«Notre analyse montre une insuffisance de trésorerie d’au minimum 650’000 francs»
Extrait de l’analyse de la situation financière de la Fondation pour l’expression associative
La Maison internationale des associations (MIA) à Plainpalais est dans la tourmente. Un rapport commandé par le Conseil administratif de la Ville de Genève à une fiduciaire privée, dont «GHI» s’est procuré une copie, accable l’institution de la rue des Savoises. En cause? La gestion calamiteuse de la MIA par la Fondation pour l’expression associative (FEA). Retards dans les paiements des salaires des employés du café-restaurant, arriérés de TVA, dépenses non enregistrées, violation de la loi fiscale sont pointés du doigt. Certains manquements comptables sont si graves qu’ils pourraient même être dénoncés pénalement.
A titre d’exemple, selon le rapport, les honoraires des architectes mandatés pour la rénovation des quatre bâtiments n’ont toujours pas été comptabilisés. Parfois, il arrivait que l’argent soit en partie «donné en liquide» de «main à main», ne laissant aucune trace comptable. Le directeur aurait aussi reçu de la FEA des indemnisations pour des vacances qu’il n’a pas prises. Il aurait également été indemnisé pour des heures supplémentaires qui n’étaient pas justifiées. Bilan, selon le rapport: les comptes affichent «une insuffisance de trésorerie d’au minimum 650’000 francs». Interrogé, le directeur de la MIA se défend: «La MIA a toujours été en difficulté financière depuis le début à cause de dettes dues aux travaux», plaide-t-il. Avant de préciser: «Depuis, nous avons trouvé des donateurs et la situation est rétablie. Je démens une mauvaise gestion. En ce qui concerne les questions personnelles, il s’agit d’une calomnie politique.» Egalement contactée, la FEA répond par le biais de la présidente du Conseil de Fondation. «Ce rapport a en effet déclenché une crise sans précédent au sein de la FEA», reconnaît Monique Prindezis. Avant de rassurer: «Nous avons immédiatement agi pour pérenniser la Fondation. Des changements majeurs vont intervenir au sein de la direction et du Conseil de la Fondation», révèle-t-elle. Plus concrètement? «En novembre prochain, la direction sera radicalement modifiée, de sorte que la gestion de la Fondation va pouvoir repartir sur des bases solides. Le directeur actuel va quitter ses fonctions en prenant sa retraite. Un nouveau Conseil sera nommé, issu de personnalités connues. Leurs noms et fonctions politiques seront communiqués au cours d’une conférence de presse agendée au début du mois de novembre.»
Dettes en partie épongées
En attendant, la gestion calamiteuse a déjà fait réagir les autorités de la Ville de Genève. «Il y avait effectivement une crise», reconnaît le ministre municipal des Constructions Rémy Pagani. «Avec l’aide des rescapés de la MIA qui ont obtenu des aides conséquentes, on a pu trouver un chemin pour éponger les dettes, retrouver confiance et remettre à flot l’institution. Je remercie tout le personnel d’avoir joué le jeu».
Selon le magistrat et la FEA, ce dossier très sensible est donc en bonne voie d’être résolu. Reste à convaincre le Municipal lors de la prochaine séance plénière. Les débats s’annoncent sulfureux car même si les indispensables aides financières de deux très généreux donateurs semblent sécurisées, il reste un solde à trouver de quelques dizaines de milliers de francs.