Pierre Maudet dépose plainte pour diffamation

Ce sera donc la guerre! Le conseiller d’Etat poursuit l’autrice du rapport de diagnostic dont les conclusions lui ont coûté, provisoirement, son dicastère du Développement économique (DDE). Des hauts fonctionnaires sont aussi visés. Explications.

  • Pierre Maudet: «Je n’ai jamais commis de mobbing ni reçu aucune plainte en treize ans de magistrature.» GIM

GHI: Pour quels motifs avez-vous déposé plainte?
Pierre Maudet:
J’ai décidé de ne pas laisser passer des allégations graves contenues dans le premier rapport de diagnostic RH du 12 novembre sur mon département dont certaines relèvent de la diffamation, voire de l’insulte. Sur les conseils de mes avocats, j’ai porté plainte pénale contre l’autrice de l’audit et contre X, lundi 14 décembre.

– Que demandez-vous à la Justice?
– Que les auteurs de diffamation assument. Ce rapport est une accumulation de citations anonymes qui ne sont basées sur aucun élément factuel. On ne sait pas quelles questions la consultante a posées, comment elle a orienté ses entretiens, etc. En gros, on dénonce sans apporter aucune preuve tangible. Ces méthodes bafouent des règles élémentaires du droit.

– Lesquelles?
– Le droit d’être entendu, la proportionnalité, la transparence. Dans mon cas, je n’ai tout simplement pas pu répondre à des accusations sur des faits avérés et documentés parce qu’il n’y avait aucun procès-verbal, ce qui est contraire à toutes les règles de l’audit.

– Ce n’est pas tout à fait l’avis des juges de la Chambre administrative qui ont refusé de restituer l’effet suspensif à votre recours contre votre éloignement provisoire…
– La Chambre n’a pas statué sur le fond. Cela signifie qu’elle n’a pas donné un jugement définitif.

– Allez-vous également contester le mandat confié par le Conseil d’Etat à l’ancien juge fédéral Jean Fonjallaz?
– Non. Je relève simplement qu’en commandant un deuxième audit et en précisant que cette fois-ci l’enquête sera menée en conformité avec la Loi sur l’information et l’accès aux documents (Lipad), mes collègues du Conseil d’Etat reconnaissent implicitement que le premier rapport était bâclé et hors des clous. D’ailleurs, si la commission de contrôle de gestion du Grand Conseil, qui est une commission de surveillance des autorités, demande des explications, ce n’est pas sans raison.

– Revenons au fond de l’affaire. Le rapport pointerait notamment l’énorme souffrance, voire la détresse, de certains collaborateurs du DDE?
– Une personne aurait exprimé le souhait d’attenter à ses jours et aux miens. Etonnamment, le seul haut cadre qui était sous certificat médical est revenu miraculeusement deux jours après ma mise à l’écart. Par ailleurs, si mes six collègues étaient tellement soucieux de la santé des collaborateurs, pourquoi ne font-ils rien dans les autres départements quand il y a des cas de souffrance avérés et un taux élevé d’absentéisme? Je ne nie pas que je suis exigeant, que je ne sais pas toujours dire merci, mais je n’ai jamais commis de mobbing ni reçu aucune plainte en treize ans de magistrature.

– En attendant les conclusions du nouveau rapport d’audit et les décisions de justice qu’allez-vous faire ces prochains mois?
– Je vais continuer à défendre l’économie et l’emploi. Mes propositions ont déjà abouti à un accord inédit pour la prise en charge des baux commerciaux grâce aux milieux immobiliers et l’Asloca, au paiement des RHT pour les cadres avec fonction dirigeante, parmi lesquels beaucoup de petits patrons qui avaient été oubliés pendant la première vague. Sans oublier les intermittents et les travailleurs précaires. Dans une période de crise aussi profonde, venir en aide à la population devrait être la seule préoccupation des élus.

– Ça sonne comme le discours d’un candidat en campagne pour l’élection complémentaire au Conseil d’Etat…
– (sourire) Ce qui va évidemment compliquer ma campagne pour le premier tour de l’élection du 7 mars 2021, c’est qu’au mois de février, il y aura le procès pour mon voyage à Abu Dhabi. J’y ferai face et on verra. Au final, je ne sais pas quel sera mon avenir politique, mais quel que soit le résultat des élections, ce sont les Genevois(e)s qui décideront.