Les nids-de-poule lui foutent les boules

  • Le directeur général de la Chambre de commerce déplore l’état de la chaussée dans les Rues Basses.
  • Des trous béants se sont formés sur la voie du tram, nécessitant une réfection complète.
  • La magistrate chargée de l’Aménagement en Ville de Genève explique pourquoi il est impossible de résoudre le problème dans l’immédiat.

  • Vincent Subilia, directeur général de la Chambre de commerce, déplore «l’image dégradée de la principale artère commerçante» de Genève.

    Vincent Subilia, directeur général de la Chambre de commerce, déplore «l’image dégradée de la principale artère commerçante» de Genève. STÉPHANE CHOLLET

  • STÉPHANE CHOLLET

«Ces nids-de-poule sont extrêmement dangereux»

Vincent Subilia, directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie

Dans les Rues Basses, les commerces ont rouvert. A vélo, en trottinette ou à pied, les passants ont réinvesti les lieux. Trop pressés pour regarder leurs pieds. A l’exception de l’un d’entre eux. Le directeur général de la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève (CCIG), Vincent Subilia, garde les yeux rivés sur la voie empruntée par le tramway. L’objet de son courroux: l’état de la chaussée. «Il y a des trous béants.» Il est vrai que les nids-de-poule et autres déformations sont légion. De la fontaine de Bel-Air en remontant jusqu’au Molard, des trous se sont formés au fil du temps.

Début avril 2017, alors qu’il était encore conseiller municipal, ce député PLR avait interpellé l’exécutif de la Ville de Genève avec une motion intitulée «Pour des Rues Basses qui reprennent de la hauteur». Quatre ans plus tard, quasi jour pour jour, sur place, rien n’a changé. Quant à la motion, elle a été reportée à onze reprises avant d’être renvoyée devant la commission de l’aménagement et de l’environnement.

Un centre-ville convivial

«Il y a un décalage permanent entre le temps économique et le temps politique.» En tant que directeur de la CCIG, Vincent Subilia regrette «l’image dégradée de la principale artère commerçante de la deuxième plus grande ville de Suisse». Selon lui, l’enjeu est double: économique mais aussi sécuritaire. «Ces nids-de-poule sont extrêmement dangereux pour les piétons comme pour les cyclistes sur le tronçon qu’ils sont autorisés à utiliser.»

Conscient de l’investissement que représente cette réfection de la chaussée, il poursuit: «Je ne nie pas la complexité de l’exercice mais il faut s’en donner les moyens! Cette situation est indigne de Genève.» Et de déplorer «l’absence crasse d’intérêt pour les commerçants. Et ce, alors que nous vivons une crise économique sans précédent, laquelle devrait précisément favoriser des investissements anticycliques en infrastructures.»

Vincent Subilia estime que l’année qui vient de s’écouler et qui a vu la fermeture durant plusieurs mois des commerces dits non essentiels aurait au moins pu permettre de procéder aux travaux.

Il rappelle que les commerces genevois sont soumis à la pression du tourisme d’achat, de la restriction des horaires ainsi que de la digitalisation grandissante. «Pour relever ces défis, plus que jamais, nous avons besoin d’un centre-ville convivial, d’un périmètre urbain doté d’infrastructures cohérentes et qualitatives», conclut-il, avant de chevaucher son vélo en prenant soin de ne pas s’encoubler dans une ornière.

«Cela coûtera des millions»

Interrogée sur ce dossier, la conseillère administrative chargée de l’Aménagement en Ville de Genève, Frédérique Perler, n’y va pas par quatre chemins: «L’état des Rues Basses mérite effectivement une requalification complète! Si on veut rendre ces rues commerçantes plus agréables cela coûtera des millions.» Pourquoi ne pas agir tout de suite plutôt que de laisser la situation empirer? «On ne peut pas lancer des travaux d’une telle ampleur d’un claquement de doigts. Il faut respecter les procédures: obtenir l’aval du Conseil municipal sur un crédit d’investissement et lancer des études pour définir un projet cohérent pour ce secteur, au regard des futurs aménagements du rond-point de Rive et de piétonisation du centre-ville.»

Quant à savoir quand un tel chantier pourrait débuter, Frédérique Perler souligne: «Actuellement, la Ville mène déjà beaucoup de grands projets: le U lacustre, la pointe de la Jonction, l’extension de la gare Cornavin, les infrastructures publiques sur le PAV (Praille-Accacias-Vernets) et les aménagements liés à l’extension du réseau de transports publics et des pistes cyclables mais aussi palier l’urgence scolaire et rénover les bâtiments de la Ville... Autant de gros travaux qu’il faut planifier en prenant toutes les précautions nécessaires, afin d’éviter que la Ville ne devienne un vaste chantier.»