«Je m’entraîne à renforcer mes bras pour pouvoir compenser au mieux mon handicap»
Marc Ristori, ex-champion de motocross
Le motocycliste Marc Ristori, devenu paraplégique à la suite d’un terrible accident au Supercross international de Genève en novembre 2007, se lance un défi titanesque. Accrochez-vous bien. En France, sous la bannière de No Difference, l’association genevoise pour personnes en situation de handicap, cofondée par Cynthia Odier et Claudio Alessi, il va disputer, en chaise roulante, une épreuve à obstacles des terribles Spartan Race, le 7 juillet prochain. Et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit de la Spartan Beast.
Rencontre décisive
Oui, vous avez bien lu. On parle d’un parcours dantesque de 26 km, truffé d’obstacles, qui a pour apothéose la Pointe de Nyon, une montée d’une dénivellation impressionnante au-dessus de la station de Morzine, en Haute-Savoie. Pour atteindre ce sommet et s’en sortir par le haut, les seules qualités de compétiteur ne suffiront pas. Marc Ristori devra aller bien au-delà de ses limites et compter aussi sur d’indéfectibles et solides coéquipiers. Bref, une organisation et des binômes à toute épreuve dont le but sera de réaliser une «première» historique dans sa catégorie.
De quoi motiver comme jamais le Genevois qui ne craint ni le risque ni la difficulté. Après un entraînement éreintant, il nous révèle la genèse particulière de cette folle aventure: «Un jour de novembre dernier, lors du Salon de l’art du mouvement aux Automnales à Palexpo, Claudio Alessi, m’a abordé. A vrai dire, il m’a carrément propulsé sans tambour ni trompette dans le monde des Spartan Race. Je n’avais pas la moindre idée de ce que représentait ce type de compétition. Mais dans son style inimitable, il a su fouetter mon orgueil. A l’origine, il s’agissait d’une course de 7 kilomètres. Qui s’est rapidement transformée en un véritable marathon. Comme je veux démontrer que j’ai du répondant, je me suis dit que la distance n’avait finalement pas d’importance», confie l’ancien champion.
Préparation au top
En février 2018, Marc Ristori commence sa préparation, harassante. «D’abord en solo, en poussant mon travail de maintien, et deux fois par semaine en compagnie d’Alexander Niemann et de Sammy Rolland, responsables de mon entraînement spécifique. Objectif principal? Renforcer mes bras pour pouvoir compenser au mieux mon handicap.»
«Fin prêt le jour J»
Une grande complicité s’installe très vite entre les trois hommes: «En cours de préparation, comme lors de la compétition, la confiance joue un rôle déterminant. Nous avons beaucoup travaillé au feeling pour trouver les bons gestes, assortis de grosses charges de travail. Avec pour but essentiel d’être au maximum efficace. Tout en évitant une surcharge, phénomène que je ressens immédia-tement, ce qui m’empêche de subir une atteinte musculaire. Je serai fin prêt le jour J, mais je pars dans l’inconnu, espérant éviter une blessure indolore que je redoute tout comme le froid», conclut Marc Ristori.
Il est aussi important de relever que, symboliquement, le Genevois a refusé toute innovation technologique. Il a insisté pour faire corps avec sa chaise roulante. Pas de matériel révolutionnaire donc, juste des roues adaptées au terrain.
«Pour lui, il s’agit d’une véritable renaissance. Une manière d’accepter son handicap, de transcender son corps et de se donner les moyens de réaliser un véritable exploit», analyse son coach Claudio Alessi. Qui précise: «La tentative est d’ailleurs considérée si exceptionnelle que tous les dirigeants de la Spartan Race seront présents sur le parcours pour suivre Marc. Une première!»