Nos poubelles gavent rats et corneilles

- De nombreux citoyens se plaignent d’une invasion de gros rats près de leur domicile.
- Le Service cantonal de la faune estime que les poubelles se transforment en garde-manger.
- La Voirie a décidé de mieux s’équiper contre les pillages d’animaux.

  • Les rats et les corneilles empoisonnent le quotidien des Genevois. Le Service cantonal de la faune estime que les poubelles se transforment en garde-manger. La Voirie les blinde.

    Les rats et les corneilles empoisonnent le quotidien des Genevois. Le Service cantonal de la faune estime que les poubelles se transforment en garde-manger. La Voirie les blinde.

  • Ici, aux Acacias, les corneilles profitent des poubelles  pour se nourrir et les rats finissent  les restes des sacs éventrés. AMM

    Ici, aux Acacias, les corneilles profitent des poubelles pour se nourrir et les rats finissent les restes des sacs éventrés. AMM

«Les corneilles bouffaient les entrailles d’un énorme rat éventré au sol!»

Bernard, un travailleur de Plainpalais

«Il y avait un énorme rat mort, éventré sur le trottoir et des corneilles, au-dessus, qui bouffaient ses entrailles! Quelle horreur, j’ai failli vomir!» Cette scène dégoûtante a choqué Bernard, la soixantaine, qui se rendait à son travail, fin octobre, près du passage du rond-point de Plainpalais.

Armée de rats, nuée de corneilles

Du côté de Saint-Jean, Monique a failli avoir une attaque fin septembre: « Je me détendais sur un banc en pleine journée près des voies ferrées, côté avenue d’Aïre. Soudain j’ai vu une armée de rats, une bonne vingtaine, qui s’est approchée de moi. J’ai juste eu le temps de me mettre debout sur le banc, comme dans un film d’horreur!»

Ginette, pour sa part, croit être dans un film d’Hitchcock lorsqu’elle voit, tous les lundis matin dans le quartier des Acacias, des containers débordants de sacs poubelle percés: «De nombreuses corneilles s’accrochent au couvercle, crèvent les sacs en plastique et dispersent à tous vents les déchets de nourriture. C’est impressionnant!»

Ailleurs aussi

Mais ces scènes ne se cantonnent pas seulement à la Ville de Genève. A Chêne-Bougeries par exemple, une propriétaire d’immeuble a choisi de se barricader chez elle depuis un mois: un rat gros comme un lapin squatte sa cour intérieure! «J’ai un enfant et un chien et j’ai très peur de sortir de chez moi. Ce rat est dodu et ses dents acérées. Ça me traumatise. J’ai appelé plusieurs fois des dératiseurs, mais ils n’ont jamais réussi à l’attraper.»

Invasion?

Y aurait-il une invasion de rats et de corneilles en Ville de Genève? «Pas plus qu’à l’accoutumée, rassure Gottlieb Dandliker, inspecteur cantonal de la faune. Les rats ont toujours été nombreux dans les égoûts, ce qu’il faut éviter c’est de les attirer en surface.»

Trop jolies nos poubelles…

Alors pourquoi les rats sortent-ils soudainement de terre? «Mais parce qu’ils trouvent de la nourriture, que des gens bien-pensants déposent pour les pigeons, ou à cause des poubelles non hermétiques! s’exclame Gottlieb Dandliker. Et là ce sont les corneilles qui commencent le travail… Explication. «Certaines poubelles, comme celles du centre-ville avec des sacs en plastique jaune, permettent aux corneilles de percer les sacs. Les volatiles arrivent parfois à soulever les couvercles de certains containers trop légers et viennent piocher de la nourriture. Les rats profitent ensuite des restes qui traînent au sol.»

Poubelles intégrales

Confronté à cette problématique, le Service de la faune a collaboré avec la Voirie de la Ville de Genève.

De son côté, au Département de l’environnement urbain et de la sécurité (DEUS) on explique qu’en automne et en hiver, les poubelles avec des restes de nourriture attisent la convoitise des animaux: «Mais le phénomène reste marginal et limité généralement à quelques lieux de pique-nique, principalement dans les parcs,» relève Cédric Waelti, porte-parole du DEUS. Et d’annoncer que la Voirie privilégie de toute manière aujourd’hui l’installation de poubelles intégrales, sans sacs visibles, partout où cela est nécessaire. «Il s’agit de poubelles de type Arkea, qui recouvrent complètement le sac en plastique jaune. Les premières poubelles de ce type ont été posées autour de la Rade. Elles sont plus esthétiques d’une part, et d’autre part elles sont aussi moins vulnérables aux dégradations et aux attaques d’animaux. Elles vont essaimer aussi dans les quartiers et sur les sites les plus touristiques, en fonction des moyens à disposition.» Il relève encore que les remplacements sont pris sur le budget de fonctionnement de la Voirie.

Pics estivaux

Les rats préfèrent  vivre cachés, loin des prédateurs et sortent juste de leur trou, attirés par l’odeur de nourriture à la surface. L’été, les rats sont surtout visibles près du lac, du Rhône ou de l’Arve, là où justement la nourriture prolifère. «Durant les Fêtes de Genève, il y a des pics, mais aussi en été à cause de pique-niqueurs. Et avec tous les déchets alimentaires que les gens laissent sur la voie publique, les rats ont de quoi se régaler. Ces mammifères peuvent squatter un lieu tant qu’il y a abondance de nourriture. 

 «Il faut les empêcher d’accéder aux détritus en barricadant les poubelles et en sensibilisant les gens à ne plus jeter n’importe où des déchets de nourriture», rappelle Gottlieb Dandliker, inspecteur cantonal de la faune.