Métropole: tensions entre direction et personnel

  • Quatre anciens employés dénoncent la gestion du palace appartenant à la Ville de Genève.
  • Ils dénoncent des actes injustes, une ambiance délétère et un management absent.
  • Directement visée, la directrice nie en bloc ces reproches alors que la Ville calme les esprits.

  • La Ville de Genève est propriétaire de l’établissement. WIKIMéDIA/ROMANO1246

    La Ville de Genève est propriétaire de l’établissement. WIKIMÉDIA/ROMANO1246

«Au sein de l’hôtel, l’ambiance est délétère et les employés craignent pour leur job»

Alice*, ex-directrice ventes et marketing de l’hôtel Métropole

«C’est terrible, mais je n’arrive toujours pas à comprendre ce que la directrice Hélène Lang-Lauper me reprochait, se demande encore Alice*, l’ancienne directrice ventes et marketing de l’hôtel Métropole. Nous ne nous sommes côtoyées que seize jours car j’étais souvent en déplacement, mais ce fut un véritable enfer. Dès le premier jour de son entrée en fonction en juin dernier, elle m’a fait remarquer que mon look ne lui convenait pas. Puis, petit à petit, mes responsabilités m’ont été retirées.»

A la mi-juillet 2019, le couperet tombe, la responsable est convoquée et reçoit... «une lettre de démission». Qu’elle refuse de signer. Le licenciement suit pour résultats insatisfaisants. «C’est ridicule puisque l’ancien directeur m’avait justement proposé une augmentation pour mes bonnes performances. A fin juin, le résultat net affichait une hausse de 220% par rapport à la même période en 2018. La directrice a simplement voulu se débarrasser de moi.»

DRH alertée

Très remontée, Alice a depuis ouvert une procédure au Tribunal des prud’hommes. «J’ai été humiliée et injustement traitée. Au sein de l’hôtel, l’ambiance est délétère et des employés craignent pour leur job.»

Egalement rattachée au département ventes et marketing, Stéphanie* confirme: «J’ai été très affectée par la dégradation de la santé mentale de ma collègue. Je la voyais dépérir jour après jour. Avec d’autres collègues, nous avons alerté la directrice des ressources humaines. En vain puisque rien n’a été fait. A mon retour de vacances, en juillet dernier, on avait déplacé mon poste de travail dans un coin de la pièce. J’ai vite compris que j’étais devenue persona non grata.» Une situation qui la pousse à consulter un médecin. Ce dernier mentionne dans son certificat médical que l’employée «présente les symptômes d’un mobbing qui affecte sa santé et son bien-être». «J’ai été obligée par mon médecin de me mettre en arrêt maladie durant deux semaines, puis à nouveau trois semaines, comme d’autres collègues également à bout.»

Aucune médiation possible

Alertée par des employés de l’hôtel, la Maison genevoise des médiations intervient à la fin de l’année dernière. Elle conclut dans son rapport que «les plaintes pour harcèlement, ainsi que le stipule le cadre légal de la protection de l’intégrité personnelle des employés, ne peuvent en aucun cas être traitées en médiation».

Stéphanie n’en démord pas. Elle contacte, avec d’autres collègues, l’Office cantonal de l’inspection et des relations du travail (OCIRT) afin qu’une enquête externe soit menée. Mais la déception ne tarde pas: «Cette enquête a été diligentée par IHA, l’exploitant du Métropole, et la directrice fait également partie de la direction d’IHA, donc je doute fortement de la neutralité de cette démarche. D’autant que nous n’avons pas pu avoir accès aux conclusions. Prétendument pour des questions de protection des données personnelles. C’est vraiment grotesque.»

La directrice Hélène Lang-Lauper rejette en bloc ces accusations: «Une enquête externe, impartiale et indépendante a été menée. Cette dernière n’a pas validé les reproches faits par ces ex-employées. Il faut aujourd’hui aller de l’avant.» Avant de rassurer: «Il y a un climat sain à l’hôtel Métropole, les équipes sont fières et impliquées. Sans la solidarité et l’engagement de ces équipes, nous ne pourrions accomplir ce que nous faisons en ce moment.»

Enquête

Propriétaire de l’établissement, la Ville de Genève, par la voix de Nathalie Bohler, directrice du Département des finances et du logement, entend également apaiser les esprits: «Un certain nombre d’employées ont saisi le Tribunal des prud’hommes en lien avec les actes de mobbing et le licenciement abusif dont elles s’estiment victimes. Ainsi, une instance judiciaire est saisie de ces cas, et va enquêter. La Ville de Genève a confié la gestion de l’hôtel à IHA, ce qui comprend la gestion RH et n’entend pas intervenir directement.»

Des réponses qui ne satisfont pas Stéphanie: «Je vais également engager une procédure au Tribunal des prud’hommes ces prochains jours, la gestion de cet hôtel n’est pas à la hauteur de sa réputation.»

* noms connus de la rédaction