«Depuis décembre dernier, ce problème de fiabilité a occasionné la suppression de 80 trains»
Luc Barthassat, chef du Département de l’environnement, des transports et de l’agriculture
Hervé Stüssi est à bout de nerfs. Chaque jour, il emprunte la ligne ferroviaire La Plaine-Cornavin. Ou plutôt empruntait: «La ligne la plus à l’ouest de la Confédération mériterait d’être renommée Far Welsh! Et ça ne me fait plus du tout rigoler. Je viens d’acheter une voiture pour ne plus être dépendant d’un système à bout de souffle, c’est un comble!» Avant de lister les multiples couacs rencontrés par les passagers: «Des retards en série, des trains supprimés, des changements de quai à l’improviste, voici le quotidien misérable des habitants d’une des villes les plus riches du monde. Il faut encore y ajouter des pannes de chauffage, des odeurs de freins et une propreté suspecte.»
Les CFF réagissent
Face au flot de critiques, les CFF, par le biais de leur porte-parole Jean-Philippe Schmidt, tentent de calmer le jeu: «Depuis le changement d’horaire de décembre 2017, la qualité de l’offre n’a en effet pas été satisfaisante. Plusieurs trains ont été supprimés à la suite d’un problème technique sur le matériel roulant. Ce problème a pu être identifié et réparé sur tous les véhicules. La situation normale est rétablie.»
L’optimisme de l’ex-régie fédérale est cependant à nuancer. Surtout quand on prend connaissance de la récente discussion postée sur le groupe Facebook «T’es de Genève si»: «Ma fille de 13 ans a pris le train de Cornavin à La Plaine et s’est retrouvée en France! Elle a paniqué et fondu en larmes. Heureusement que des voyageurs étaient là pour l’aider.» Sans le moindre avertissement, le train ne s’était pas arrêté à la gare de La Plaine. Une situation ubuesque confirmée par Hervé Stüssi: «On arrive parfois en France et il faut passer la douane pour pouvoir rentrer chez soi!»
Au sein de la Direction générale des transports, on assure que cette affaire est prise au sérieux: «Le Département de l’environnement, des transports et de l’agriculture [DETA] vient d’être informé par les CFF des nombreux problèmes de régularité rencontrés sur l’axe Genève-La Plaine. Le magistrat Luc Barthassat a demandé des informations sur tous les manquements constatés.» Nous nous sommes procuré la lettre adressée par le conseiller d’Etat aux CFF. Et Luc Barthassat n’y mâche pas ses mots: «Depuis décembre dernier, ce problème de fiabilité a occasionné la suppression de 80 trains. Mes services n’en ont été informés que fin janvier. C’est inacceptable. A l’heure où nous nous apprêtons à mettre en place le réseau Léman Express, malgré tous les moyens mis en œuvre depuis plus de dix ans sur cette ligne, il est inadmissible qu’elle connaissance encore autant de problèmes.» Le magistrat demande concrètement le retrait des rames vétustes et l’application de mesures visant à améliorer durablement la qualité du service. Sera-t-il entendu?