Maison des associations: un rapport accablant!

  • En cause? Une gestion calamiteuse avec notamment des retards dans le paiement des salaires, de la TVA, des dépenses non enregistrées…
  • Au total, le rapport d’une fiduciaire privée pointe une insuffisance de trésorerie d’au minimum 650’000 francs.
  • Un désastre financier qui suscite de très vives réactions et des changements majeurs. Nos révélations.

  • Les associations de la MIA agissent pour les droits des personnes, des peuples, la défense de l’environnement, la promotion de la paix, le désarmement et le développement durable. C. BONZON

    Les associations de la MIA agissent pour les droits des personnes, des peuples, la défense de l’environnement, la promotion de la paix, le désarmement et le développement durable. C. BONZON

«Notre analyse montre une insuffisance de trésorerie d’au minimum 650’000 francs»

Extrait de l’analyse de la situation financière de la Fondation pour l’expression associative

La Maison internationale des associations (MIA) à Plainpalais est dans la tourmente. Un rapport commandé par le Conseil administratif de la Ville de Genève à une fiduciaire privée, dont «GHI» s’est procuré une copie, accable l’institution de la rue des Savoises. En cause? La gestion calamiteuse de la MIA par la Fondation pour l’expression associative (FEA). Retards dans les paiements des salaires des employés du café-restaurant, arriérés de TVA, dépenses non enregistrées, violation de la loi fiscale sont pointés du doigt. Certains manquements comptables sont si graves qu’ils pourraient même être dénoncés pénalement.

A titre d’exemple, selon le rapport, les honoraires des architectes mandatés pour la rénovation des quatre bâtiments n’ont toujours pas été comptabilisés. Parfois, il arrivait que l’argent soit en partie «donné en liquide» de «main à main», ne laissant aucune trace comptable. Le directeur aurait aussi reçu de la FEA des indemnisations pour des vacances qu’il n’a pas prises. Il aurait également été indemnisé pour des heures supplémentaires qui n’étaient pas justifiées. Bilan, selon le rapport: les comptes affichent «une insuffisance de trésorerie d’au minimum 650’000 francs». Interrogé, le directeur de la MIA se défend: «La MIA a toujours été en difficulté financière depuis le début à cause de dettes dues aux travaux», plaide-t-il. Avant de préciser: «Depuis, nous avons trouvé des donateurs et la situation est rétablie. Je démens une mauvaise gestion. En ce qui concerne les questions personnelles, il s’agit d’une calomnie politique.» Egalement contactée, la FEA répond par le biais de la présidente du Conseil de Fondation. «Ce rapport a en effet déclenché une crise sans précédent au sein de la FEA», reconnaît Monique Prindezis. Avant de rassurer: «Nous avons immédiatement agi pour pérenniser la Fondation. Des changements majeurs vont intervenir au sein de la direction et du Conseil de la Fondation», révèle-t-elle. Plus concrètement? «En novembre prochain, la direction sera radicalement modifiée, de sorte que la gestion de la Fondation va pouvoir repartir sur des bases solides. Le directeur actuel va quitter ses fonctions en prenant sa retraite. Un nouveau Conseil sera nommé, issu de personnalités connues. Leurs noms et fonctions politiques seront communiqués au cours d’une conférence de presse agendée au début du mois de novembre.»

Dettes en partie épongées

En attendant, la gestion calamiteuse a déjà fait réagir les autorités de la Ville de Genève. «Il y avait effectivement une crise», reconnaît le ministre municipal des Constructions Rémy Pagani. «Avec l’aide des rescapés de la MIA qui ont obtenu des aides conséquentes, on a pu trouver un chemin pour éponger les dettes, retrouver confiance et remettre à flot l’institution. Je remercie tout le personnel d’avoir joué le jeu».

Selon le magistrat et la FEA, ce dossier très sensible est donc en bonne voie d’être résolu. Reste à convaincre le Municipal lors de la prochaine séance plénière. Les débats s’annoncent sulfureux car même si les indispensables aides financières de deux très généreux donateurs semblent sécurisées, il reste un solde à trouver de quelques dizaines de milliers de francs.

Plus de mille événements par an à la rue des Savoises

Ici, à la Maison internationale des associations (MIA) de la rue des Savoises, les salles s’appellent Mahatma Gandhi, Chico Mendes ou Rachel Carson. On les loue à des prix défiant toute concurrence, on peut assister à des conférences sur le deuil, les pervers narcissiques, etc. On s’y réunit aussi pour prier avec l’Eglise apostolique du nom de Jésus, pour ne reprendre que quelques exemples datant de dimanche dernier. Plus de mille événements sont organisés chaque année. Depuis son inauguration en 2001, les murs de cette institution «unique en Europe» ont jauni, les moquettes ont passé. Mais tous les bureaux et même les caves sont occupés. Avec environ 800’000 francs de loyer perçus par les différents locataires comme ATTAC Genève ou la Chambre de l’économie sociale et solidaire, il n’est pas possible de rénover et agrandir les lieux, quand bien même la nouvelle loi sur l’énergie oblige les propriétaires à assainir les bâtiments. L’Etat s’est toujours opposé à prendre en charge les travaux, estimant qu’il n’allait tout de même pas payer deux fois… Rappelons que c’est l’Etat de Genève qui met à disposition le bâtiment et ce jusqu’en 2027. La surface actuellement occupée par la Maison des associations offre certes de nombreuses possibilités d’améliorer l’utilisation de son espace. Mais l’an dernier, les Genevois ont refusé à 62,2% le crédit pour la rénovation et l’agrandissement de l’institution.

"un lieu magique mais mal géré"

Réactions politiques Propos recueillis par Valérie Duby

 

 

 

 

 

 

Sophie Courvoisier, conseillère municipale (PLR) «La Maison des associations est un lieu magique bien situé, qui a tout son sens mais qui devrait être géré comme une start up moderne.»

Antoine Maulini, conseiller municipal (Verts) «Si son avenir est menacé, ce serait très dommage pour les différentes communautés et les jeunes. Il faut la conserver en ville.»

 

Alain de Kalbermatten, conseiller municipal (PDC) «La MIA doit absolument assainir ses finances si elle veut continuer à obtenir des subventions.»

 

Jean-Philippe Haas, conseiller municipal (MCG) «Le problème, c’est la mauvaise gestion et le directeur est un élu socialiste. Quel drame avec les subventions de la Ville!»