Mesures sanitaires: ces patrons qui disent stop

  • Les critiques à l’encontre des mesures sanitaires liées au Covid-19 se multiplient ces dernières semaines.
  • Celles-ci ne proviennent pas de quelques illuminés isolés, mais d’entrepreneurs reconnus qui dénoncent un climat anxiogène et un aveuglement des politiques qui ruine l’économie.
  • Le conseiller d’Etat Mauro Poggia rejette ces critiques qui dénotent une vision à court terme de certains.

  • Les mesures sanitaires ne font pas l’unanimité. 123RF

  • Les mesures sanitaires ne font pas l’unanimité. Selon Antoine Hubert (en médaillon), «les masques sont mal utilisés par 90% de la population». DR

    Selon Antoine Hubert, «les masques sont mal utilisés par 90% de la population». DR

«Que fera-t-on si on vainc le Covid-19 au prix de la ruine de notre économie, de notre culture?»

Thierry Barbier-Mueller, administrateur de la Société Privée de Gérance

«Toutes ces mesures désordonnées et excessives n’ont aucun sens. Le prix que va payer la société pour cette gestion catastrophique va être colossal», assène Antoine Hubert. L’administrateur délégué de Swiss Medical Network, l’un des deux principaux groupes suisses de cliniques privées, sort en effet le bazooka quand il s’agit de flinguer les récentes décisions destinées à faire face à la pandémie de Covid-19.

Il poursuit: «Aucune de ces mesures, à part l’appel à la vigilance individuelle et le renforcement de l’hygiène, n’est réellement efficace car impossible à appliquer. Les masques par exemple, dont l’utilité pour les professionnels en milieu médical est indéniable, sont mal utilisés par 90% de la population et ne contribuent qu’à l’aggravation de la crise économique et sanitaire. On n’a pas utilisé de masque durant la phase aiguë de l’épidémie au printemps et l’ensemble du dispositif a bien fonctionné.»

Objectif flou

Un avis que partage Pierre Brunschwig, associé du groupe Bongénie Grieder: «Il y a deux problèmes. D’abord, le manque de cohérence de toutes les mesures prises (pas masque puis masque, quarantaine pour certains pas pour d’autres, ouverture puis fermeture des bars et des discos, le nombre maximum de personnes regroupées limité à 100 ou 1000, etc.). Ensuite, on ne nous dit pas clairement quel est l’objectif actuel poursuivi par ces mesures. Au début on le comprenait, il s’agissait d’éviter le débordement des structures de soin, mais aujourd’hui il y a presque un consensus pour dire que cela n’arrivera pas. Alors quel est réellement le but de ces mesures? En tant que responsable économique, il me semble que la surréaction des exécutifs est évidente.»

Climat anxiogène

De son côté, Thierry Barbier-Mueller dirige l’une des plus grandes régies immobilières de Genève, la Société Privée de Gérance. Lui aussi estime qu’il est temps de retrouver la raison: «Le Covid-19 semble monopoliser toute l’attention de certains décideurs politiques et autorités administratives. Or il est aussi d’intérêt public que les entreprises se développent et maintiennent les emplois. Il est aussi d’intérêt public que l’offre culturelle soit maintenue. Il est aussi d’intérêt public que l’instruction et la formation des enfants et des jeunes se poursuive. Que fera-t-on si on vainc le Covid-19 au prix de la ruine de notre économie, de notre culture, de la formation de nos enfants auxquels nous allons de surcroit laisser une montagne de dettes? La peur nuit à la réflexion et à l’efficacité.»

Et Antoine Hubert d’ajouter: «Depuis le début, toute personne ayant un avis différent que ce mainstream se voit qualifiée de «corona-sceptique, complotiste, etc.» dans un seul but de décrédibilisation. Nous ne sommes pas des idiots ou des irresponsables, nous soignons des gens, gérons des entreprises, créons ou préservons des emplois et soutenons l’économie. Notre avis doit compter!»

«Mesures nécessaires et efficaces»

Les critiques des grands entrepreneurs de la place ne semblent pas interpeller Mauro Poggia, conseiller d’Etat chargé du Département de la sécurité, de l’emploi et de la santé (DSES). Il justifie sans sourciller les mesures sanitaires actuelles: «Si je réponds que nous essayons d’éviter ce que connaît l’Espagne et, dans une moindre mesure la France, pour rester près de chez nous, et sans citer le cas extrême d’Israël, serais-je assez compréhensible? Le fait que le nombre des hospitalisations et des décès soit heureusement bas devrait-il justifier l’abandon des mesures, objectivement modérées qui sont en place actuellement et dont l’efficacité a été dans une large mesure démontrée? Songerait-on à abandonner les limitations de vitesse sur les routes au motif que ces mesures ont réussi à réduire le nombre de décès? Ce discours court-termiste qui connaît actuellement un certain succès est inquiétant.»