A Genève, l’été est synonyme de baignades en famille à la plage des Eaux-Vives, de concerts en plein air au parc La Grange ou d’apéritifs entre amis à l’Escale. Pour 2020, c’est râpé! En raison de l’épidémie de coronavirus, la saison estivale promet d’être bien morose. Même si le Conseil fédéral n’a pas encore pris de décision au sujet des rassemblements de plus de 1000 personnes, les organisateurs prennent les devants.
Pas d’Escale
Ainsi, le quai Gustave-Ador ne revêtira pas son habit bleu et blanc. L’Escale, lieu de détente et d’animations, fait une pause. «Vu l’incertitude qui pesait, la Ville a préféré ne pas engager les coûts notamment de montage et démontage de l’infrastructure», précise Guillaume Barazzone, conseiller administratif à la tête du Département de l’environnement urbain et de la sécurité .
Se pose aussi la question du maintien ou non de Musiques en été. «Pour le moment, nous avons gelé les nouveaux contrats. Les deux tiers de la programmation étaient fixés», indique Sami Kanaan, magistrat chargé du Département de la culture et du sport (DCS). Il est de plus en plus probable que les concerts de juillet seront annulés, peut-être reportés en août. «On imagine mal une foule compacte de 5000 personnes devant la scène Ella Fitzgerald au parc La Grange. Reste à voir si on maintient les soirées à l’Alhambra en réduisant la jauge.» Idem pour le Théâtre de l’Orangerie. «Tout ce qui est assis est potentiellement gérable même si, ce n’est pas anodin en termes de billetterie.»
Version épurée de Cinétransat
Difficile de trouver le juste équilibre entre les pertes liées à une annulation et les coûts (contrats avec les artistes, logistique…) déjà engagés. Pour Cinétransat, le dilemme est un peu moins complexe: «Nous avons la chance d’avoir un événement très modulable», indique Catherine Armand, co-coordinatrice. «En revanche, on ne pourra pas faire de partenariat. On reviendrait à une version épurée, sans soirée à thème. On peut aussi laisser tomber juillet et démarrer seulement en août. Mais, l’essentiel, c’est que les gens s’amusent, pas qu’ils tombent malades!»
Nombreux sont les organisateurs à souligner leur responsabilité sur le plan sanitaire.
L’inquiétude des forains
Si juillet a du plomb dans l’aile, un retour à la normale en août est également peu probable. Quid des festivités du 1er Août? La question reste en suspens. L’incertitude ronge aussi les forains. «Normalement, à partir du 30 juillet et pendant onze jours, les manèges sont sur les quais, indique Chantal Wetzel, présidente de l’Association foraine de la Suisse romande. On espère que, selon l’évolution du virus, les autorités lâcheront du lest.» Elle estime qu’il est tout à fait possible de mettre en place une organisation spécifique et des mesures d’hygiène. «Y compris pour les Promotions puisque les enfants retournent à l’école! Et, s’il n’y a pas de défilé, qu’ils aient au moins les carrousels!»
Et la rentrée de septembre?
Certains acteurs culturels ont déjà le regard tourné vers septembre. Pour les producteurs et directeurs de salles, le casse-tête consiste à trouver de nouvelles dates pour les événements qui n’ont pas pu se tenir depuis mi-mars. «On a une centaine de spectacles en Suisse romande qu’il faut reporter à cet automne», précise Michael Drieberg, directeur de Live Music Production. Dont une quinzaine à l’Arena, tel celui de Patrick Bruel qui aura finalement lieu le 23 septembre.
Claude Proz, directeur du Théâtre du Léman, se bat lui aussi depuis un mois pour réorganiser toute la programmation. «Quarante-sept spectacles sont touchés. A part trois annulations, on a fixé de nouvelles dates pour tous. Parfois une en juin et une à l’automne au cas où.» Marina Rollman est ainsi au programme le 19 juin ou le 22 novembre. Quant à réduire la jauge, Claude Proz s’y refuse. Pour des questions de rentabilité certes mais surtout «par respect pour tous les spectateurs qui ont pris un billet. Ils ont tous le droit d’assister au spectacle!»
Autre point d’interrogation pour la rentrée culturelle: le démarrage de la saison 2020-2021 dans leurs nouveaux locaux pour le Pavillon de la danse et la Nouvelle Comédie. Car ces deux chantiers sont à l’arrêt. «Il est peu probable qu’ils puissent être terminés à temps. D’autant que les équipes doivent ensuite prendre possession des lieux», conclut Sami Kanaan.