Patrouilleuses pour tous? Genève n’en veut pas

  • Les agents, en Ville de Genève, ont pour mission d’aider les enfants à traverser la route et d’assurer leur sécurité aux abords des écoles.
  • Un habitant du Grand-Saconnex propose qu’ils se chargent aussi des autres piétons.
  • Refus du gouvernement. Explications.

  • Les patrouilleuses et patrouilleurs sont là pour les enfants, mais ont tout à fait le droit d’aider un adulte à traverser la route s’ils le souhaitent.

    Les patrouilleuses et patrouilleurs sont là pour les enfants, mais ont tout à fait le droit d’aider un adulte à traverser la route s’ils le souhaitent. STÉPHANE CHOLLET

«De nombreuses personnes refusent une aide»

Christina Kitsos, conseillère administrative en charge de la Cohésion sociale

«Je pensais que la crise du Covid allait faire évoluer les choses. Visiblement, ce n’est pas le cas.» Guy Girod, habitant du Grand-Saconnex, est furieux. En cause: la mission des patrouilleuses scolaires en Ville de Genève. Selon le règlement, «ces employées qui dépendent de l’Etat ne doivent assurer au quotidien que la sécurité des enfants aux abords des écoles en les aidant à traverser la route. Mais pourquoi ne le feraient-elles pas pour tous les piétons? a-t-il demandé au Conseil d’Etat dans une lettre datée du 13 janvier 2021. Ne serait-ce pas plus cohérent en termes de sécurité?» La réponse est tombée en date du 3 mars. «Une modification de ce règlement n’est pour l’heure pas à l’ordre du jour», souligne la présidence du Conseil d’Etat. Un refus qui n’est pas du goût de Guy Girod. «Deux mois pour me répondre ça!» s’étrangle-t-il. Avant de préciser que s’occuper de tous les piétons se pratique déjà «dans d’autres cantons et dans les pays qui nous entourent».

Sans frais supplémentaires

«Cela se fait également à Genève, nuance de son côté Laurent Paoliello, porte-parole du Département de la sécurité, de l’emploi et de la santé (DSES). Nous n’avons aucune raison de modifier le statut des patrouilleurs et patrouilleuses parce que même si ça n’est pas stipulé dans le règlement, ils ont tout à fait le droit d’aider un adulte à traverser la route s’ils le souhaitent. Et jusqu’ici, nous n’avons jamais reçu de plainte venant d’une personne qui se serait vu refuser de l’aide.»

Selon Guy Girod, la plupart des patrouilleuses avec qui il s’est entretenu lui ont confié qu’elles souhaiteraient être à la disposition de toutes et tous mais que le Service des écoles n’est pas prêt à remettre en cause ce mode de faire. Celles que nous avons contactées en Ville de Genève ont, quant à elles, préféré nous rediriger vers leur hiérarchie.

«La qualité des interventions de la patrouille scolaire est largement reconnue, clarifie d’emblée Christina Kitsos, conseillère administrative en charge de la Cohésion sociale. Ces personnes sont souvent des références pour les enfants du quartier qu’elles sécurisent et il va de soi qu’elles proposent systématiquement leur aide pour faire traverser toutes les personnes qui en ont besoin.»

Pas forcément souhaité

Mais alors pourquoi ne pas élargir leur mission? «Formellement ce développement serait possible. Cependant, compte tenu des retours du terrain qui soulignent que de nombreuses personnes refusent une aide, je ne suis pas certaine que cet élargissement de la mission soit souhaité par une majorité», plaide-t-elle.

Pas certain du tout que cela suffise à Guy Girod…

«On privilégie le bon sens»

Chez nos voisins, en ville de Lausanne, «on privilégie le bon sens du patrouilleur et sa libre appréciation», nous a répondu une porte-parole de la police municipale. Avant de préciser: «Les patrouilleurs n’ont pas l’obligation de faire traverser les piétons adultes mais peuvent le faire s’ils le souhaitent. C’est ce qui s’applique communément». Du côté de Neuchâtel, le règlement sur les patrouilleurs scolaires indique qu’«ils doivent également faire traverser les autres piétons, conformément à (l’article 67 alinéa 1 de) l’ordonnance sur la signalisation routière (OSR)».