «Un groupe au sein de la Brigade des mœurs est spécialement chargé de ce genre de contrôles», souligne Eric Grandjean. Les sanctions infligées en cas de délit peuvent aller de la peine pécuniaire à la fermeture définitive de l'établissement. Et Pierre Thomas de préciser, de concert avec les autres clubs: «Nous travaillons évidemment en collaboration avec les services de police concernés».