«Ces chiffres me réjouissent. Toutefois, les cyclistes restent les parents pauvres de la mobilité»
Alfonso Gomez, président de Pro Vélo
Selon une étude encore confidentielle dont nous avons pris connaissance, l’utilisation du vélo est en forte hausse dans l’ensemble du canton. Un plébiscite qui se constate notamment aux heures de pointe. En cinq ans, le nombre de trajets a augmenté de 45%. Et pour la première fois, le trafic cycliste sur le pont du Mont-Blanc a dépassé celui sur la Coulouvrenière. Autre information significative, le canton de Genève arrive en deuxième position en matière de mobilité douce (vélo, mais aussi marche, trotinette et patins à roulette) avec 13% des déplacements effectués. Il est seulement devancé par Bâle (14%). Quant à la moyenne suisse, elle ne s’élève qu’à 8%.
Rapide et flexible
La petite reine n’est pas uniquement utilisée pour les loisirs puisque pour se rendre du domicile au travail, 9,5% des Genevois utilisaient leur cycle en 2015 alors qu’ils n’étaient que 5% en 2000. Comment expliquer cet engouement? Luc Barthassat, conseiller d’Etat en charge du Département de l’environnement, des transports et de l’agriculture (DETA), a son explication: «Le vélo est un moyen rapide et flexible pour se déplacer en milieu urbain. De plus, les facilités de stationnement contribuent à son succès. L’essor du vélo électrique qui permet de franchir plus facilement les dénivelés et parcourir de plus grandes distances sans effort est aussi un facteur qui participe à son développement.»
Hausse des prêts
Un enthousiasme partagé par Christiane Fischer, adjointe de direction au sein de l’association Genèveroule: «Nous constatons une augmentation des prêts gratuits de 9% entre 2016 et 2017 et des locations de 12%. Le vélo électrique est aussi très demandé avec une hausse des requêtes de 37% en un an. Les raisons de cet engouement sont multiples. Il y a l’aspect développement durable, mais aussi les aménagements cyclables qui sont plus nombreux.»
Le facteur sécurité
Alfonso Gomez, président de Pro Vélo, se montre d’abord satisfait: «Ces chiffres me réjouissent. Ils sont certainement dus, en partie, à l’apparition de la voie verte. Nous remarquons de plus en plus d’habitants de Thônex ou même de la France voisine qui prennent leur vélo pour se rendre à Genève. Cela prouve que quand on réalise des aménagements sécurisés rapides pour les cyclistes, l’usage du vélo augmente.» Avant de nuancer: «Cependant, les cyclistes restent les parents pauvres de la mobilité, de nombreuses pistes cyclables pourraient être réalisées, les choses avancent trop lentement! Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.» Surtout en matière de sécurité, argument principal des personnes qui ne souhaitent pas se déplacer à vélo en ville. Luc Barthassat assure en avoir conscience: «Un des principaux axes sur lesquels nous travaillons est le développement d’un réseau cyclable sécurisé. Le cycliste reste comme le piéton un des usagers de la chaussée les plus vulnérables. Pour cette raison, nous travaillons à l’amélioration des infrastructures pour les cycles.»