Au cours d'un récent mariage, Lisa tombe en pleurs et fait un scandale. Ce qui la fait craquer et la perturbe complètement, ce n'est pas l'émotion du moment, mais la disparition de son iPhone pendant les prises de vues. Le père du marié propose de l'indemniser, si elle cesse de gâcher la fête et reprend son travail. La jeune photographe refuse. Pour elle, ce n'est pas une question d'argent. C'est bien plus important.
Toute sa vie dans son iPhone
Lisa panique complètement à l'idée d'avoir perdu tous ses contacts, les SMS, les vidéos, les chansons et les photos… toute sa vie évaporée d'un seul coup. A 20 ans, elle a envie de mourir… Et puis, elle se souvient de l'application qui permet de localiser son iPhone. Aussitôt, le bruit se répand parmi les invités qu'elle piste son appareil grâce à un ordinateur. Quelques instants plus tard, le smartphone égaré ou volé réapparaît comme par enchantement. Ouf!
Une plainte par heure
L'an dernier, plus de 8000 Genevois, qui se sont fait tirer leur mobile, n'ont pas eu cette chance. Dans la cité de Calvin, le vol de téléphone portable est devenu un sport de masse. En cinq ans, le nombre d'objets déclarés volés a quasi doublé, passant de 4245 cas en 2006 à 6300 en 2010 et à 8019 en 2011. Pratiquement une plainte déposée chaque heure durant toute l'année. En 2012, ce chiffre atteint déjà 5433. C'est davantage qu'en 2009, avec 4627.Comment expliquer ce phénomène? «Le public porte-t-il plainte plus facilement? se demande Patrick Pulh, porte-parole de la Police genevoise, avant d'ajouter: L'arrivée des smartphones a aussi changé la donne. Ils sont chers et ils suscitent la convoitise. De plus, voler un téléphone est facile. Et ça se revend aussi très aisément.»
Une industrie de la revente ?
Une industrie de la revente d'objets technos n'aurait-elle pas débarqué à Genève? En tout cas, depuis 2006, la police a enregistré une multiplication faramineuse du nombre de vols d'ordinateurs portables et de tablettes numériques type iPad: 3774 l'an dernier, contre 49 seulement en 2006, soit une hausse de 7700% en cinq ans. Certains malfaiteurs n'hésitent pas à braquer des boutiques de téléphonie pour piller les stocks ni à faire main basse sur de grosses quantités de mobiles dans les entreprises.
Arnaques à l'assurance ?
Autre hypothèse: lors de la sortie d'une nouvelle génération de l'iPhone, certains petits malins déclarent le vol de leur version précédente et se rééquipent ainsi pour la modique somme de 200 francs, le montant de la franchise. «C'est difficile de dire s'il y a une hausse des arnaques à l'assurance pour les téléphones», confie Nicole Horbelt, porte-parole romande des assurances Axa-Winterthur. Mais nous ne constatons pas de corrélation entre des pics de déclarations de vols et la sortie d'un nouvel iPhone.»
Blocages de cartes SIM stables
Curieusement, malgré l'augmentation du vol des mobiles, chez Swisscom, le blocage de cartes SIM au niveau national reste stable, fait observer Christian Neuhaus, son porte-parole. Ses abonnés échapperaient-ils davantage aux voleurs? Ou est-ce là précisément un indice de la hausse des arnaques à l'assurance? Quel fraudeur fait-il bloquer une carte avec laquelle – il le sait bien – personne ne va pouvoir passer un seul coup de fil?